- C1
- 8es
- Manchester City-Schalke 04 (7-0)
Le Kaiser Sané
Lors du match aller, il était un roi. Lors du match retour, il est devenu un empereur. Au moment de recevoir Schalke ce mardi soir, Leroy Sané a mis ses sentiments de côté et détruit sans pitié ses anciens partenaires.
Parce que c’est un bon garçon, fidèle en amour, Leroy Sané n’a pas célébré son cinquantième but en pro après avoir trompé Ralf Fährmann d’une frappe croisée du gauche juste avant la mi-temps. Tout comme il ne s’est pas enflammé en zone mixte après la rencontre : « C’était de nouveau un bon match de notre part. On savait que ça allait être dur, car Schalke ne voulait pas encaisser de but, mais on a bien joué et on est heureux. Ils ont été solides et compacts, mais on a su comment trouver les espaces. C’est une bonne victoire. » Une bonne victoire ? Le mot est faible : non seulement le 7-0 de ce mardi soir est le plus large succès des Citizens dans une phase finale de Ligue des champions, mais surtout, il est dans le même temps le plus lourd revers encaissé par un club allemand dans cette même compétition. Sûr que Sané aurait préféré que la victime ne soit pas l’équipe qui l’a formé. Mais ce huitième de finale retour ne laissait aucune place pour les sentiments. Car le gamin de la Ruhr avait une revanche à prendre.
Bien plus qu’un cireur de luxe
Habitué à disputer des bouts de matchs depuis le début de l’année civile, Leroy Sané avait ce mardi soir une chance à ne pas gâcher puisque Pep Guardiola l’alignait dans le onze de départ à la place de Riyad Mahrez. Lui qui avait été décisif au match aller en inscrivant ce coup franc magistral qui allait relancer les Citizens, s’est transformé en chef d’orchestre, en patron, en taulier, en bourreau. Les qualificatifs ne manquent pas pour résumer sa performance au City of Manchester Stadium : un but (plus un deuxième refusé pour hors-jeu) et trois passes décisives, autant dire qu’il n’y avait pas match dans la lutte pour le titre de l’homme de la rencontre. Aucun autre joueur n’a été impliqué dans autant de buts en 90 minutes lors de cette campagne européenne.
3 – Leroy Sané est le 1er joueur à délivrer 3 passes décisives lors d’un match en phase à élimination directe de Ligue des champions depuis Franck Ribéry avec le Bayern Munich contre Bâle en mars 2012 en 8es de finale. Dynamite. pic.twitter.com/IoKVFD9rMi
— OptaJean (@OptaJean) 12 mars 2019
« T’inquiète, je gère »
Parce que quand les Sky Blues s’autorisent le droit de douter pendant la première demi-heure de jeu – peut-être par crainte du spectre de la remontada –, Sané, lui, choisit de rassurer tout le monde. Quand il ne marque pas, il fait marquer les autres. Raheem Sterling d’abord, avec un bijou de passe en profondeur. Bernardo Silva ensuite, avec un caviar en retrait. Phil Foden enfin, avec cette petite pichenette qui permet au gamin de dix-huit ans d’inscrire le premier but européen de sa jeune carrière.
Finalement, alors que Pep Guardiola montrait quelques signes d’inquiétude en changeant sa charnière centrale Otamendi (suspendu) – Kompany (blessé) par la paire Danilo-Laporte, Leroy Sané lui a fait comprendre qu’il n’avait aucune raison de s’en faire puisque tout le spectacle s’est déroulé dans la zone adverse. De quoi convaincre son entraîneur de lui accorder sa confiance d’ici la fin de la saison ? Une dernière statistique pour le plaisir : Leroy Sané a planté lors de ses trois dernières apparitions en C1. Le dernier Allemand à avoir fait ça ? C’était Marco Reus, lors de l’exercice 2014-2015. On peut déjà imaginer que Joachim Löw se frotte les mains à l’idée de voir ces deux-là à l’œuvre.
En conclusion, faut-il rappeler qu’il n’a « que » 23 ans ? Et que son nom se prononce à la française en hommage à… non, stop. Il est temps de cesser de ressasser le passé et de se tourner vers l’avenir. Sané fait partie des meilleures jeunes joueurs de cette planète et ce match peut compter parmi ses récitals de référence. Si l’Allemagne se demandait qui serait son nouveau Kaiser, elle l’a trouvé : il s’appelle Leroy.
Par Julien Duez