- Ligue des champions
- Groupe E
- J4
- ManCity/CSKA Moscou
Le Kun Agüero, sauveur de la City
En difficulté depuis le début de saison, notamment en Ligue des champions, Manchester City compte, pour se relancer, sur la pleine bourre d'Agüero. Un homme pas forcément reconnu à sa juste valeur.
Il y a d’abord Messi, évidemment : quatre Ballons d’or, le Barça, les records, le brassard de la sélection, tout ça, tout ça. Ensuite, il y a Carlitos Tévez : Boca, le « joueur du peuple » , les titres en tout genre, les embrouilles à tout va. Après, Pipita Higuaín : River, le Real, le Naples de Maradona. Dans la hiérarchie des attaquants argentins les plus populaires et médiatiques, Sergio Agüero n’apparaît qu’à la quatrième place. Seuls les hinchas d’Independiente en font leur petit préféré. Pourtant, depuis ses 15 bougies, le Kun, qui a bien le profil du crack sorti de la misère, mais à qui il manque un Ballon d’or, un but en finale de Coupe du monde ou un passage par l’une des deux grosses machines médiatiques du pays (Boca et River), tape record sur record. L’actuel meilleur buteur de Premier League (à égalité avec Diego Costa) maintient son City en vie avec encore plus d’exploits : le but de la victoire dans le derby et un quadruplé contre les Spurs, qui a fait de lui le meilleur buteur de l’histoire du club (61 pions, devant Tévez) et le premier Argentin à planter quatre fois en PL.
« Mozart, je ne sais pas qui c’est »
Ce jour-là, impressionné par la performance de son compatriote, Mauricio Pochettino, l’entraîneur victime du Kun, s’ose à une dangereuse comparaison : « Voir jouer Agüero, c’est comme écouter de la musique classique. En fait, Agüero, c’est Mozart. » Ce à quoi Agüero répondra quelques minutes plus tard : « Mozart ? Je ne sais pas qui c’est. » Peu importe qu’il préfère la cumbia, dans son domaine, l’ancien gendre de Maradona excelle. Les stats parlent pour lui : une étude vient de le placer en tête des joueurs les plus efficaces de l’histoire de la Premier League, avec un goal toutes les 109 minutes. Soit mieux que Titi Henry, Adam Le Fondre (sic), Van Nistelrooy et Chicharito. Sans faire trop de bruit (beaucoup moins en tout cas que ses compères d’attaque de la sélection), le gamin de Quilmes empile les récompenses collectives et individuelles. Au choix : plus jeune joueur à débuter en Primera (15 ans, putain), puis en Libertadores (battu depuis), plus gros transfert du championnat argentin (battu aussi), double champion du monde Sub20 (goleador et Ballon d’or au Canada), champion olympique, vainqueur de l’UEFA, double champion d’Angleterre. Le hic, c’est ce foutu mondial brésilien. 2014 aurait pu être l’année du Kun, mais ses muscles en ont décidé autrement. Depuis la demi-volée de Götze, l’Argentine regrette l’absence de Tévez, plus que la déchirure d’Agüero.
Objectif C1
Pourtant, Manuel Pellegrini l’assure : « À 100%, Agüero est imparable. Pour moi, il fait partie des trois meilleurs attaquants du monde. » Sans doute une façon de maintenir à son maximum la confiance de son meilleur joueur du moment, sur qui il s’appuiera encore ce soir contre le CSKA Moscou, pour survivre dans ce groupe E. L’Argentin avait bien marqué un but et demi à l’aller en Russie, mais ça n’avait pas suffi (2-2). Pas plus que le but du 1-1 contre la Roma. Auteurs d’un début de saison des plus poussifs, déjà à six points de Chelsea en PL et en retard en LDC, les Citoyens veulent profiter de l’élan du derby remporté pour passer la seconde. Car après deux titres en deux ans sur le plan national, le Manchester City nouveau aimerait concrétiser à l’échelle continentale. Pas épargnés par les tirages au sort depuis quatre ans, le bilan n’en est pas moins largement négatif : deux éliminations au premier tour, puis lors d’un huitième trop facilement perdu face à un Barça décadent et sans doute prenable. Cette coupe aux grandes oreilles, c’est aussi – avec le prochain Mondial russe – le dernier grand défi du précoce Kun Agüero. Il a jusqu’à 2019 pour la soulever. Après, il l’a promis, il rentrera chez lui, à Independiente. Là où il a toujours été le numéro un.
Par Léo Ruiz, en Argentine