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Le match of the day
Good bye Lénine ? Oui, un peu... Aujourd'hui, match de prestige célébrant les vingt ans de la réunification de l'Allemagne. Deux sélections composées d'anciens internationaux des deux ex-pays ennemis, RFA et RDA joueront ce soir à Leipzig. Nostalgie, östalgie ?...
C’est parti ! Anecdote ! En 1978, dans une banlieue pourrie d’Angleterre, un jeune bassiste décide de quitter un petit groupe de ska certainement promis à la lose. Erreur ! Ce groupe bientôt baptisé Madness va cartonner l’année suivante avec d’autres groupes de ska comme les immenses Specials ou The Selecter, The Beat (qui deviendra par la suite The English Beat), etc. Mais le petit bassiste avait une bonne excuse : les musiciens de Madness bossaient comme des malades, répétaient tout le temps. « Répéter avec ces gars-là, c’était pire que s’entraîner dans un club de RDA… » Ah ! Le foot est-allemand !… Pas génial, pas extra, mais le monde entier s’extasiait sur ces joueurs “programmés” pour jouer deux heures en restant au taquet… Le dopage d’Etat ? Peut-être, sans doute. Mais il faut bien dire que les gars bossaient dur aussi et que beaucoup d’entre eux avaient du ballon. La preuve ? Tous les internationaux est-allemands qui rejoignirent la Mannschaft après la réunification de l’Allemagne en 1990 : Thomas Doll, Ulf Kisrsten, Olaf Marschall, Heiko Scholz, Dirk Schuster, l’inoubliable Andreas Thom et l’immense Mathias Sammer ! A propos de réunification, il faut rectifier une légende, du moins une erreur factuelle : la Mannschaft qui a gagné le Mondial italien à Rome, le 8 juillet 1990, en battant l’Argentine de Diego (1-0), c’était la RFA (coachée par Kaiser Franz), et non pas l’Allemagne. La réunification officielle interviendra après, le 3 octobre 1990. Donc la RDA n’a pas été associée à la victoire. Même si, de fait, les Ossies ont évidemment célébré ce titre mondial. Le premier titre marquant de la Mannschaft réunifiée interviendra à l’Euro anglais de 1996 : l’Allemagne était redevenue championne continentale grâce à un Össie, l’immense (on le répète) Mathias Sammer…
Retour à 1990 ! C’est donc après cette Coupe du Monde 90 remportée par la RFA, que le 12 septembre, à Bruxelles, la RDA jouera son dernier match officiel. Une victoire contre la Belgique 2-0, avant de tirer le rideau définitif sur le 11 de l’Est et son maillot devenu mythique, frappé des trois lettre dures : DDR… Les deux autres dates bien connues de la sélection de RDA, l’Allemagne “communiste” (ou socialiste ? On ne savait jamais trop…), furent bien sûr, d’abord, la victoire contre la sœur ennemie, la RFA, en 1974. C’était le 22 juin, à Hambourg la maudite… Dernier match du premier tour de la Coupe du Monde en RFA. RFA contre RDA, l’Est contre l’Ouest, le Capitalisme contre le Communisme (ou bien le Socialisme ? On ne savait jamais trop…), bref : la Guerrrrre Frrroide ! A la surprise générale? la Mannschaft de Beckenbauer se fait tauler 1-0 à dom sur un but magnifique en contre inscrit par l’historique Jürgen Sparwasser (77ème) ! Pour un temps, le Communisme fait la brillante démonstration qu’il est bien supérieur au Capitalisme. Pour un temps seulement… Car c’est bien la RFA qui sera championne du monde quinze jours plus tard, en battant la Hollande orangée (2-1). En fait, cette défaite contre la RDA se révélera salutaire pour la RFA. Après la déconvenue de Hambourg-la-maudite (à l’Euro 88, la Hollande y battra la RFA 2-1 en demies : en plus d’être “rouge”, de gauche, donc mal vue, cette vile porte poisse à la Mannschaft, les Allemands n’aiment pas, beurk !), la sélection de RFA repartira du bon pied : Beckenbauer prendra les commandes de l’équipe à la place du coach dépassé, le pourtant grand et respecté Helmut Schön. Kaiser Franz imposera notamment l’immense Overath plutôt que le non moins immense Günther Netzer. Surtout, à cause de (ou plutôt grâce à) la défaite contre la RDA, la RFA se retrouvait reversée dans le Groupe B de la compète. Et alors ? Et alors la RFA avait échappé au Groupe A, avec le Brésil et surtout l’inarrêtable Hollande de Cruyff… Merci la RDA ? Peut-être, sans doute… Attention ! Personne n’a jamais dit que le RFA-RDA de Hambourg avait été “arrangé” : la RFA voulait VRAIMENT gagner ce match symbolique ! La presse ouest-allemande s’est déchaînée après cet échec honteux ! D’où le malaise d’Helmut Schön, tombé dans une semi-dépression après coup…
Voilà. Ce RFA-RDA fut aussi la seule fois où les deux sœurs ennemies se rencontrèrent en foot de sélection. Les clubs des deux pays s’affrontèrent, évidemment, lors des coupes d’Europe. Globalement, les Wessies l’emporteront plus souvent dans des matchs d’une rare intensité politique. Anecdote ! Pour son premier titre de champion d’Europe en C1, en 1974, le Bayern s’était imposé de justesse 7-6 (score cumulé) contre le Dynamo Dresde au 2ème tour de la Coupe des clubs champions 74. Après une victoire 4-3 à domicile, le Bayern était mené 3-2 à Dresde… Élimination prématurée en vue ? Non ! But de Gerd Müller qui délivrait le Bayern (3-3) ! Notons que Magdebourg sera l’unique club d’Allemagne de l’Est à remporter une coupe d’Europe, la C2, ex-Coupes des Vainqueurs de coupes… en 1974 ! Contre le Milan AC (2-0)… Enfin, pour clore avec le chapitre glorieux de l’ex-RDA, il faut mentionner le titre international unique gagné encore dans les seventies : la médaille d’or aux JO 1976 de Montréal. Le 31 juillet 76, elle battait la Pologne 3-1 au stade Olympique de Montréal. Longtemps, les tournois olympiques étaient hyper énervants parce que les nations de l’Est envoyaient carrément leurs équipes A, alors que les nation civilisées du Monde Libre Occidental dépêchaient leurs équipes Espoirs. Ben, oui ! Tant que les JO étaient réservés aux sportifs amateurs, les sportifs de l’Est considérés comme non-professionnels (mon œil ! Ils s’entraînaient comme des pros !) se goinfraient aux tournois de foot (RDA, URSS, Pologne et Hongrie, les salauds de rouges !). Quand les pros furent admis aux JO, la donne changea…
Voilà. Aujourd’hui “le foot est-allemand” se porte très mal : aucun club d’ex-RDA ne figure en Bundesliga. Et on ne parle même pas de la réputation épouvantable du public de pas mal de clubs de l’Est aux comportements raciste et xénophobe… Reste quand même un beau symbole de l’ex-RDA, Michael Ballack, né Est-allemand, on l’oublie souvent, à Görlitz (Saxe). Ses premières années de petit footeux se firent au club est-allemand de Chemnitzer : balaise et endurant, Michael ! Les gars de la formation Chemnitzer ont fait du bon boulot ! Autre grand joueur de la Mannschaft, “né et grandi” en RDA : l’immense Bernd Schneider (taulier du Leverkusen, né à Iéna). RDA en force ! Angela Merkel et Tokio Hotel ! Bien que native de Hambourg, Angela Merkel a grandi à l’Est, a fréquenté les JC puis a filé des boutons à la Stasi. Les p’tits cons du Tokio Hotel, Tom-Bill-Gustav-Georg, sont nés à Magdebourg juste avant la chute du Mur (novembre 1989)… Trêve de joke ! C’est aujourd’hui, à Leipzig. Matthias Sammer, actuel directeur sportif de la fédé allemande, et Andreas Thom (qui étaient les premiers Össies sélectionnés en Mannschaft) seront donc présents aux côtés d’autres Est-Allemands comme Perry Bräutigam, Thomas Doll et Uwe Rösler. Sammer, toujours handicapé des genoux, ne jouera pas…Côté RFA : Lothar Matthäus, Andreas Brehme et Jürgen Klinsmann figureront dans la sélection de RFA. Victoire de la RDA, 1-0 ?
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