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Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 2

Julien Mahieu
6 minutes
Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 2

Pendant toute la Coupe du monde, SO FOOT vous propose de vivre la compétition de l’intérieur, grâce au témoignage précieux (et complètement inventé) de Benjamin Pavard, numéro 2 de l’équipe de France.

Mardi 29 mai

Hier soir, on a disputé notre premier match de préparation contre l’Irlande. On va dire que c’était l’adversaire idéal pour se mettre en jambes, hein… Les Irlandais, ils sont forts en rugby, ils sont forts en bière, ils sont forts en espaces verts et en moutons, mais le football, c’est pas trop leur truc. Et pourtant, ils étaient comme à la maison au Stade de France, parce qu’il pleuvait des seaux de flotte : ça a commencé en match de foot, ça a failli se terminer en ventre-et-glisse. On est tous rentrés aux vestiaires complètement trempés, sauf Coco Tolisso, qui a réussi à passer entre les gouttes et entre les Irlandais. Même N’Golo était impressionné.

C’est Olivier qui a marqué le premier but et on n’a toujours pas compris comment. Les journalistes, ils disent qu’il a marqué « dans son style caractéristique » . Je sais pas trop ce que ça veut dire, mais si son style caractéristique, c’est de pousser le ballon et la moitié de l’équipe adverse au fond des filets en donnant des gros coups de tatane, alors oui, c’était très caractéristique. Monsieur Deschamps m’a fait entrer à dix minutes de la fin du match, sur le côté droit. Chaque fois ça me rassure, je me dis qu’il n’a toujours pas remarqué que c’était pas mon poste…

J’étais ravi d’être sur la pelouse, mais comme j’avais oublié mon masque et mon tuba, je sais même pas si le ballon est venu dans ma zone ou pas. J’ai vaguement essayé de me situer grâce à quelques repères visuels, le poteau de corner derrière moi, le plat de spaghettis qui clignotait sur la tête de Prunelle à ma gauche, les gros « bang » quand Ousmane franchissait le mur du son devant moi, mais honnêtement j’aurais pu me retrouver sur le parking du stade sans m’en rendre compte. De toute façon, y avait pas grand-chose à craindre, parce que les Irlandais, chaque fois qu’ils avaient le ballon, ils couraient droit devant eux jusqu’à s’emplâtrer dans les panneaux publicitaires, ça m’a rappelé l’enterrement de vie de garçon que j’ai fait avec des copains à Dublin.

On a gagné 2-0. Ce qui n’est pas tellement fou-fou face à des branlicots pareils…

Chez les chasubles bleues, ils ont de la chance, ils ont Olivier. Moi, j’ai Adil.

Jeudi 31 mai

Pendant qu’on mangeait nos Chocapic au petit-déjeuner et que N’Golo terminait de tondre les 60 hectares autour du château, on a discuté des rumeurs de transfert qui nous concernent. Nabil a refusé de nous dire s’il avait déjà signé pour Liverpool, Antoine a confirmé qu’il serait sûrement un joueur du Barça la saison prochaine, Adil a annoncé solennellement qu’il resterait un joueur de l’Olympique de Marseille la saison prochaine, Antoine a révélé qu’il décidait finalement de rester un an de plus à l’Atlético, Thomas a bredouillé qu’il espérait qu’Arsenal était toujours intéressé par sa venue, Antoine a soupiré en disant que le Barça était un club qui ne pouvait pas refuser, et puis là j’ai dit que Dortmund me voulait, mais que mon club demandait 50 millions contre mon transfert. Là, il y a eu un grand silence, tout le monde me regardait bizarrement, j’ai entendu Benji dire à Raphaël : « Nan, mais laisse tomber, le type il m’a dit qu’il sortait avec une Miss France, c’est un mytho » , et puis Paul m’a demandé : « Mais en fait, t’es pas un préparateur physique ? » , et puis Blaise a demandé : « Tu joues dans quel club, déjà ? » J’étais un peu vexé.

L’après-midi, on s’est rassemblés dans la salle télé pour la conférence de presse de Zizou. Même Raphaël n’était pas au courant de ce qu’il allait révéler. Ça a nous fait un sacré choc, surtout à m’sieur Deschamps. On a tous vu une énorme goutte de sueur sur sa tempe, mais il essayait de rester naturel, il souriait de toutes ses den… il souriait de toutes ses gencives, et il a dit « Bon bah on va aller terminer la mise en place tactique pour affronter les Italiens, si ça ne vous dérange pas. »

« Il a dit quoi, Zizou ? »

Samedi 2 juin

Qu’est-ce qu’on leur a mis, aux Italiens ! M’sieur Deschamps avait décidé de me mettre titulaire, en plus, et je crois pouvoir dire que j’ai saisi ma chance. Le premier but, d’ailleurs, c’est un peu grâce à moi, je t’ai fait un de ces centres brossés à la Sagnol 2006, pile sur Kylian au deuxième poteau, je crois que le coach a apprécié. J’ai fait comme il m’a dit à l’entraînement, j’ai « levé la tête pour prendre l’information » , j’ai vu le très bon appel de Kylian, je l’ai entendu hurler : « Très cher ami, je suis actuellement libre de toute velléité de marquage, il serait donc extrêmement judicieux de me faire parvenir la sphère de cuir, afin que je la projette au fond des filets adverses avec un enthousiasme non dissimulé ! » , et c’est Umtiti qui a terminé le boulot.

Le deuxième but, c’est Antoine qui l’a marqué sur penalty. Il avait demandé avant le match à ce qu’on fasse tous la même danse que lui s’il marquait, je peux vous dire que c’est pas un hasard si je suis arrivé en retard. Vous les avez vus, ces cons-là, à danser comme des Slovènes à l’Eurovision ? J’vous jure, on peut pas aller à la Coupe du monde comme ça, c’est pas sérieux ! Si encore Antoine jouait à des jeux vidéo d’adulte… Mais Fortnite, quoi ! Franchement, Antoine, tu veux pas non plus qu’on fasse semblant d’attraper des Pokémon ? En plus, vous allez voir que d’ici le Mondial, il fera la même célébration dans une pub, et qu’on va se taper cette connerie pendant des mois… Remarquez, Paul était super content de participer à la célébration d’Antoine, c’était sûrement son action la plus réussie du match.

Et puis c’est Ousmane qui a marqué le troisième en nettoyant la lunette de Sirigu. C’est un super joueur de foot, Ousmane, mais chaque fois qu’il accélère, tout le monde se prend la tête à deux mains en espérant qu’aucun adversaire ne se foute en travers de son chemin, parce qu’à des vitesses pareilles, ça se finirait comme dans une pub de la Sécurité routière. On n’a plus qu’un seul match à jouer avant le début de la Coupe du monde, et ce sera contre les États-Unis. C’est promis, je vous raconterai tout ça.

J’aime me balader.

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Julien Mahieu

Cet article est bien évidemment une fiction, et est réalisé en partenariat avec Volkswagen.

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