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Le joyau de la couronne

Par Théo Denmat
Le joyau de la couronne

Après trois ans de travaux et plus d'un milliard d'euros dépensés, les Spurs verront enfin un match de Ligue des champions se disputer dans leur « Tottenham Hotspur Stadium ». Un bijou qui, s'il doit marquer le début de la nouvelle ère du club, pourrait aussi affecter négativement ses résultats sportifs. À commencer par cette saison...

« I don’t care about the stadium. » Une main dans les cheveux, un regard dans le blanc des yeux, et un grand doigt d’honneur virtuel à ces questions annexes qui relèguent le sportif au second plan. Il faut dire que depuis quelques jours, on le cherche un peu, Kevin De Bruyne. Si son déplacement de ce mardi à Tottenham n’a rien d’un long périple, c’est pourtant en terre inconnue que s’avance Manchester City en quarts de finale aller de Ligue des champions. Et pas de peuple Van Gujjar ou de Koji au programme, on parle là d’un stade flambant neuf. À en croire ceux qui y ont déjà mis un pied, c’est presque s’il sent encore la peinture. La rumeur raconte même que l’on peut y croiser Valérie Damidot en train de frotter l’un des 773 urinoirs que compte l’écrin.

Car depuis le 3 avril dernier et la réception de Crystal Palace en guise d’inauguration (2-0), on ne parle que de cela : le Tottenham Hotspur Stadium serait sans conteste le « plus beau stade du monde » , chiffres à l’appui. Or, les chiffres, Kevin De Bruyne « s’en bat les couilles » . Les 62 062 places, deuxième plus grande enceinte d’Angleterre derrière Old Trafford, un détail. Une boutique de 2000 mètres carrés (record européen), un bar de 60m de long pouvant servir 10 000 pintes à la minute (qui a besoin de ça ?), un hôtel, un musée, une galerie d’art, un mur d’escalade géant, 32 ascenseurs, 1800 écrans de télé, 7 escalators, un restaurant étoilé… du chichi. Après trois ans de travaux, les Spurs accueillent ce mardi le premier match de Ligue des champions dans leur nouvelle pépite, précisément construit pour ces soirées.

Pari risqué ou premier étage de la fusée ?

Suite de la citation, pour y voir plus clair : « Je m’en fiche du stade, je m’intéresse à l’équipe que l’on va jouer. Tout le monde parle du stade comme si c’était quelque chose de spécial. Tout le monde a un stade. Tout le monde a des supporters. » Citation en forme de : « C’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens » , car aussi belle que soit la nouvelle enceinte à 1,16 milliard d’euros de Tottenham, le résultat du soir ne dépendra pas d’autre chose que des joueurs alignés sur la pelouse, une question devenue centrale depuis quelques mois pour les Spurs. Car comment financer une telle folie ? Si les citations grandiloquentes de Pochettino – « Chaque élément du THS est le meilleur que j’ai vu dans ma vie, on ne peut pas le comparer à quoi que ce soit d’autre. » – ne doivent pas être soumises au doute, certaines voix outre-Manche ne peuvent s’empêcher d’y voir un évident intérêt marketing. Leur porte-drapeau ? Rob Wilson, économiste du sport à l’université de Sheffield Hallam, dont le principal sujet d’étude depuis plus de quinze ans réside dans l’analyse de l’impact économique des évènements sportifs.

Interrogé par l’AFP et repris partout depuis, le bonhomme prédit qu’il est « fort probable que nous soyons confrontés à une situation de type Arsenal, dans laquelle les coûts de remboursement du stade seront la priorité dans les décisions financières » . Même constat et même référence pour Tom Cannon, professeur de management à l’université de Liverpool et chroniqueur régulier du Guardian et du Financial Times, qui ajoute que « lesSpurssont les moins visibles et connus à l’international » du Big Six anglais, le stade n’aidant en rien à la renommée et, par voie de fait, à la vente de produits dérivés. Car là est tout le nœud du problème : effectivement, l’Emirates Stadium construit entre 2004 et 2006 pour 700 millions d’euros (fourchette haute) avait obligé Arsène Wenger à adapter sa politique de recrutement. Et si, aujourd’hui, les seules loges du stade rapportent plus d’argent que la recette totale d’Highbury à l’époque, il a fallu passer par une décennie de pain sec, menu seulement préservé par les mannes financières découlant des qualifications obligatoires en C1. Et, coïncidence ou pas, Tottenham est le seul club du Royaume à n’avoir rien dépensé sur le marché des transferts lors des deux derniers mercatos, été comme hiver.

Dégraissage massif

Viens alors la question de l’effectif. L’Evening Standard a fait flipper tout Londres cette semaine en annonçant un « dégraissage massif » de l’équipe l’an prochain, citant Trippier, Aurier, Rose, Alderweireld, Janssen, Nkoudou, Llorente, voire Lamela et Sissoko comme étant sur la corde raide. Sans parler de Kane, convoité, et d’Eriksen, qui entre en juin dans sa dernière année de contrat. Le principal levier de remboursement de Tottenham reposant sur ses droits TV, et donc, en conséquence, sur ses performances, le club de Daniel Lévy ne pourra pas se permettre une année à vide. Et si le popotin de Pochettino repose pour l’instant sur le troisième fauteuil du championnat, il est à portée de tir d’Arsenal, Chelsea, et ManU, avec un déplacement prévu à l’Etihad. Et une seule victoire sur ses six derniers matchs… contre Palace. Heung-min Son : « Bien sûr que les joueurs de City ne réalisent pas l’importance de notre stade, ils jouent toujours dans le leur. Nous, on en a presque été écartés pendant deux ans. » Pas faux.

« Il va falloir sortir un lapin de son chapeau financier, estimait donc ce bon vieux Tom Cannon à l’AFP. Le stade a été conçu pour attirer des investisseurs richissimes. Ce genre d’investisseurs veut dépenser dans du glamour, pas dans des briques et du mortier. Cela pourrait être la solution miracle : un investisseur du Moyen-Orient, de Russie ou d’Asie. » Raison, aussi pour laquelle Citizens et Londoniens joueront au-dessus d’un terrain rétractable aux normes NFL, avec lequel le partenariat comprend deux matchs par saison sur les dix prochaines années, couplé à plusieurs rencontres des Saracens. Alors, en attendant de savoir quelle marque écopera du naming du stade, dont le club aimerait tirer 23M par saison (un record, évidemment), Tottenham pourra enfin profiter en paix de ses tireuses à bière ultra-performantes. Pour noyer son chagrin ou célébrer sa joie, ça, ça reste à déterminer.

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Par Théo Denmat

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