- CAN 2017
- Gr.C
- Maroc-Côte d'Ivoire (1-0)
Le Maroc marche sur les espoirs ivoiriens
Sérieux tactiquement et hyper réaliste, le Maroc a logiquement arraché sa qualification pour les quarts de finale de la CAN en écartant une Côte d'Ivoire trop friable mentalement grâce à un bijou de Rachid Alioui (1-0).
Maroc 1-0 Côte d’Ivoire
But : Alioui (64e) pour le Maroc
Une image peut symboliser la chute. Michel Dussuyer a les mains sur les hanches, sait l’avenir de son groupe quasiment déjà compromis et abat alors sa dernière carte offensive pour faire sauter le verrou marocain. Il ne reste qu’une poignée de minutes à jouer du côté d’Oyem, Max-Alain Gradel se prépare à venir planter ses dents dans la bataille, mais personne ne vient le saluer. Oui, Franck Kessié est sorti du terrain sans un regard, sauf peut-être celui du joueur qui abandonne ses potes. Comme pour raconter les failles d’une Côte d’Ivoire, championne d’Afrique en titre, et qui ne verra pas les quarts de finale. On connaissait la malédiction qui touche les porteurs de la bague de champion. La voilà confirmée, au bout des regrets.
Le totem et la douceur
Cette soirée, au fond, Hervé Renard l’attendait depuis longtemps, pour se prouver des choses à lui-même, mais aussi aux autres. Avec la belle gueule française, l’histoire est souvent comme ça. À la différence près qu’au Gabon, il est dans la chemise clinquante du tenant du titre et avec donc un statut de sorcier à défendre. Un quart de finale, le Maroc attendait ça depuis treize ans, alors il fallait mettre les ingrédients et convertir les espoirs nés lors de deux premiers matchs de poules où la Côte d’Ivoire, elle, s’est tirée une balle dans le pied.
Comme en 2015, quand les Éléphants s’étaient finalement remis la tronche à l’endroit pour aller chercher un sacre historique. Cette fois, la donne était simple : gagner, gagner ou gagner. Problème, dès les premières minutes, malgré un statut de favori, les Ivoiriens tirent déjà la langue et ne s’excitent qu’à travers les inspirations du totem Salomon Kalou. Le Maroc, où Renard avait une nouvelle fois sorti son accordéon pour étouffer son adversaire, est en place et croque chaque mollet qui passe, sauf quand Benatia décide de se la jouer aventurier devant sa défense. Résultat, la plus grosse alerte du premier acte sort de la douceur Fayçal Fajr dont le coup franc s’en va saccager la barre de Gbohouo. La Côte d’Ivoire ne répond que par deux grosses cartouches envoyées par Kalou, mais repoussées avec autorité par Munir. Pendant ce temps-là, Younès Belhanda se marre dans son salon en claquant des bicyclettes sur le canapé.
Le cadeau d’Alioui
Changement de tactique au retour des vestiaires. L’homme à la chemise claque des bises à ses anciens protégés, sort son plus beau sourire et essaye d’oublier la perte d’Aziz Bouhaddouz, touché aux côtes avant la pause. Le charmeur d’éléphants a débarqué, et Benatia est tout proche de le faire exploser dès le premier mouvement après une sortie affreuse de Gbohouo. Le Maroc s’amuse à endormir la Côte d’Ivoire avec sérieux, alors Michel Dussuyer se fâche et lance Seri dans la baston. Le moment choisi par Wilfried Zaha, ronchon depuis le coup d’envoi, pour aller tamponner Munir, histoire de faire grimper d’un cran la tension. Pas grave, les Marocains tiennent le scénario, et le temps peut s’arrêter. Comme ça, simplement, sur une contre-attaque emmenée par Alioui et En-Nesyri. Simon Deli recule, la suite n’est que merveille : un enroulé du droit de l’attaquant nîmois, lucarne opposée, et voilà comment la Côte d’Ivoire s’est retrouvée au sol (1-0, 64e).
Rachid Alioui, aujourd’hui c’est nous qui écrivons l’histoire, 1-0 💪🏼❤❤ pic.twitter.com/2CT1nq4yIu
— 💡 (@aekun9) 24 janvier 2017
La suite de la rencontre n’est alors qu’une sombre pagaille où Zaha veut se fritter avec tout le monde, où Serey Die s’en va pousser Fajr et où les Ivoiriens peinent à se montrer vraiment dangereux. Dussuyer sort alors sa carte Kodjia, mais avec quelle finalité ? Quasiment aucune, si bien que Hamza Mendyl est tout proche de faire sauter définitivement une équipe ivoirienne évoluant au rythme d’un groupe de vétérans sur un contre en solitaire à dix minutes de la fin. Le Maroc tient sa qualification pour les quarts de finale d’une CAN, enfin, et peut savourer une première victoire contre la Côte d’Ivoire depuis 1994. Hervé Renard, lui, peut une nouvelle fois danser. En chemise, évidemment.
Par Maxime Brigand