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Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 6

Julien Mahieu
6 minutes
Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 6

Pendant toute la Coupe du monde, SO FOOT vous propose de vivre la compétition de l’intérieur, grâce au précieux (faux) témoignage de Benjamin Pavard, numéro 2 de l’équipe de France.

Mercredi 27 juin

Alors, il était pas beau, ce match ? Hahaha. Nan, mais sérieux, vous vous attendiez à quoi ? C’est m’sieur Deschamps le sélectionneur, les copains, hein, t’as cru qu’il allait jouer en 3-2-5 « attaque de folie » , prôner le joga bonito et qu’on allait gagner 8-2 ? T’as cru que tu allais prendre du plaisir dans un match où le point du nul suffit à m’sieur Deschamps ? Bah non, raté : on a fait comme d’habitude, on a pris le moins de risques possible, on a centré comme des couillons sur la tête des défenseurs danois pendant 90 minutes, on a vainement espéré que Griezmann réussisse enfin un geste technique dans ce tournoi, et à la fin du match, on leur a serré la main en leur souhaitant bonne continuation, et bon retour à la maison après les huitièmes…

Ils sont quand même bizarres, ces Danois, non ? Ils avaient l’air super contents de finir deuxièmes, ils nous ont même fait coucou en remontant dans leur bus, et puis ils sont partis gaiement se faire charcuter par les Croates comme si c’est exactement ce qu’ils avaient prévu depuis le début ; c’était terrible, on avait l’impression de revoir les supporters français à Moscou avant la rencontre qui espéraient voir « un beau match de Coupe du monde et surtout plein de buts » (autant dire que leurs espoirs, on les a pris, on les a déchirés, on les a ingurgités, on les a digérés et puis on les a largués sur une aire d’autoroute sur le chemin du retour).

La plus grosse frayeur qu’on a connue hier, c’est quand on a perdu Florian pendant de longues minutes au moment de repartir. À chaque fois qu’on remonte dans le bus, y a Guy Stéphan qui fait l’appel, et au moment où il a dit « Thauvin ? » , y a personne qu’a répondu. M’sieur Deschamps a sonné le branle-bas de combat, il a dit : « Il est hors de question que je laisse un de mes gars sur le champ de bataille ! » , et là, y a Guy Stéphan qui a demandé : « Même si c’est Thauvin ? » et là, il y a eu un grand silence, et m’sieur Deschamps a répondu : « Ouais, ouais, même Thauvin. Sinon je vais encore avoir des problèmes avec l’OM. » Finalement, on a retrouvé Florian au bout d’une demi-heure, quand le bus des Danois est réapparu sur le parking : il s’était glissé à bord en disant qu’il s’appelait Flonik Thauvinsen, histoire de gratter quelques minutes de jeu, et ça a bien failli marcher comme quand il s’était barré de Lille en loucedé pour signer à l’OM. Le sélectionneur danois était bien embêté, il a dit quelque chose comme « Pardonsen ! On n’a pas fait exprèsen ! » et Deschamps a mis fin à cette histoire en disant : « C’est pas grave, vous en faites pas. C’est pas pour ce qu’on s’en sert, mais vous savez ce que c’est, on s’y attache, à ces petites bêtes-là. » Et puis Florian est parti s’asseoir dans notre bus, à sa place, à côté d’Adil.

Bon, sinon, je crois pouvoir dire sans me vanter que j’ai enfin convaincu le coach que j’étais devenu un titulaire indiscutable dans cette équipe : Djibril Sidibé a réalisé mon plus beau match depuis le début de la compétition. Je sais pas trop ce qui lui est arrivé, mais chaque fois qu’il courait, on aurait dit que chacune de ses jambes essayait de se faire la malle dans une direction différente. Et quand il recevait le ballon, j’vous en parle même pas, y a la jambe gauche qui essayait de faucher la jambe droite, Djibril faisait ce qu’il pouvait pour reprendre le contrôle en hurlant : « Attention ça peut partir à tout moment ! » , les Danois n’osaient même plus s’approcher de lui. À un moment donné, il a essayé de négocier un ballon de la tête, il était seul sur son aile, eh bien croyez-le ou non, ça s’est transformé en passe millimétrée pour un Danois seul aux seize mètres, et à ce moment-là, m’sieur Deschamps a pris son petit carnet, il a sorti une gomme bleue, et il a gommé jusqu’à ce que la gomme traverse le cahier. Je pense que je serai titulaire en huitièmes de finale.

Remarquez, il n’y a pas que Djibril qui est passé à côté : il y a aussi Thamos Lamer. C’est comme ça qu’on appelle Lemar depuis son match d’hier, parce qu’on refuse de croire que c’est le joueur de Monaco qui est avec nous en Russie. Je sais pas lequel des deux l’Atlético de Madrid a acheté, et apparemment eux aussi ils ont des gros doutes parce qu’ils arrêtent pas d’envoyer des textos à Lucas et Antoine en leur demandant de leur expédier un cheveu de Thamos histoire de faire une analyse ADN. Il était tellement nul qu’à chaque fois qu’il récupérait le ballon, y a N’Golo qui se retenait de le tacler avant qu’il le rende à l’adversaire.

Heureusement qu’il est là, N’Golo, d’ailleurs… Au début du match, quand m’sieur Deschamps a donné ses consignes, il a dit : « Bon, les gars, on va faire comme d’habitude. En défense, vous restez bien positionnés, et vous attendez que N’Golo chope le ballon, d’accord ? Au milieu de terrain, bon bah vous prenez pas trop de risques, et vous essayez de ne pas trop gêner les courses de N’Golo, ok ? Et pour se procurer des occasions, c’est facile, vous attendez que N’Golo vous fasse une bonne passe, ça marche ? » Le problème, c’est qu’il a oublié de demander à N’Golo de marquer des buts, du coup bah ça a fait 0-0.

À la fin du match, il y a un supporter mécontent qui nous a demandé : « Vous avez pas honte de faire un match pareil alors qu’on a fait des milliers de kilomètres pour venir vous voir ? » et la vérité, c’est qu’on a surtout honte de faire des matchs pareils alors que N’Golo il est là, à courir comme un dératé, comme un hyperactif sous ecstas, comme un diabétique au marché de la sucette, comme Laurent Wauquiez sur un petit marché de province rempli de petits vieux et de caméras. N’Golo, rien que de le regarder jouer, je suis crevé. N’Golo, c’est le videur d’une boîte où personne ne rentrera jamais.

Même pas Leo Messi, j’espère.

Bref, nous voilà en huitièmes de finale contre l’Argentine. Il va falloir qu’on se mette au travail pour de bon, je crois bien. Je vous dis à très bientôt. La prochaine fois qu’on se parle, on sera sur le chemin de la gloire, ou sur le chemin du retour.

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Julien Mahieu

Cet article est bien évidemment une fiction, et est réalisé en partenariat avec Volkswagen.

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