- Autres championnats
- Pays-Bas
- Eredevisie
- 15e journée
Le Kraker Feyenoord-PSV booste l’Eredivisie !
Enfin ! Ça décolle aux Pays-Bas, avec une splendide 15e journée ce weekend et la belle victoire du Feyenoord face au PSV. Après un début de saison médiocre au plan national (pauvreté du jeu) et au plan européen (hécatombe précoce), les clubs néerlandais se réveillent enfin pour offrir un visage plus rayonnant. Sauf du côté d'Eindhoven…
Le changement, c’est maintenant…
Les débuts d’Eredivisie 2013-2014 avaient été marqués par une médiocrité inquiétante, sanctionnée à la mi-septembre par la place de leader du PEC Zwolle, promu la saison passée, et par le bon classement du FC Groningue. Non que le PEC et le FCG soient mauvais, mais les productions faiblardes des cadors Ajax, PSV et Feyenoord étaient vraiment trop fades. Seul le FC Twente assumait en haut du classement un statut de « club qui compte » (champion en 2010), au même titre que le Vitesse. Les coupes d’Europe agissaient au mois d’août en douche glaciale sur les formations bataves. Si le PSV tombait avec les honneurs en tour préliminaire de C1 face à un Milan quand même moyen (1-1, 0-3), Vitesse sautait sur une mine roumaine (Petrolul Ploiesti, 1-1 et 1-2), Feyenoord giclait face au Kouban Krasnodar (0-1 et 1-2) et le FC Utrecht ridiculisait la nation face à un club luxembourgeois, Differdange (1-2 et 3-3). Une cata globale au niveau des clubs que ne se cachaient pas les observateurs néerlandais. Et puis, les choses se sont mises à bouger…
En championnat, un très bon Vitesse Arnhem a repris les commandes en Eredivisie (30 points aujourd’hui) au point de piquer au vif le reste du peloton. Du coup, après la gifle à dom (0-1) face à ce même Vitesse, le dauphin Ajax (28 points) s’est bien repris : une véritable métamorphose ponctuée de 4 victoires nettes, dont hier avec un 4-0 à l’ADO. Ce qui fait donc 3 succès en Eredivisie plus un autre en C1 face au Barça (2-1). Comme Vitesse et Ajax, le troisième Twente (27 points) plaît en jouant toujours aussi bien (2-1 à Roda). À noter le faux pas de l’AZ (6e, 24 points) au NEC (2-3), mais bien revenu quand même au premier plan suite à l’arrivée de Dick Advocaat en tant que coach du club d’Alkmaar… Des facteurs d’amélioration expliquent la meilleure tenue de l’Eredivisie : l’ensemble des clubs hollandais a pu digérer un mercato d’été très chargé qui a bouleversé les effectifs de pratiquement tous les clubs, surtout les grosses cylindrées (FC Twente, PSV, voire aussi Ajax, dépouillé de Babel, Eriksen Alderweireld). Les Oranje boostent aussi les Hollandais d’Eredivisie chez lesquels Louis van Gaal puise abondamment : il y a encore des places à prendre pour le Brésil 2014 et certains doivent saisir leur chance maintenant. En appelant en sélection deux gars de Vitesse jamais sélectionnés auparavant (Patrick van Aanholt et Davy Pröpper), Louis a envoyé un message fort. Du coup, un paquet de joueurs élèvent leur niveau de jeu. Enfin, le parcours admirable de l’Ajax en C1 réveille la fierté et les ambitions d’un foot pro néerlandais qui a vibré à la victoire des Ajacides face au géant barcelonais. Assuré au minimum de l’Europa League, l’Ajax peut atteindre les 8es de C1, alors qu’en C3, l’AZ vient de se qualifier au tour suivant et que le PSV peut aussi le faire avec un nul face à Odessa à dom.
Feyenoord- PSV (3-1) : Kraker de feu
On parlait de la dynamique Ajax : Ronald Koeman était à l’ArenA mardi soir aux côtés de Johan Cruyff, ravis tous les deux du succès des Lanciers contre le Barça. Sûr que ça l’a inspiré en vue du Kraker (match au sommet ainsi appelé entre Feyenoord-PSV)… On parlait également du facteur oranje qui booste tous les sélectionnables en puissance. Hier, au Kuip de Rotterdam, les boys du Feyenoord appelés au moins une fois chez les A par Van Gaal se sont surpassés face au PSV (3-1) : Clasie, Schaken, Janmaat, Martins Indi, De Vrij, Boëtius, Vilhenna… Que du très bon ! La perspective d’être au Mondial brésilien n’explique évidemment pas tout, mais le réveil éclatant, hier, des récents oubliés en équipe nationale (ou pas utilisés, comme Schaken) et des bons joueurs plutôt « en dedans » (Boëtius, Vilhenna) explique un peu le beau succès de Rotterdam. Un match d’une intensité rare en Eredivisie. Enfin !… Des deux côtés, en première mi-temps, un gros engagement physique, une vitesse de jeu haletante et deux buts superbes. Pour le PSV d’abord, celui de Maher sur une percée plein axe, et l’égalisation magistrale de Boëtius sur une demi-volée amenée par un contre supersonique de Schaken (1-1). En deuxième période, un très bon Feyenoord s’est montré impitoyable en brisant le PSV non pas de sa façon stéréotypée habituelle (kick and rush aérien sur la tête de Pellè, assez efficace il faut bien le dire), mais aussi en combinant à terre dans les petits espaces ou bien sur des ballons lancés sur les côtés (servis par Mathijsen et Clasie). L’Italien Pellè réussira un doublé, dont un péno (il en ratera même un deuxième) qui corsa l’addition du 3-1 final. Un mot sur l’ambiance de feu au Kuip : la ferveur tellurique a rejoint en intensité celle de l’ArenA du mardi soir. Enfin des stades qui bouillonnent à nouveau aux Pays-Bas. Ça manquait vraiment. On résume : Vitesse, Ajax, Twente, Feyenoord (4e avec 24 points), l’AZ plus le bon FC Groningue (5e avec 24 points) tirent enfin vers le haut un championnat qui frisait la médiocrité en début de saison. Un pack de bonnes équipes jouant bien squatte enfin le sommet.
Et le PSV, donc ? Une cata totale. L’accident industriel de l’édition 2013-2014… Après une bonne première mi-temps face au Feyenoord (1-1), le PSV s’est totalement liquéfié (1-3), à l’image de sa série récente en cours, ce matin, de 6 matchs sans victoire (4 défaites et 2 nuls). Rien ne va plus sur le terrain : les joueurs sont paumés, tactiquement errants sans milieu consistant. Schaars, très loin d’un Van Bommel, ne peut plus écoper à lui tout seul les innombrables voies d’eau qui coulent le navire. Résultat : l’axe défensif prend la vague et sombre (Bruma a encore vu rouge hier, tout comme jeudi en C3 : deux expulsions en une semaine). Devant, les ballons n’arrivent plus. Malgré son joli but, Maher ne tient pas les promesses entrevues à l’AZ. Bakkali n’a toujours pas retrouvé le feu de son début de saison. Seul Depay anime un peu en attaque, mais il est trop seul. Ce PSV est en danger et le coach Phillip Cocu réellement menacé, malgré le traditionnel « soutien » des dirigeants (bien connu des coachs sur la sellette) qui l’avaient intronisé en artisan du renouveau du club. On lui avait donné du temps sans fixer d’objectifs élevés. Mais ce matin le PSV est 10e, à 10 points du leader Vitesse (30 points). Le championnat est quasi perdu et ce ne sont pas les retours espérés de Wijnaldum, Park ou Willems qui inverseront la tendance. Le weekend prochain, le PSV recevra Vitesse et, sauf sursaut providentiel, il devrait logiquement perdre. Les supporters ne devraient pas laisser passer pareil affront à domicile : la crise actuelle du PSV enfoncerait alors un Phillip Cocu dont on attendait beaucoup, mais qui offre en match, le regard perdu d’un coach complètement dépassé…
Par Chérif Ghemmour