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- Allemagne-France (2-2)
Le K Presnel
Si la France a pris un but à la dernière seconde, c'est en grande partie à cause de la déconcentration de ses défenseurs. Deschamps possède pourtant la solution à ce problème sur son banc avec Kimpembe, mais il refuse toujours de l'utiliser.
Les Bleus peuvent pousser un ouf de soulagement. Les buts à la dernière seconde sont parfois dramatiques, catastrophiques, impardonnables, synonymes de fin du monde pour l’équipe qui les encaisse, mais grâce à la magie des matchs amicaux, celui qu’a pris l’équipe de France ce soir est juste rageant. Coller un 2-1 aux champions du monde en pleine Rhénanie aurait eu de la gueule, évidemment, mais la frappe finale de Lars Stindl en a décidé autrement. Bon, tant pis. Il n’y a pas mort d’homme après tout. Encore plus important, il n’y a pas de conséquence sur une éventuelle élimination ou autre, et ça, c’est une bonne nouvelle. L’autre raison de garder la banane, c’est qu’avant de laisser la porte ouverte à cette égalisation qui fait tache, les Bleus ont montré un paquet de belles choses. De la technique, des belles phases de jeu, des constructions malines comme tout. Oui, sauf que même après un match amical agréable et bien géré, le banc des accusés ne doit pas rester vide. Qui pour prendre place à côté des bouclettes fainéantes de Rabiot, le fantôme dégingandé d’1,90m qui traînait au milieu de terrain ? Une logique froide et presque cruelle voudrait y placer la défense française. Cruelle, parce que dans les faits, les Bleus ne se sont pas troués défensivement. Mandanda a réussi quelques interventions sympathiques, Umtiti a dévoré ceux qui l’ont défié, et Varane… a fait du Varane. Mais cette égalisation à la dernière seconde laisse un goût amer et donne très envie d’imaginer une défense où figurerait un joueur qui ne se relâche jamais, même quand il ne reste que dix secondes à jouer. Un garçon nommé Kimpembe, par exemple.
Pas de débat
Imaginer une charnière composée de Samuel Umtiti et de Presnel Kimpembe a de quoi filer des frissons. Avec la dalle du premier et le short remonté jusqu’aux cojones du deuxième, l’affiche du film aurait fière allure et permettrait de sortir un peu du schéma obtus qui, jurisprudence Desailly-Blanc oblige, voudrait qu’une bonne défense soit composée d’un chien de garde à fond dans le physique et d’un relanceur plus technique au sens du placement scientifique. Un duo bon flic/méchant flic en vogue auprès de certains coachs, et qui laisse peu de place à ces fameux défenseurs dont on dit qu’ils ne sont « pas assez complémentaires » avec l’autre membre de la doublette. Le souci, c’est que Deschamps n’a jamais abattu la carte Kimpembe. Obnubilé par son monstre à trois têtes Koscielny/Varane/Umtiti, l’ami Didier est du genre à laisser le reste du monde sur le bas côté en sacrifiant pour l’instant la carrière internationale du Parisien sur l’autel de la stabilité. Du coup, plus d’un an après avoir été pour la première fois aux boums de Clairefontaine, Kimpembe n’a toujours pas dansé un seul slow. En conférence de presse d’avant-match, Deschamps avait répondu sur le cas Presnel en enfilant son costume habituel de menuisier à langue de bois : « Kimpembe est en constante progression(…)Il dégage de la sérénité et de la tranquillité, c’est pour ça qu’il est là. Ma rotation s’est effectuée plus sur Varane, Koscielny et Umtiti, mais si Kimpembe est là, c’est que j’ai confiance en lui. » Une façon polie de dire que le débat n’existe même pas dans sa tête. Espérons juste que Deschamps n’attende pas que la France mange un but à la dernière minute en finale de Coupe du monde pour retirer ses œillères.
Par Alexandre Doskov