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Le joyeux bordel anglais

par Mathieu Faure
Le joyeux bordel anglais

Même si le championnat anglais, tradition oblige, ne s'arrête pas durant les fêtes, on s'est quand même laissé aller à un premier bilan scolaire de cette première partie de saison. Les bons élèves sont surprenants, les déceptions aussi, quand aux futurs redoublants, c'est déjà triste.

Les très bons élèves

Arsenal : Huit ans qu’on se moque de tonton Arsène et de son palmarès vierge. Huit piges. C’est long. Beaucoup trop long. Alors Arsène s’est fâché et a changé ses habitudes. Depuis trois ans, il passait ses étés à vendre ses meilleurs joueurs (Fàbregas, Nasri, Song, Van Persie). Pour une fois, il a fait l’inverse : il a investi. Et quand tonton sort le chéquier, ça fait mal : Mesut Özil et ses yeux de Gollum sont arrivés à Londres et, comme par magie, la machine à lose s’est transformée en leader solide de Premier League. Derrière l’Allemand, on a surtout (re)découvert un homme : Aaron Ramsey. Le Gallois marche sur l’eau depuis août. Arsenal, c’est beau, propre et pour le moment, ça file vers le titre.

Manuel Pellegrini : Il fallait des couilles pour reprendre en main le club le plus riche du Royaume après le bordel laissé sur place par Roberto Mancini en dépit d’un titre de champion en 2012. L’ancien titulaire du banc de Málaga, Manuel Pellegrini, est en train de parfaitement remplir sa fiche de poste. Avec le Chilien, City est en train d’écœurer tout le monde. Même le recrutement, pourtant loin d’être clinquant en ce qui concerne la renommée, est une réussite. Que ce soit Álvaro Negredo, Fernandinho ou Jesús Navas, tout fonctionne. Et comme les tauliers sont stratosphériques en ce moment (Yaya Touré, Nasri, Silva et Agüero), ça donne de la dynamite à tous les matchs (53 buts inscrits en 18 journées). Avec les Gunners, City est l’autre immense favori pour le titre. Peut-être même LE favori. Hasard ou pas, les Citizens vont enfin découvrir la Ligue des champions au printemps.

Luis Suárez : Un mutant. 12 matchs de championnat, 19 buts et des gestes d’une classe folle… L’Uruguayen est le joueur de cette première partie de saison. Et si Liverpool est actuellement à la lutte pour le titre (4e à trois points des Gunners), Suárez en est la principale raison. Habitué des colonnes « WTF » dans les tabloïds anglais, l’ancien lancier de l’Ajax a remis les pendules à l’heure en enfilant les buts comme un extra-terrestre. Actuellement, c’est la principale raison de regarder le championnat anglais. Un délice permanent. Dans son sillage, Suárez a su mettre en lumière des petits jeunes comme Flanagan, mais également le très bon Henderson, qu’Anfield attend à ce niveau depuis plus d’un an. Les Reds sont aujourd’hui une équipe.

Everton : Qui est l’équipe qui a perdu le moins de matchs en cette première partie de saison ? Bah, c’est Everton (deux défaites seulement). Pas mal pour une formation qui a changé tout son staff durant l’été (Roberto Martínez est venu remplacer David Moyes) et perdu l’un de ses meilleurs joueurs (Fellaini). Toujours aussi habiles dans le recrutement (Lukaku, Barry, Delofeu), les Toffees proposent maintenant du jeu. Ce que fait Martinez avec son équipe, c’est splendide. Pour la première fois depuis longtemps, Everton s’est même imposé à Old Trafford… Et puis, comment parler d’Everton sans mentionner Ross Barkley, ce génial joueur de 20 ans, déjà international, et promis à un destin XXL. Comme un certain Wayne Rooney.

Encouragements jusqu’à la fin de l’année

Southampton : C’est l’histoire d’une hype qui s’est logiquement transformée en belle histoire. De retour en Premier League l’an dernier, Southampton a mis une saison à apprendre. Tout en jouant. Cette saison, on est monté d’un cran dans l’exigence. Les ouailles de Pochettino, bien que dixièmes, apportent une vraie fraîcheur en Angleterre. L’équipe nationale a d’ailleurs pioché dedans depuis peu (Lambert, Lallana, Rodriguez). Pour le club, longtemps catalogué comme meilleur centre de formation du pays (Walcott, Shaw, Oxlade-Chamberlain, Bale, Le Tissier), il se pourrait que la roue tourne et que les pépites veuillent rester à la maison pour faire grandir l’ensemble.

Adnan Januzaj et Wayne Rooney : Dans la triste première partie de saison du champion en titre (septième seulement), il y a eu deux éclaircies. La première est venue du pied gauche d’Adnan Januzaj, 18 ans, et relève de la formation mancunienne depuis son énorme doublé à Sunderland. Depuis, le môme a déjà prolongé son contrat avec MUFC et s’invite régulièrement dans le onze de Moyes. La seconde éclaircie est moins surprenante. C’est Wayne Rooney. Inégalable en numéro 10. Après avoir passé son été à bouder, le meilleur joueur anglais du moment a remis son équipe dans le rythme. United est encore à la traîne, mais cela aurait pu (dû) être pire sans Shrek…

La French touch de Newcastle : On s’est longtemps moqué de « Châteauneuf » l’an dernier, mais force est de constater que les Français de Newcastle carburent. Entre Loïc Rémy, Moussa Sissoko, Hatem Ben Arfa, Yoan Gouffran ou Yohan Cabaye, Newcastle se porte bien et marque des buts. D’ailleurs, les Français sont quasiment les seuls à planter des banderilles. Avec une belle sixième place à mi-parcours, on peut dire que l’adaptation est réussie.

Le retour de Mourinho : On attendait quand même mieux de lui. Certes, son Chelsea est un beau troisième (à deux points du maillot jaune) avec un Eden Hazard injouable, mais dans l’ensemble, on s’ennuie toujours autant avec le Mou et ses Blues. Solides mais chiants lors de son premier passage dans la capitale anglaise, José est moins solide mais son équipe est plus chiante à voir jouer. Pourtant, il a du matos sous la main (Hazard, Mata, Oscar, Schrürrle, Eto’o, Torres, De Bruyne, Wilian, etc). C’est efficace, mais pour le beau jeu, on repassera.

Il faut vite se reprendre

Robin van Persie : Star incontestée et incontestable de United l’an dernier, le Batave connaît un sacré coup de pompe cette saison. Déjà, on le retrouve titulaire dans un endroit qu’il avait délaissé depuis trois ans : l’infirmerie (mollet, adducteur, orteil, mais surtout l’orgueil). Ensuite, il a du mal à faire des énormes différences dans le jeu, même si ses statistiques sont encore impressionnantes (11 matchs, 7 buts). Au final, le gaucher donne l’impression d’être à côté de ses pompes. Le départ de Sir Alex Ferguson lui a fait du mal. Dans son sillage, le fantôme de Shinji Kagawa règne quelque part dans les travées de Old Trafford. Quelle tristesse !

La défense de Tottenham : Cinq contre Liverpool, six contre City, bref, les Spurs ont passé des sales soirées en ce début de saison. Même Hugo Lloris semble moins rassurant. Et comme la mayonnaise offensive n’a jamais été agréable au goûter du temps d’André Villas-Boas, voilà Tottenham déjà avec un nouvel entraîneur, un Adebayor de nouveau titulaire et un après-Bale difficile à gérer (les recrues peinent à s’imposer, toutes sans exception). Seul le jeune Townsend a donné un peu de frissons. C’est peu. Trop peu pour une équipe qui a envoyé 100 millions d’euros sur le marché des transferts cet été.

Michu : Révélation de la saison dernière, l’Espagnol de Swansea connaît une deuxième saison plus compliquée. Avec seulement deux buts au compteur, Michu n’est plus à la mode. Qu’il semble loin le temps où son nom était murmuré du côté d’Arsenal. Avec une triste onzième place au CV, les Gallois accusent le coup. L’euphorie Michael Laudrup est passée. Même Wilfried Bony, recruté à prix d’or pour planter des buts, peine à s’affirmer dans un championnat d’hommes. Bref, à l’image de l’attaquant espagnol, chez les cygnes, on tire la tronche.

Le redoublement ? Pensez-y

Marouane Fellaini : 32 millions d’euros pour ça ? 8 petits matchs de championnat, aucun but, pas une accélération et un étrange sentiment de mollesse. Pour le moment, Fellaini est un énorme raté de recrutement pour MUFC. Acheté très cher pour densifier un milieu de terrain en manque de patron, le Belge n’en est pas un et n’en sera jamais un. Il peine déjà à s’incruster durablement dans le onze d’un entraîneur qui le connaît pourtant parfaitement… Pis, il est (trop) souvent blessé. Un calvaire.

Paolo Di Canio : L’entraîneur fou voulait révolutionner les méthodes d’entraînement des Black Cats. Pas de ketchup ni de mayonnaise durant les repas, des idées très arrêtées sur le management, bref, l’Italien avait des idées, mais pas les bonnes. Début septembre, il a été prié d’aller voir ailleurs. Moralité, à mi-parcours, le bordel est tel au club que Sunderland est bon dernier.

Dimitar Berbatov : L’homme à la première touche de balle la plus soyeuse du pays est en train de salement terminer sa carrière anglaise. Génie aux Spurs, efficace à United, Berbatov ne se respecte pas à Fulham (dix-huitième et premier relégable). Auteur de quinze buts l’an passé, le Bulgare n’affiche que trois petits buts à mi-parcours et s’avance salement vers ses 33 ans avec la relégation en point de mire. En marchant.

L’équipe type de la première partie de saison :

Krul – Zabaleta – Terry – Mertesacker – Baines – Ramsey – Fernandiho – Yaya Touré – Suárez – Rooney – Agüero.

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