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Le loft des Verts, la mauvaise idée

Par Florian Cadu
4 minutes
Le loft des Verts, la mauvaise idée

Comme en 2011, trois Stéphanois se retrouvent bannis de l’équipe première. Sauf que cela s’était mal terminé pour le club français il y a cinq ans. Sans compter que les joueurs vivent forcément mal cette douloureuse expérience.

Bryan Dabo, Oussama Tannane et Nolan Roux. Trois joueurs écartés du groupe professionnel jusqu’à l’été minimum. Trois salaires dépensés chaque mois par Saint-Étienne pour des footballeurs qui ne porteront plus le maillot de l’équipe première cette saison. Trois éléments auparavant importants dans l’effectif chassés par Christophe Galtier. L’explication ? « J’estime que les trois joueurs concernés sont à mes yeux insuffisamment investis en cette fin de saison, a justifié l’entraîneur. Ils ont été reçus par le président Roland Romeyer, et la direction me soutient dans cette décision. J’ai ressenti le besoin d’avoir plus d’engouement et de détermination dans les séances d’entraînement.(…)Nolan et Bryan ne sont pas concernés par notre défaite à Marseille, ce sont des attitudes constatées au quotidien qui m’ont conduit à prendre cette décision. » Voilà pour les raisons sportives. Certes, le contexte chez les Verts n’est pas tout à fait le même. Reste qu’il rappelle tout de même étrangement la période 2011 des lofteurs à Sainté.

Mises à l’écart injustes ou justifiées ?

À l’époque, les pestiférés s’appellent Moustapha Bayal Sall, Sylvain Monsoreau et Boubacar Sanogo. Dès le début de la saison 2011-2012, les trois malheureux sont invités à vider leur casier personnel, ne plus se rendre aux petits-déjeuners communs, laisser leur place de parking à disponibilité des autres, oublier la photo officielle ainsi que les invitations de match pour les proches. Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que les principaux intéressés n’auraient pas montré un investissement suffisant aux yeux de leurs dirigeants, comme le précise Roland Romeyer dans les colonnes du Progrès: « Là-dessus, nous avons toujours été très clairs. Si Sylvain était venu nous voir au mois d’avril, en nous disant« Vous ne voulez pas me prolonger, mais vous pouvez compter sur moi », on n’aurait pas recruté. Au contraire, son agent nous a dit qu’il ne fallait plus compter sur lui, qu’il allait lui trouver un club. Alors, on a recruté. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Bayal, c’est un choix aussi. Il a fait des erreurs, il n’a pas toujours eu une attitude professionnelle. Mais on croit toujours en lui. La preuve, on voulait le prêter pour qu’il change d’air et qu’il rebondisse. »

L’objectif est donc de les priver de ballons jusqu’à ce qu’ils perdent patience et trouvent un nouveau point de chute. En espérant ne pas payer les 4,5 millions de salaire potentiels sur l’année (1,56 pour Sall, 1,14 pour Monsoreau et 1,8 pour Sanogo).

Dialogues de sourds

Sauf que, s’ils ont l’habitude de se soumettre à cette destinée, les lofteurs empruntent cette fois le costume des insoumis. Comme Bafétimbi Gomis le fera à l’Olympique lyonnais dans un autre registre (pour pouvoir partir libre). Le trio balance donc son spleen dans L’Équipe et dénonce ces méthodes loin d’être douces. Pas bousculée pour un sou, l’ASSE ne bouleverse pas sa tactique et confirme la couleur dans un communiqué officiel : « Nous regrettons les déclarations faites par Sylvain Monsoreau, Moustapha Bayal Sall et Boubacar Sanogo récemment dans la presse, mais nous confirmons que leur mise à l’écart est un choix sportif appuyé par la direction de l’ASSE. Le club ne souhaite pas polémiquer sur la situation par médias interposés. Nous rappelons simplement que toutes les dispositions prises, relatives à l’entraînement des joueurs de l’effectif professionnel, l’ont été dans le respect de la Charte du football professionnel. »

Quand la justice se réveille

Se pensant intouchable juridiquement parlant, le club français continue donc de lâcher des billets pour des salariés au chômage technique tout en les poussant dehors. Résultat : Sall est finalement prêté à Nancy en janvier 2012… alors que Sanogo est licencié pour faute grave et le contrat de Monsoreau résilié d’un commun accord. Sauf que l’histoire ne s’arrête pas là. Outre la mauvaise image laissée – Monsoreau parlant d’un « entraîneur qui rigolait avec moi dans le vestiaire, qui me chambrait tous les matins pendant trois ans, et du jour au lendemain, le gars humain que j’avais connu est devenu méprisant » et d’une structure qui lui a fait subir « la misère » et « une injustice caractérisée » –, Sainté est condamné trois ans plus tard à 909 000 euros de dommages et intérêts à l’intention de Sanogo et à 180 000 euros de rappel de salaire pour Monsoreau. Les Verts sont désormais prévenus.

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