- Fiction
- En partenariat avec Volkswagen
Le journal de Benjamin Pavard – Épisode 1
Pendant toute la Coupe du monde, SO FOOT vous propose de vivre la compétition de l’intérieur, grâce au précieux témoignage de Benjamin Pavard, numéro 2 de l’équipe de France.
Mardi 22 mai
Salut tout le monde ! Figurez-vous qu’on va partir dans une grande aventure, là. Je ne sais pas du tout comment ça va se passer, alors je ne peux rien vous promettre, ça peut se terminer sur les Champs-Élysées à chanter « la la la » ou dans un autobus paumé au fin fond de la Sibérie. Nous, on peut finir avec la légion d’honneur à l’Élysée ou se faire traiter de racailles à l’assemblée… Mais s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que ça promet d’être folklo, et que ça mérite d’être raconté.
Je sais pas trop si vous me connaissez : je m’appelle Benjamin, et je joue à Stuttgart, en Bundesliga. C’est une assez bonne équipe, vu qu’on a fini 7e, et surtout on a terminé la saison en beauté, avec les copains, en allant gagner 1-4 sur la pelouse du Bayern. Bon, en face, ils n’en avaient plus rien à péter, ils attendaient juste de pouvoir se verser de grands seaux de bière tiède sur la tête, mais quand même, on a fait tomber le champion. Même que j’avais Lewandowski au marquage toute la soirée, et je peux te dire que le Gros Robert, je te l’ai transformé en Petit Larousse, il va pouvoir réviser ses conjugaisons, le machin…
Et puis après il y a eu l’annonce des sélectionnés pour la Coupe du monde. Je dois avouer que j’en menais pas trop large ! Bon, ça s’est plutôt bien passé les dernières fois que monsieur Deschamps a fait appel à moi, mais on sait jamais, il pourrait finir par se rendre compte qu’en fait, je joue pas du tout arrière droit, et arrêter de me convoquer en doublure de Sidibé, hein ! Ou alors il est vraiment en galère pour le poste de latéral… Si ça se trouve, il veut faire de moi le nouveau Thuram ! Il s’est dit que ça avait marché en 1998 avec Jacquet, donc il fait tout pareil vingt ans plus tard : il prend un défenseur central pour l’aligner à droite. De toute façon, c’était quoi les autres options ? Debuchy ? Le mec, y a 6 mois, tout le monde croyait qu’il avait pris sa retraite… Et pourquoi pas Christophe Jallet, pendant qu’on y est ?
Le seul qui m’inquiétait un peu, c’était Bouna Sarr. Alors lui, c’est quand même un grand mystère, son repositionnement, non ? Il était attaquant, tout le monde se foutait de lui, ensuite Rudi Garcia le fout derrière, et voilà que tout le monde parle de lui comme d’un prétendant sérieux pour le Mondial. Si ça se trouve, il n’y a aucun joueur nul, dans le monde, il y a seulement des mecs mal positionnés sur le terrain. Si ça se trouve, Valère Germain, c’est un super gardien de but, et personne ne s’en rend compte.
Bref, ça s’est bien passé, j’ai été convoqué dans les 23, et j’ai même versé une petite larme devant la télé quand monsieur Deschamps a prononcé mon nom.
Mercredi 23 mai
Ce matin je suis enfin arrivé à Clairefontaine avec tous les copains, et ça n’a pas été de tout repos. Comme on venait tous les deux d’Allemagne, j’ai pris l’avion avec Coco Tolisso. Il est sympa comme tout, Coco, on a passé le voyage à s’échanger des Panini (d’ailleurs, j’ai presque complété mon album, il me manque juste Asensio dans l’équipe d’Espagne et Nainggolan dans l’équipe de Belgique – qui est quasi introuvable paraît-il –, donc si vous les avez, faites-moi signe). En sortant de l’aéroport, on est montés dans un minibus qui devait nous amener jusqu’à Clairefontaine, sauf que le chauffeur a dû s’arrêter à quelques mètres de la grille en freinant super fort. Avec Coco, on n’a pas trop compris, au début, et puis des cailloux ont commencé à pleuvoir sur le toit et sur les portières, le chauffeur criait : « Oh putain oh putain oh putain ! » , Coco a hurlé : « Oh mon dieu, on va mourir, c’est les Corses qui nous attaquent ! » , et le chauffeur a répondu en essayant de faire marche arrière : « Nan c’est pire, c’est la mère de Rabiot, on est foutus, les gars ! » Il a fallu faire venir une compagnie de CRS pour la déloger, et ça a pris toute la matinée. La maman de Rabiot, elle se défendait comme une Zadiste, on a vraiment eu chaud.
Ensuite, on a pu s’installer au château. D’habitude, je partage ma chambre avec le petit Lucas Digne, mais comme il n’a pas été sélectionné, cette fois je me retrouve dans la chambre de Prunelle Kimpembe. Benjamin Mendy a fait une blague comme quoi ça ne change pas trop mes habitudes, vu que je suis toujours dans la chambre des puceaux. Là, j’ai dit à Benji que j’avais une copine, et que c’était une Miss France. Il y a eu un grand silence, et Benji m’a regardé avec la même tête que Kurzawa quand Deschamps essaie de lui expliquer un truc tactique. Et puis il est parti en disant : « Faut que je tweete quelque chose je vous laisse » . Pendant que N’Golo finissait de faire les lits de tout le château et qu’Hugo réparait le baby-foot qu’il avait cassé en essayant de faire une relance à la main avec le gardien, Prunelle m’a confié qu’il était un peu triste que son copain Adrien ne soit pas avec nous. J’ai essayé de le consoler un peu, mais la vérité, c’est que je suis bien content, parce qu’Adrien, il n’est pas super gentil avec moi, d’habitude, et à cause de lui ça sent la chicha dans notre chambre, l’odeur est imprégnée dans les murs.
Vendredi 25 mai
Pendant que la France entière se passionne pour un réserviste qui s’est pris pour Iniesta et qui a annoncé son départ, alors qu’en fait, il était même pas prévu qu’il vienne, nous on a commencé à préparer la Coupe du monde. Monsieur Deschamps voulait qu’on fasse une séance vidéo pour analyser le jeu de l’Australie, mais c’est Hugo, en tant que capitaine, qui s’est emparé de la télécommande pour appuyer sur HDMI 2. Alors là, je sais pas sur quel bouton il a appuyé, mais la télé a fait un drôle de bruit, et puis il y a de la fumée qui est sortie, Hugo a fondu en larmes, Steve a voulu débrancher la télé, il s’est pris un énorme coup de jus, les plombs ont sauté dans tout le château, et la séance vidéo a été annulée.
Ce midi, à la cantine, pendant que N’Golo cuisinait des pâtes pour vingt-deux personnes (normalement on est vingt-trois, mais Raphaël doit disputer la finale de Ligue des champions), je me suis assis à côté de Kylian. Il est trèèèès gentil, Kylian, hein… mais j’entrave pas un broc de tout ce qu’il raconte. En me voyant, il a refermé l’énorme traité de philosophie qu’il lisait, il a enlevé ses lunettes, et il m’a serré la main en disant « Quel bonheur de te retrouver en ces lieux, Benjamin ! Que cette chaleureuse assemblée me soit témoin de cette joie qui m’étreint de te voir parmi nous, ô cher ami ! » J’étais encore en train de chercher quoi répondre, mais heureusement on a été interrompus par Hugo qui a fait tomber son assiette de pâtes et qui s’est mis à pleurer en disant : « Mais qu’est-ce qui m’arrive, à la fin ? » Steve a gentiment plongé par terre pour ramasser les bouts d’assiette, mais il s’est coupé au doigt, alors il est parti se rasseoir à côté d’Alphonse, occupé à regarder sur son téléphone un best-of d’une douzaine d’heures de la carrière de Gigi Buffon, la tête entre les deux mains.
L’entraînement c’est bien.
Après manger, monsieur Deschamps a envoyé Moussa en repérage pour voir si la maman d’Adrien traînait autour des terrains d’entraînement, et comme c’était tranquille, on est sortis pour faire « une petite opposition » , comme a dit monsieur Deschamps. Évidemment, comme Raphaël n’est pas là, c’était compliqué de faire deux équipes équilibrées. Alors on a fait comme on a pu : on s’est donc mis à vingt et un contre N’Golo, et il n’avait pas le droit de jouer avec le pied gauche, pour qu’on ait une chance. On a perdu deux à un seulement, tout le monde était très content, surtout Olive, qui a réduit le score de la tête.
Allez, on se retrouve très bientôt, je vous raconterai nos matchs amicaux contre l’Irlande et l’Italie !
Julien Mahieu
Cet article est bien évidemment une fiction, et est réalisé en partenariat avec Volkswagen.