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Le magnothérapeute
Joueur professionnel dans les années 90 entre Rennes et Bastia, Pierre Maroselli est ensuite devenu magnothérapeute entre la Corse et le corps de certains pros, comme Hatem Ben Arfa, qui avait fait de la présence de celui qui l'a remis sur pied lors de son retour en France à l'été 2015 une condition indispensable à sa participation à l'Euro 2016. Mais pourquoi ? Explications.
Il n’aura eu besoin que de quelques mois. De dix-sept buts, d’un enroulé au Parc, d’un chef-d’œuvre à Geoffroy-Guichard ou encore d’un pétard contre Caen. Tout le monde voulait y croire, beaucoup voulaient le voir s’afficher dans la liste du 12 mai dernier. Puis, Didier Deschamps a pris la parole derrière son pupitre : « Je ne remets pas en cause ce qu’il a réalisé. C’est un choix sportif. Hatem Ben Arfa a fait une très bonne saison à Nice, mais d’autres joueurs ont fait une très bonne saison. J’ai eu des choix difficiles. Si j’avais eu des doutes, il ne serait pas dans la liste des réservistes.(…)Je compte sur lui aussi, mais il y a une concurrence en attaque qui est très forte. » En dévoilant la composition de ses deux groupes – vingt-trois convoqués pour le championnat d’Europe, huit réservistes –, Deschamps a tranché et placé Ben Arfa dans le second. Le sélectionneur national lui a notamment préféré Kingsley Coman, qui n’avait alors même pas vingt ans. Avant cette annonce, Hatem Ben Arfa, de retour au premier plan après une résurrection à Nice, savait déjà qu’il ne reverrait pas Clairefontaine plus de quelques jours. Didier Deschamps lui avait expliqué sa décision, comme à d’autres, et Ben Arfa a compris. Que ce soit en tant que titulaire, dans la peau d’un remplaçant ou avec un statut de réserviste, il avait promis de tout donner à son ancien coach à l’OM. Sa seule exigence, comme l’a révélé L’Équipe jeudi matin, était alors ailleurs : que l’ancien défenseur de Bastia et de Rennes, Pierre Maroselli, soit à ses côtés pendant la préparation, sinon il ne participerait pas à l’Euro, sur quoi il est revenu après réflexion. Mais pourquoi ?
Furiani, Pierre Littbarski et le rêve
Car sans Maroselli, Ben Arfa n’en serait peut-être pas où il en est aujourd’hui. Les deux hommes se sont rencontrés en 2015, au moment de la signature à Nice de l’international français (15 sélections) et se voient encore pour des consultations. Voilà maintenant plus de quinze ans que Pierre Maroselli a quitté les terrains de foot pour se lancer dans la magnothérapie, après avoir « découvert les champs magnétiques à l’âge de vingt ans suite à une blessure à la cheville. J’ai rencontré un thérapeute qui est devenu mon instructeur, j’ai bénéficié de ses soins et en un temps record, j’ai été guéri. J’ai pensé à un miracle. » L’ancien stoppeur qui rêvait gosse de « jouer pour le Sporting » , dont l’idole était l’Allemand Pierre Littbarski et qui a connu la catastrophe de Furiani, parle alors d’une « prise de conscience à l’âge de vingt-quatre ans sur la contrainte d’une pubalgie. J’étais inopérable, c’était affreux, hyper-douloureux et on m’a dit que j’étais foutu pour le foot. Puis, j’ai guéri grâce aux champs magnétiques, et j’ai continué ma carrière jusqu’à l’âge de trente-quatre ans. » En découvrant une vocation qui est ensuite devenue son job post-carrière dans son cabinet en Corse, dans les villages de l’île, à domicile, mais aussi sur commande à l’étranger. Avec le rêve de « pouvoir bosser pour mon club, le Sporting » .
« Le corps est un instrument »
« Pour un footballeur, le corps est un instrument de travail. Il n’y a pas besoin d’être blessé pour comprendre que tu n’es pas en forme, pose Maroselli. Mon job, c’est la partie cachée de l’iceberg, l’humain, l’intérieur. Aucune blessure n’est du hasard. Alors mon objectif est maintenant d’accorder cet instrument pour la partition du week-end. Le corps humain est invisible. Une blessure, c’est une expression des maux, de douleurs internes du joueur. » Pierre Maroselli a travaillé un temps avec Nancy, à l’UNFP, puis avec Furlan à Strasbourg qui le payait de sa poche. Il a également tissé une relation particulière avec certains joueurs comme Ben Arfa donc, mais surtout avec l’ancien défenseur d’Ajaccio Carl Medjani, qui joue aujourd’hui en Espagne à Leganés. Maroselli : « On peut parler de médecine moderne, celle du XXIe siècle, où on soigne pour ne pas tomber malade. Je travaille sur le moral aussi, car la psychologie a une influence importante sur le physique. » En pratique, cela se fait avec des champs magnétiques pour « rééquilibrer et donc ramener l’harmonie entre le physique, le psychique et le physiologique. C’est comme une déprogrammation des blessures » . Une médecine alternative, un homme de l’ombre qui est donc revenu depuis quelques heures au premier plan. Sous les champs magnétiques.
Par Maxime Brigand
Propos de Pierre Maroselli recueillis par MB en février 2016.