- Mondial 2022
- 8es
- Maroc-Espagne (0-0, 3-0 TAB)
Le Maroc crucifie l’Espagne
120 minutes à se refiler le ballon sans savoir quoi en faire, puis éliminée au terme d'une terrible séance de tirs au but : comme en 2018, l'Espagne est tombée dès les huitièmes de finale du Mondial. Le Maroc peut remercier Bounou, le héros du soir, et attend le Portugal ou la Suisse en quarts.
Maroc 0-0 (3-0 TAB) Espagne
Il y a quatre ans, l’Espagne était sortie dès les huitièmes de finale à la surprise générale par une Russie pourtant bien inférieure sur le papier. Le traumatisme encore vif, il pouvait être définitivement supprimé des esprits espagnols ce mardi soir, face au Maroc. Il n’en a rien été. 120 minutes après avoir trimbalé le ballon de long en large, la Roja est encore tombée aux tirs au but, la faute notamment à un grand Bounou, auteur de trois arrêts sur les trois tentatives espagnoles.
La Roja à l’extérieur et des Lions de l’Atlas joueurs
L’Espagne plante très vite le décor : Busquets, Gavi et Pedri, suppléés par Rodri, font la pluie et le beau temps au milieu, accompagnés par un brouhaha incessant des supporters marocains, qui font bien comprendre à la Roja qu’elle joue à l’extérieur. La première grosse situation est d’ailleurs à mettre au crédit des Lions de l’Atlas, lorsque Achraf Hakimi enveloppe un poil trop sa tentative sur un coup franc bien placé (12e). De l’autre côté du rectangle, le jeu au pied audacieux, voire parfois inconscient de Yassine Bounou conduit le Maroc à quelques frissons, notamment lorsqu’une relance latérale ratée profite à Ferran Torres, qui trouve finalement la barre, avant que Bounou ne réalise une remarquable sortie devant Gavi (25e). Dans la foulée, Marco Asensio, esseulé sur le côté gauche de la surface, voit sa tentative terminer dans le petit filet adverse (27e). Malgré le score vierge, la partie est plaisante, emballée par un Maroc joueur qui se crée deux autres situations avant la pause : d’abord, une lourde frappe de Noussair Mazraoui saisie en deux temps par Unai Simón (32e), puis une tête de Nayef Aguerd qui passe au-dessus (41e). La troupe de Regragui est belle, mais elle est aussi bredouille.
Immense Bounou
Hormis un missile boxé des deux poings par Bounou (54e), l’Espagne n’a quasi rien à se mettre sous la dent, coincée par un bloc marocain bien échafaudé et aidé par le gros boulot défensif d’Hakim Ziyech et de Sofiane Boufal. Le Maroc commence néanmoins à tirer la langue à l’heure de jeu, mais Luis Enrique tarde à sortir la carte Álvaro Morata de son chapeau, et fait même bizarrement sortir Gavi, l’un de ses meilleurs éléments du soir sur le pré. Rien ne fonctionne jusqu’au bout du temps réglementaire pour la Roja : oublié au deuxième poteau sur un coup de pied arrêté, Morata ne cadre pas sa tête (90e+1), et sur une ultime chance, Bounou sauve les siens après une tentative fuyante de Dani Olmo (90e+5). Logiquement, l’ennui monstre de ce second acte laisse place à une prolongation de tous les possibles. Le cauchemar russe de 2018 est sans doute dans tous les cerveaux espagnols.
Les quinze premières minutes de rab n’offrent rien de passionnant, mais une confirmation : le Maroc plie de plus en plus, perd mètre après mètre, mais peut se rassurer en se disant que l’Espagne ne fait pas grand-chose pour forcer son destin. Avant l’entracte, Walid Cheddira passe même tout proche du braquage, mais manque son duel face à Simón (104e). Rebelote après avoir bu un coup : Cheddira rate encore une contre-attaque (115e), et Morata prouve encore pourquoi il est un joueur terriblement frustrant. Tout juste entré en jeu, Pablo Sarabia manque la balle de match en croisant trop sa volée (120e+2). L’heure des gardiens et des grands garçons est venue. Bounou est alors sorti de sa tanière, a réalisé l’impensable en sortant tour à tour les tentatives de Sarabia, Soler et Busquets, et vu Sabiri, Ziyech et Hakimi faire le job face à Simón. L’Espagne remue le couteau dans ses plaies, le Maroc est au paradis.
Maroc (4-3-3) : Bounou – Hakimi, Aguerd (El Yamiq, 84e), Saïss, Mazraoui (Attiat-Allah, 82e) – Ounahi (Benoun, 120e), Amrabat, Amallah (Cheddira, 82e) – Ziyech, En-Nesyri (Sabiri, 82e), Boufal (Ezzalzouli, 66e). Sélectionneur : Walid Regragui.
Espagne (4-3-3) : Simón – Llorente, Rodri, Laporte, Alba (Baldé, 98e) – Gavi (Soler, 63e), Busquets, Pedri – Torres (Williams, 75e), Asensio (Morata, 63e), Olmo (Fati, 98e). Sélectionneur : Luis Enrique.
Par Alexandre Lejeune