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Le Jour sans fin de Hambourg
Après trois journées, le HSV est bon dernier de Bundesliga avec un superbe bilan d'un nul, deux défaites, zéro but marqué, cinq encaissés. Le pire début de saison de l'histoire du club. Du coup, Mirko Slomka a été débarqué. Alors que se présente le Bayern, le cauchemar n'est pas près de se terminer.
« Well, what if there is no tomorrow ? There wasn’t one today. » Dans Un Jour sans fin (Groundhog Day en VO, ce qui est même plus classe et mignon), Phil Connors, incarné par l’immense Bill Murray, présente la météo pour une chaîne d’info locale américaine. (Warning : spoilers). Chaque année, le 2 février, il se rend à Puxatawney, Pennsylvanie, pour les festivités du Jour de la Marmotte, où ladite marmotte, elle-même nommée Phil, doit annoncer ou non la fin de l’hiver. Sauf que cette fois, il reste coincé dans cette charmante bourgade à cause d’un blizzard, s’endort dans son lit, et se réveille de nouveau le Jour de la Marmotte, au son de I got you babe de Sonny & Cher. Un scénario qui se répétera indéfiniment. L’incompréhension passée, Phil profite de cette faille pour draguer des filles en apprenant tout sur elles, manger énormément, voler de l’argent, apprendre à faire de la sculpture sur glace, bref, généralement n’importe quoi de marrant. Mais arrive un point où la situation devient invivable, et Phil tente par tous les moyens de mettre fin à ses jours. Il s’avère que les supporters du Hambourg SV sont eux aussi coincés dans une boucle spatio-temporelle pleine de désespoir, et doivent gérer cet insupportable et récurrent sentiment de déjà-vu. Au bout de trois petits matchs, les Rothosen sont déjà de retour à la place où ils ont passés la majeure partie de la saison précédente : tout au fond de la Bundesliga.
Trop peu de temps
Évidemment, un faux départ arrive même aux meilleurs d’entre nous – enfin, c’est ce qu’on se dit pour se rassurer. C’était même plutôt attendu dans les travées du Volksparkstadion ; le HSV a récupéré cet été presque assez de joueurs pour aligner un onze flambant neuf. Et des mecs plutôt pas mauvais en plus : Müller de Mayence, Behrami de Naples, Holtby prêté par Tottenham ou Green par le Bayern, ainsi que le transfert définitif de la révélation de la saison dernière, Lasogga. Sept petits nouveaux ont d’ailleurs été alignés par Mirko Slomka contre son ancien club, Hanovre 96, dimanche dernier, avec une défaite 2-0 à la clef. Le pire, c’est que les Hambourgeois n’ont pas été si catastrophiques que cela lors des 90 minutes.
Ils ont simplement été rapidement débordés par les Roten (aucun rapport avec Jérôme), encaissant deux buts en début de match, par Andreasen à la 13e et Sobiech à la 24e. Derrière, ils ont fait ce qu’ils ont pu pour colmater les brèches, mais le mal était fait, et le bateau hambourgeois coule. Un comble dans le plus grand port du pays. « L’équipe a besoin de plus de temps, nous savons cela » , a déclaré Slomka à la fin du match, ce qui ne manque pas de bon sens. Le board ne lui en a finalement pas laissé, et il a été débarqué dans la nuit de lundi. En même temps, son bilan est assez catastrophique, avec un seul petit point pris lors des huit derniers matchs de Bundesliga, acquis lors d’un pénible 0-0 contre Cologne en ouverture de la saison.
Nouveau coach pour nouvelle vie
La situation de Slomka était déjà précaire avant le début de la saison. Il ne devait d’ailleurs sa tête qu’au fait que ses joueurs avaient « battu » Greuther Fürth 1-1 en barrage grâce à la règle du but à l’extérieur, chère à Avi Assouly, après que ses rivaux pour le maintien avaient eux aussi connu leur propre série de défaites. Elle a fini par tomber. Mettre René Adler, international allemand et personnalité influente du vestiaire, sur le banc contre Gladbach l’année dernière n’était peut-être pas une si bonne idée, tout comme balancer dans Bild que ses joueurs ne fournissaient pas assez d’efforts.
C’est maintenant à Josef Zinnbauer, auparavant coach de la réserve, d’essayer de se réveiller. Un homme courageux et déterminé : « J’aime être aux commandes. Si les choses ne se passent pas bien avec l’équipe première, je ferais appel à des joueurs de la réserve et je ne ferais pas de prisonniers. Nous avons des joueurs assez bons en réserve pour évoluer en Bundesliga » , avant d’exposer sa vision du jeu, « ma philosophie sur le terrain est d’être dominant » . Pas vraiment gagné lorsqu’on reçoit le Bayern, vainqueur des cinq dernières oppositions, dont le fameux 9-2 de mars 2013. Mais Zinnbauer sait très bien que ce match ne compte pas vraiment, et pense sûrement très fort à l’exemple d’un de ses prédécesseurs. Dans une situation similaire, Thomas Doll, lui aussi promu de la réserve en octobre 2004, avait réussi à maintenir le club, puis à le qualifier en Ligue des champions la saison suivante. Une fin heureuse.
Par Charles Alf Lafon