- International
- CAN 2015
- Groupe D
- Guinée/Mali (1-1)
Le Mali et la Guinée à pile ou face
Le Mali a poussé mais Seydou Keita a raté un penalty. Du coup, et comme une malédiction éternelle, les Aigles repartent de Mongomo avec le score le plus redouté. Un match nul avec un but de chaque côté. Un résultat qui envoie la Guinée et le Mali au tirage au sort. Une vraie folie.
Il faut marquer des buts pour se qualifier. De tout temps et dans toutes compétitions, il en a toujours été ainsi. La Guinée le sait, le Mali le sait, et l’arbitre tunisien, M. Mohamed Said Kordi, ne l’a pas oublié non plus. On ne joue pas depuis un quart d’heure quand ce dernier décide d’octroyer un penalty à Kevin Constant. L’ancien Toulousain ne tremble pas et sort une panenka. La Guinée n’a pas encore eu le ballon, mais mène déjà au score. La classe. Convaincu qu’il ne faut surtout pas faire de jaloux dans ce groupe équilibré, M. Kordi récidive moins de deux minutes plus tard et offre à Seydou Keita l’occasion de filer tout droit au tirage au sort. Le capitaine malien rate son péno comme on refuse une offrande. Avec politesse, mais sans conviction. On joue la 17e minute, et l’homme aux 101 sélections ne le sait pas encore, mais il vient d’envoyer les siens au bon vieux pile ou face à l’italienne. Un sursis de quelques heures inespéré pour la Guinée. Inexistants en deuxième mi-temps, les Guinéens ont dû perdre mille fois ce match de la peur, mais s’en sont finalement sortis sans trop savoir comment. Il faudra donc attendre demain matin et le tirage au sort pour savoir qui de la Guinée ou du Mali retrouvera le Ghana en quart de finale.
Le fantaisiste Constant
La Guinée contre le Mali dans ce qui ressemble fortement à un match à élimination directe, ça a la couleur d’un match couperet et l’odeur d’un derby. Sauf que vu la situation alambiquée de ce groupe D, cette opposition entre le Syli National et les Aigles s’apparente surtout au match de l’étrange. Parce qu’un nul avec plus de buts qu’à Malabo – où le Cameroun et la Côte d’Ivoire jouent leur réputation de grands d’Afrique – serait déjà une réelle chance de qualification supplémentaire, les deux équipes décident de s’offrir un début de match à porte ouverte. À la cool et sans forcer, Abdoulaye Diaby et le Mali se procurent deux gigantesques occasions sans n’avoir, a priori, rien demandé à personne. Deux ratés maliens, c’est le temps qu’il aura fallu à M. Mohamed Said Kordi pour siffler la fin de la récréation. En trois minutes, l’arbitre tunisien décide de passer directement au tirage au sort et octroie deux penaltys. Un de chaque côté. Kevin Constant régale, Seydou Keita se manque, et le match reprend son cours normal. Le Mali pousse, mais gaspille, la Guinée fait des fautes et transpire. De l’autre côté, la Côte d’Ivoire ouvre le score. Il suffit maintenant d’un but des Aigles pour s’offrir une partie de pile ou face surexcitante.
Ce flambeur de Maïga
Vingt minutes. C’est le temps de récupération octroyé aux 22 acteurs qui attendent patiemment que le jeu reprenne entre le Cameroun et la Côte d’Ivoire. Visiblement, ce rabe de repos est salvateur pour les attaquants maliens et destructeur pour l’ensemble du onze guinéen. Sur sa première possession, Modibo Maïga claque la tête au fond du but de Yattara. La suite revient à commenter une trop longue période de domination aussi stérile qu’étouffante des hommes de Kasperczak sur ceux de Michel Dussuyer. Une période pendant laquelle la Guinée perd son meilleur joueur, et son meilleur atout pour le toss final, Ibrahima Traoré. Sans son capitaine, sorti blessé à l’heure de jeu, la Guinée ne sort plus de sa moitié de terrain. Archi-dominée, la Guinée concède des coups francs dangereux, des frappes de loin, des têtes de près, mais jamais de but. À peine croyable, le dernier baroud d’honneur est guinéen. Mieux, le coup de sifflet final est l’occasion de se rendre compte qu’il reste assez d’énergie aux onze survivants guinéens pour se réjouir. Les mecs ne sont pas encore qualifiés, mais sont déjà super contents de retrouver le Mali demain au petit-déjeuner pour jouer leur survie dans le tournoi. Pour jouer sa vie à pile ou face, comme Coryne Charby.
Par Martin Grimberghs