- Ligue 1
- J28
- Nantes-Monaco
Le match du dimanche 14h, sieste garantie ?
Les habitués de l’affiche de L1 du dimanche à 14h peuvent avoir souvent l’impression qu’ils assistent là au match le plus ennuyeux de la journée, avec peu de buts et peu de rythme. À raison ? Épluchage des statistiques et des archives pour voir ce qu’il en est vraiment.
Moins de buts, moins de spectacle
La position allongée du canapé, face à la télé, est bel et bien la position idéale pour apprécier à sa juste valeur un match de Ligue 1 cette saison le dimanche en tout début d’après-midi.
Fermer les yeux et s’autoriser une petite sieste peut même s’envisager sans vraiment craindre de manquer un but en direct, puisqu’ils sont rares : depuis le début de saison, il y a eu 24 de ces affiches programmées le dimanche à 14h et elles ont produit seulement 48 buts. La moyenne est donc simple à calculer : 2 buts par match tout pile de moyenne, quand la moyenne générale de ce bon vieux championnat français en 2015/2016 est de 2,43 buts. Déjà qu’il se fait pas mal allumer par les observateurs pour la frilosité offensive de ses acteurs (ou leur efficacité défensive, tout dépend si on veut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein), cet horaire semble aggraver son cas.
Le score le plus fréquent ? Le partage des points à 1-1, qui s’est produit cinq fois depuis l’été dernier, devant le 1-0 et le 0-0 (trois fois chacun). Dans le détail toujours, il n’y a eu que trois rencontres qui se sont terminées avec plus de 3 buts marqués : le 2-2 entre Marseille et Montpellier lors de la 17e journée, le 4-0 infligé par Monaco à Toulouse lors de la 22e journée et le 4-1 de l’OL contre Caen il y a deux journées de ça. Signal positif : deux de ces trois affiches ont eu lieu sur la phase retour, ce qui semble indiquer un réveil offensif des équipes sollicitées pour disputer un match à l’heure de la digestion dominicale…
Les Marseillais rois de la sieste
Monaco, qui se déplace à Nantes justement à 14h ce dimanche, va disputer son septième match de la saison à cet horaire. C’est un record, et ça lui va plutôt bien pour l’instant, puisque son bilan jusqu’à présent est le suivant : 5 victoires, 1 nul, 0 défaite. Saint-Étienne, également pas mal sollicité pour ouvrir la session football du dimanche, affiche un bilan plus contrasté de 3 victoires pour 2 défaites et 1 nul. Sur la troisième marche du podium des équipes les plus programmées le dimanche à 14h cette saison, on trouve une autre ex-formation engagée en Ligue Europa, Marseille, dont le bilan est encore plus mauvais : 3 défaites, 2 nuls, pas un seul succès.
Les Phocéens n’aiment pas trop qu’on les oblige à chausser les crampons à l’heure de la sieste… En poursuivant dans l’étude de ces affiches club par club, il est intéressant de constater que 18 d’entre eux ont disputé au moins un match à cet horaire, les deux exclus étant, assez curieusement, l’incontestable leader PSG et la tout aussi incontestable lanterne rouge Troyes. L’absence combinée de la meilleure attaque et de la pire défense du championnat peut en partie expliquer d’ailleurs la faible moyenne de buts. Pas totalement, mais un peu quand même, certainement. Ça, et aussi la présence importante d’équipes qui se sont fatiguées en Ligue Europa trois jours avant et qui peuvent légitimement manquer de jus.
Pas une fatalité
Quelle comparaison faire de ces statistiques cette saison avec les précédentes ? Elles sont sensiblement similaires à celles observées en 2014/2015 où le début d’après-midi dominical était même encore plus synonyme de roupillon : 1,9 but marqué en moyenne, contre 2,5 sur l’ensemble de la saison, tous horaires confondus.
Le score le plus fréquent ? 1-0, remballez c’est plié. L’affiche du dimanche à 14h n’a pourtant pas toujours souffert de cette mauvaise réputation puisque la saison précédente, en 2013/2014, elle était même pas mal emballante, avec 95 buts marqués au total pour une moyenne de 2,9 buts par match (contre 2,45 de moyenne sur l’ensemble de la saison). En remontant à la saison 2012/2013, on constate également qu’à cette époque le match du dimanche à 14h, sanctionné de 2,7 buts en moyenne, avait plutôt tendance à pousser les statistiques de buts à la hausse (2,5 marqués en moyenne sur l’ensemble de la saison).
Une spécificité française
Quelle comparaison faire cette fois de ces statistiques avec celles des voisins européens ? En Premier League anglaise cette saison, il y a eu 40 matchs programmés à la mi-journée, dont le coup d’envoi a été donné entre 12h et 14h05. Bilan : 120 buts marqués, soit 3 buts de moyenne par match, ce qui est significativement supérieur aux 2,6 buts de moyenne observés sur l’ensemble de la saison depuis l’été dernier. Conclusion : en Angleterre, pour maximiser ses chances de voir des buts et du spectacle, mieux vaut se poser tôt dans le canapé.
C’est aussi le constat qui est fait en Liga espagnole où, bizarrerie des calendriers, des matchs se jouent le dimanche à 12h (coucou les téléspectateurs asiatiques !). Et là, c’est encore plus frappant que cet horaire rend les rencontres un peu folles, avec 3,2 buts de moyenne marqués, contre 2,7 buts en moyenne générale. Jamais encore depuis le début de saison un match débuté à cette heure n’a accouché d’un 0-0. Au contraire, il y a déjà eu des 5-2, des 0-4, des 2-2 et des 3-0. Il faudrait songer à tester la performance offensive des joueurs directement au saut du lit…
Par Régis Delanoë