- C1
- 8es
- Barça-PSG (6-1)
Le Líder Minimo
Aussi mal à l’aise sportivement que dans son rôle de capitaine ce mercredi soir face à Barcelone (1-6), Thiago Silva est le capitaine fantôme d’un PSG qui a définitivement besoin d’un leader moral pour devenir ce qu’il veut être.
Du bon comme du mauvais. De l’objectif comme du subjectif. Du factuel comme de la chantilly. De Fidel Castro, on a tout dit, tout analysé. Certains ont profité des neuf jours de deuil national pour faire la fête, car comme le dit Berta Soler, dirigeante des Dames en blanc : « Quand un dictateur meurt, il faut rire, il faut faire la fête. » D’autres ont pleuré, car plus qu’une icône, ils ont perdu un guide, leur Líder Máximo. Et si l’histoire ne dit pas encore de combien de jours de deuil aura besoin le Paris Saint-Germain pour se relever de la révolution catalane du 8 mars 2017, le peuple français sait déjà ce qui a manqué à l’équipe d’Unai Emery pour étouffer la rébellion espagnole : une figure charismatique. Capitaine mystère d’un bateau qui n’a jamais cessé de tanguer sur les flots indécis du Camp Nou, Thiago Silva n’est autre que le Líder Minimo d’une équipe qui a manqué de caractère. Fidèle Castré est mort sur le champ de bataille ce mercredi et, comme si cela n’avait pas suffi, il a trouvé le moyen de glisser à la presse que « comme capitaine, il était très fier de ses joueurs » . Sauf qu’il n’y avait vraiment pas de quoi être fier. Et si, au lendemain de la déroute, on parle à raison d’un arbitrage qui n’a pas toujours été au niveau, ce n’est pas de chance qu’a manqué le Paris Saint-Germain face au Barça, mais de couilles, de grinta. Non, le Barça n’a pas livré un grand match de football. En revanche, à l’image de la hargne d’un Messi moyen et du tacle de Ter Stegen en toute fin de match, les hommes de Luis Enrique ont su mettre les ingrédients nécessaires pour réussir l’exploit sur le terrain du mental. Un terrain que Thiago Silva déserte et désertera toujours. Il y a eu des rois sans couronne, il y a désormais le brassard sans capitaine.
Une débâcle sportive et mentale
Interrogé à ce sujet par L’Équipe, Dominique Bathenay, Parisien de 1978 à 1985, abonde dans ce sens : « Il n’y a pas eu de leader, ce garçon qui se démarque quand ça va mal. On attend Thiago Silva. Mais depuis longtemps, je dis que ce n’est pas ma tasse de thé, car il n’est pas un leader. Il n’arrive pas à transcender ses coéquipiers, à être sur le devant de la scène dans les moments difficiles. » Une hypothèse renforcée par les Parisiens eux-mêmes, Unai Emery et Adrien Rabiot en tête, selon qui les plans tactiques initiaux n’ont pas été respectés. Non, le Paris Saint-Germain n’avait pas prévu de boire la tasse et d’être aussi bas sur la pelouse que François Fillon dans les sondages concernant sa popularité. Après un premier quart d’heure à souffrir, un capitaine digne de ce nom aurait dû remobiliser les siens, les pousser à sortir, à mettre plus d’intensité dans les duels et à ne pas avoir peur. Mais ce rôle-là n’est pas celui de Thiago Silva. Un garçon qui se juge lui-même comme « émotif » et qui a prouvé à maintes reprises que la force mentale ne faisait pas partie de ses innombrables qualités. En effet, le Brésilien, qui n’a jamais vu plus loin qu’un quart de finale de Ligue des champions, a laissé dans l’imaginaire collectif des images qui ne trompent pas. Personne n’a oublié ses chaudes larmes, à genoux, lors d’une séance de tirs au but entre le Brésil et le Chili. D’autres se diront que ce qu’il s’est dit sur lui au Brésil lorsqu’il n’entrait pas dans les plans de Dunga ne relèvent pas forcément de la théorie du complot. Enfin, ceux dont la mémoire flanche légèrement peuvent rembobiner trois semaines en arrière, quand le défenseur central, très légèrement blessé au mollet, a préféré renoncer au match aller face au Barça, laissant sa place à un Presnel Kimpembe visiblement plus à même d’enfiler le bleu de chauffe lorsqu’il faut bosser dans les grands matchs. Sur le plateau du Canal Football Club, Dante, partenaire de Thiago Silva en sélection, a évoqué « ce moment aux tirs au but contre le Chili » , mais pour lui « cela ne veut pas dire que Thiago Silva n’aime pas les gros matchs » . Alors comment expliquer que ce joueur, si précis techniquement et maître dans les airs, disparaisse complètement d’un match comme celui de mercredi soir ? Car avec 58% de passes réussies et seulement trois passes réussies en seconde mi-temps lors de la débâcle catalane, Thiago Silva n’a pas uniquement failli à sa tâche de capitaine, il a également été en échec sportif. Une faillite double pour un leader qui n’en est définitivement pas un. Et si Fidel Castro n’est plus disponible pour enfiler le costume de la figure charismatique qui poussera tout le monde vers l’avant, force est de constater que c’est à ce poste honorifique que le PSG doit recruter. Car sans leader, il n’y a pas de grande équipe.
Par Swann Borsellino