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Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 3

Julien Mahieu
6 minutes
Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 3

Pendant toute la Coupe du monde, SO FOOT vous propose de vivre la compétition de l’intérieur, grâce au précieux (faux) témoignage de Benjamin Pavard, numéro 2 de l’équipe de France.

Mardi 5 juin

Aujourd’hui, on a eu la visite du président de la République et de son épouse, à Clairefontaine. J’aime autant vous dire qu’il est assez populaire chez les footballeurs, Emmanuel Macron : on s’intéresse pas trop à la politique, par chez nous, mais on n’est pas plus cons que les autres pour savoir ce qui nous arrange, croyez-moi. Être joueur de football professionnel dans la France de Macron, c’est un peu comme être petit, technique et de préférence espagnol dans une équipe de Pep Guardiola : tu sens que t’es tombé au bon endroit. Bref, quand il est arrivé, au lieu de l’attendre avec les autres, en rangs d’oignon dans le réfectoire, on a couru l’accueillir à la descente de l’auto.

C’est plutôt un chic type, en fin de compte, le président Macron. Il a tenu à serrer la main de tout le monde, et il s’est même un peu attardé avec Steve, Adil et Florian. En les apercevant, il a levé les bras en criant : « Mes chouchous ! » et puis il a discuté avec Florian de tout ce qu’il devait faire pour « mettre en banqueroute » les Australiens. Flo a écouté très poliment, mais à la fin, il a dit : « Vous savez, monsieur, je ne crois pas que je vais être titulaire. » Macron a jeté un œil autour de lui, et puis il a murmuré : « T’en fais pas, j’ai pris mes dispositions : s’il ne vous met pas titulaires, toi et Steve, je lui envoie un contrôle fiscal et je déclenche un 49-3 pour vous mettre quand même tous les deux dans l’équipe. » C’est le moment qu’Adil a choisi pour demander : « Pour nous mettre tous les trois dans l’équipe, vous voulez dire, monfieur le président ? » Et Macron a répondu : « Je suis président, je dois penser avant tout à l’intérêt des Français. »

Après, Macron s’est mis à côté de notre capitaine Hugo Lloris pour faire un petit discours et une séance photos. Un journaliste a demandé à Hugo de se décaler un peu parce qu’il était devant Brigitte Macron, et là Benji Mendy a crié : « Oh non, le découragez pas, monsieur : pour une fois qu’il bouchait un angle ! » , on a bien rigolé. Derrière Emmanuel Macron, il y avait notre président à nous, qui s’appelle Noël Le Graët. Nous, on l’appelle « The Graëtest One » . On sait pas trop à quoi il sert, à part commenter le statut de Benzema de temps en temps. En ce moment, sa grande marotte, c’est de nous refiler des exclus sur les transferts. D’ailleurs, pendant que Macron serrait toutes les paluches du hameau, je l’ai entendu glisser à m’sieur Deschamps : « Didier t’as vu ? À ce qu’il paraît, Vieira va signer à Saint-Étienne, mes sources m’ont dit que ce n’était plus qu’une question de minutes. »

Cet après-midi, pour changer un peu, on a fait une petite séance balle au pied. Ça nous a fait du bien, parce qu’en ce moment, les séances sont plutôt axées sur le physique, on passe notre temps à courir, à courir, et à courir encore, et à voir N’Golo nous prendre des tours de terrain, j’vous jure que c’est pas évident. Bref, quand il a vu qu’on allait faire un peu de foot, Adil est sorti en courant du local des plots et des chasubles où il se glissait depuis une semaine, et il s’est mis en tête d’apprendre à Lucas et Djibril comment réussir « un contrôle parfait pour pouvoir relancer au millimètre près dans les pieds de Mitroglou, mais ça marche aussi avec Giroud » . En voyant ça, m’sieur Deschamps s’est gratté la tête pendant très longtemps, et puis il s’est gratté le menton très longtemps, et puis il s’est griffé le visage très fort, alors on a arrêté l’entraînement.

Dimanche 10 juin

Dites, vous la sentez monter, ma hype ?

Hier soir, on a joué notre dernier match de préparation face aux Américains, et ça ne s’est pas tout à fait passé comme prévu. Déjà, au départ, on devait jouer avec Nabil titulaire, sauf qu’il était au téléphone avec son agent, et il criait tellement fort que ça faisait trembler les portes du vestiaire, alors m’sieur Deschamps n’a pas trop osé le déranger, donc il a mis Blaise au milieu de terrain. Et on a fait match nul.

J’ai essayé de sauter haut comme Cristiano Ronaldo.

Je sais pas comment c’est possible, parce qu’on a tiré environ 240 fois au but, et les autres une ou deux fois seulement, et pourtant ça a fait 1-1. Tout ça parce que Djibril a voulu tenter le fameux contrôle « à la Rami » , et que ça a fini dans les pieds d’un Ricain, et en ce moment quand tu es attaquant et que tu tires vaguement en direction des buts de l’équipe de France, tu peux être sûr qu’Hugo va terminer le boulot sans fioritures. Sur le banc, à côté de moi, il y avait Steve Mandanda qui se tenait bien droit pour être impeccable chaque fois que la caméra ferait un zoom sur lui après une boulette d’Hugo, et Adil qui nous expliquait que le contrôle raté de Djibril, c’était pas sa faute, c’était la « malédicfion des Dzibril » : chaque fois qu’un Djibril s’apprête à disputer une Coupe du monde, il se foire complètement en préparation, soit en loupant des contrôles comme un Poussin, soit en s’éclatant le tibia-péroné en quatorze morceaux contre la Chine. À ce qu’il paraît, c’est inévitable. Et là, Noël Le Graët nous a glissé que, selon un de ses contacts en Bourgogne, Djibril Cissé était sur le point de s’engager à l’AJA pour cinq ans.

Puis m’sieur Deschamps m’a fait signe d’entrer à la place de Djibril le Maudit. Et là, accrochez-vous bien, j’entre en jeu à la 73e minute, et à la 78e minute, je fais une passe millimétrée à Mbappé pour le but de l’égalisation. Efficacité, productivité : ça a dû plaire à notre nouveau pote Emmanuel.

Du coup, on a fait match nul 1-1, c’est vraiment pas terrible avant de partir en Russie. Heureusement, le public français nous a exprimé tout son soutien en sifflant copieusement Paulo, qui était l’un des meilleurs sur le terrain. On parle souvent de la « cote d’amour du public français pour sa sélection » , mais à ce que je sache, l’amour c’est réciproque, et notre public, parfois, il fait pas beaucoup d’efforts pour nous séduire, hein… Remarquez, moi, je m’en fous, parce que les autres cibles des supporters, c’est Benji Mendy et Djibril le Maudit : y a deux semaines on croisait les doigts pour qu’ils soient rétablis pour le Mondial, et maintenant tout le monde a décrété qu’ils étaient des pipes et que Deschamps devait nous mettre titulaires, Lucas et moi. C’est beau, quand même : les trois quarts des gens ne savent même pas si je joue à Hambourg, à Francfort, à Stuttgart ou à Mayence, et pourtant ils ont décrété que j’étais meilleur que Djibril le Maudit. La hype, je vous dis !

Bon, je vous laisse, on file pour l’aéroport, on part pour la Russie. La prochaine fois qu’on se cause, on aura joué les Australiens !

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Un commentateur tout près de se prendre le ballon en pleine tête
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Julien Mahieu

Cet article est bien évidemment une fiction, et est réalisé en partenariat avec Volkswagen.

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