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Le malentendu toulousain
Tout peut arriver sur un malentendu. Le meilleur comme le pire. Pour les supporters toulousains en déplacement à Nantes, ça a été une grosse bagarre entre deux groupes de supporters, les ultras des Indians et une bande d'indépendants. Qui se demandent aujourd'hui comment ils ont fait pour en arriver là.
Sur un malentendu, ça peut baffer. C’est ce qui résume l’épisode entre supporters toulousains à la Beaujoire le week-end dernier. Une chute. Une bousculade. Des insultes. Et quelques coups. Avant que les supporters ne se séparent d’eux-mêmes. Et que les CRS n’interviennent. Et mettent chaque groupe dans son coin. Les Indians en bas et les indépendants en haut.Cette séparation physique recoupe des divergences de style de supportérisme entre les deux groupes. D’un côté, les Indians, principal groupe ultra toulousain, constitué en association et reconnu par le club. De l’autre, des indépendants, qui comme leur nom l’indiquent n’appartiennent à aucune structure officielle, et dont une bonne partie sont attirés par la mouvance hooligan. À cela s’ajoutent quelques lignes de fracture politiques. Historiquement, les indépendants toulousains sont proches du kop de Boulogne parisien, également idéologiquement pour certains d’entre eux. Les Indians n’affichent pas de couleur politique mais acceptent les jeunes de toutes origines dans leurs rangs. On pourrait donc penser de prime abord que la bagarre interne de samedi est due à ces clivages. Si ceux-ci ont pu entrer en ligne de compte, ils ne sont pas du tout l’élément déclencheur du conflit selon les témoignages recueillis des deux côtés. À partir de la 25e minute du match Nantes-Toulouse, les supporters toulousains ont donc offert un triste spectacle. De loin cela ressemble à une bagarre générale de quelques minutes. De près, les acteurs racontent autre chose. Yves Dussert, le co-président des Indians évoque une histoire complètement folle : « Déjà, notre première compagnie de bus nous a lâchés un jour avant le déplacement. Ils ont dû avoir peur parce qu’on a subi une pression monumentale des supporters nantais. Des trucs moches à propos de Brice et Denis. Du genre : « Est-ce que Brice va venir au stade ? » Ensuite, on est arrivés 25 minutes à la bourre, à cause d’un camion accidenté sur la route. » Brice et Denis : deux douloureux souvenirs pour les supporters du TFC. Denis Deltreil est décédé lors d’un déplacement à Saint-Étienne en 1991, des engins pyrotechniques ayant malencontreusement pris feu dans le bus. Brice Taton a succombé à ses blessures lors d’une agression à Belgrade en 2009. Ces dernières années, plusieurs incidents sérieux ont d’ailleurs opposé supporters nantais et toulousains, ce qui faisait de ce voyage à la Beaujoire un déplacement à risques.
Effet boule de neige
À l’arrivée en tribune des Indians, l’ambiance se tend rapidement : « J’ai à peine le temps de descendre dans le parcage que ça commence à chauffer. Les Indians qui ont descendu la bâche se sont faits agresser. Je n’ai pas tout vu, mais un des nôtres aurait trébuché et aurait bousculé un indép. Et tout serait parti de là. Effet boule de neige. » Une minute se passe pendant laquelle des coups sont échangés. Yves a juste le temps de descendre et de séparer les deux camps : « Je ne connaissais pas les indéps qui frappaient. Je me suis mis au milieu, tout comme les responsables des indéps. »
La version de Jérémy, un de ces indépendants, confirme la thèse du quiproquo : « Nous, nous étions une douzaine, dont quatre mecs de l’extérieur. Des potes à nous mais pas des Parisiens. Je pense que le fait que les Indians soient arrivés 25 minutes en retard, ça a pu en énerver certains. On était tous un peu éméché aussi. Mais c’est vraiment parti de rien. Un mec qui s’est cassé la gueule. Une bousculade. Une insulte. Des coups. Voilà, c’est tout. Et puis j’ai essayé de les séparer avant de me retrouver sous la mêlée. Mais vraiment c’était totalement con. Les Indians sont des potes à nous pour la plupart. »
Réconciliation et discrétion
Un mot plus haut que l’autre aurait donc suffi à déclencher des coups puis une avalanche médiatique. D’après les participants, ce qui est apparu comme une bagarre générale n’aurait pas duré plus d’une minute. C’est ce qu’affirme Jérémy : « Il suffit de regarder les vidéos. En fait si c’est parti un peu fort, c’est parce que nos quatre potes ne les connaissaient pas. Mais cette histoire m’emmerde royalement, ça me fait chier. Peut-être que certains voulaient régler des histoires, mais on aurait dû en discuter. Pas se taper dessus. »
Les Indians ne disent pas autre chose. D’ailleurs, le groupe a parlé avec le club hier soir. Pour mettre les choses au clair et expliquer les circonstances de l’incident. Le club du TFC a porté plainte contre X en début de semaine, sans faire de vague. Cette enquête est menée afin de déterminer les responsabilités individuelles et/ou collectives. La réconciliation et la discrétion sont à l’ordre du jour avant d’affronter Marseille en Coupe de la Ligue. Ce que confirme Yves : « Même si on diverge sur pas mal de points avec les indéps, on n’aurait jamais dû se mettre dessus. Je les ai encore eus au téléphone aujourd’hui(lundi, ndlr) et ils sont conscients qu’ils ont merdé. Ça ne doit jamais se terminer en bagarre entre cousins. Le club a essayé de calmer le jeu et de comprendre ce qui s’était passé. » L’objectif semble de ne pas entretenir la polémique et de régler en interne ce malheureux malentendu qui a fait beaucoup parler le week-end dernier.
Par Ugo Bocchi, avec Quentin Blandin