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Le jour où Zidane a donné la leçon à Ronaldo

Par Julien Mahieu

Le 1er juillet 2006, sur la pelouse du Commerzbank-Arena de Francfort, à l’occasion d’un quart de finale de Coupe du monde entre la France et le Brésil, Zinédine Zidane donnera un récital qui forcera l’admiration de la Seleção. À commencer par son pote et adversaire d’un soir, El Fenomeno Ronaldo. À la manière de Thor, qui affronte son ancien allié au sein des Avengers, Hulk, pour sauver le royaume d’Asgard dans le nouveau film Marvel Studios Thor : Ragnarok qui sortira au cinéma le 25 octobre.

#1 - Zidane x Ronaldo

Lorsque l’équipe de France croise la route du Brésil en quarts de finale de la Coupe du monde 2006, Zidane et Ronaldo sont coéquipiers depuis déjà quatre ans sous le maillot du Real. L’amitié qui lie les deux génies du ballon rond remonte pourtant à trois ans plus tôt : lorsque Ronaldo subit avec l’Inter sa première grave blessure en novembre 1999 (rupture du tendon rotulien), Zidane, alors son adversaire juventino, prend l’avion pour lui rendre visite à la Pitié-Salpêtrière. Les deux hommes n’avaient jamais vraiment discuté auparavant : « À l’époque, je le connaissais en tant que joueur, mais pas en tant qu’homme. […] Je suis allé le visiter. Pour moi, c’était comme une évidence. Je me suis dit : il faut que j’aille le voir, lui dire que je l’apprécie, que le foot sans lui n’était pas pareil et que j’avais hâte de le revoir sur un terrain. […] Ça l’avait beaucoup touché. Tout a commencé à ce moment-là » , explique Zizou sur son site web. Ronaldo propose à Zidane de rejoindre avec lui le Programme des Nations unies pour le développement, et les deux joueurs organisent à partir de 2003 un match annuel « contre la pauvreté » pour récolter des fonds. Entre-temps, le Brésilien a rejoint à son tour son pote au sein de l’effectif cinq étoiles du Real Madrid, à l’été 2002. Et Zidane n’a pas oublié : « Quand je l’ai vu arriver… Je ne vais pas dire que c’est un rêve qui se réalisait, mais j’avais vraiment envie de jouer avec lui. Et pour moi, c’est le meilleur joueur avec lequel j’ai joué, c’est sûr et certain. C’est une belle personne, un grand pote. »

Des stars de tous les côtés

Entre 2002 et 2006, les deux compères animent le secteur offensif de l’armada de stars madrilènes, avant de se retrouver pour la deuxième fois opposés au cours d’une Coupe du monde, après la finale de la Coupe du monde 98, dominée de la tête et des épaules, surtout de la tête, par le Français. Zidane, auteur d’un doublé, contre son pote Ronaldo, auteur lui d’un doublé en finale en 2002… Ce 1er juillet 2006, les deux derniers pays champions du monde se font face, avec une cargaison de stars de part et d’autre (Cafu, Roberto Carlos, Kaká, Juninho, Ronaldinho et Ronaldo contre Thuram, Gallas, Vieira, Makelele, Ribéry, Henry et Zidane). Pourtant, jusqu’au coup d’envoi, tout ce beau monde semble faire abstraction de l’enjeu. « C’était Eurodisney dans le couloir, hein ! se souvient Fabien Barthez dans le documentaire Rendez-vous le 9 juillet. Tout le monde rigolait, « Ça va, toi ? », tout le monde était content… Tu joues un quart de finale de Coupe du monde, quand même ! Mais bon, ça s’explique pas, c’est comme ça… « Ça va, à la maison, tout va bien ? » Ça se passe comme ça, dans le couloir. Et en entrant sur le terrain, je savais qu’on allait passer. » Pas sûr cependant que Fabulous Fab’ s’attendait à la leçon de samba que vont recevoir les Brésiliens.

Repousser l’âge de la retraite

On ne remerciera jamais assez les Espagnols d’avoir réveillé le Maestro. Parce que Zidane, avant d’affronter la Roja en huitièmes de finale, fait un début de Coupe du monde relativement médiocre. L’homme de la Castellane a d’ores et déjà prévenu qu’il mettrait un terme à sa carrière après la Coupe du monde, et n’a pas vraiment brillé lors de la phase de poules, à l’image de ses coéquipiers d’ailleurs (qualification avec deux nuls et une seule victoire). Et pendant que les Espagnols se targuent de vouloir envoyer Zidane à la retraite, l’ex-joueur et futur entraîneur du Real prend conscience que chaque match éliminatoire qu’il dispute désormais est potentiellement le dernier de sa carrière. Le double Z met alors tout en œuvre pour repousser l’âge de la retraite, et parachève lui-même la qualification contre la Roja d’un contre-pied sur Casillas dans les arrêts de jeu (1-3) pendant que le commentateur espagnol s’égosille : « C’est Zidane qui nous a envoyés à la retraite ! »

C’est un Zidane investi d’une mission qui se présente donc face aux Brésiliens et à son pote Ronaldo en quarts de finale. Après les hymnes et une dernière accolade pour le Fenomeno, le meneur de jeu français, qu’on disait trop vieux et trop lent, dont on remettait même la titularisation en doute parce qu’il « ralentissait » le jeu des Bleus, réalise ce qui reste comme l’une des plus grandes prestations individuelles d’un joueur français lors d’un match de Coupe du monde. On joue depuis une trentaine de secondes seulement quand Zidane touche son premier ballon. Il pose le pied dessus et efface d’un simple râteau Zé Roberto et Juninho, avant d’enchaîner avec un passement de jambes pour déposer Gilberto Silva et tenter une passe en profondeur à Thierry Henry. Trente secondes de jeu et tout le Brésil a compris. En quelques pas de danse, Zizou vient de délivrer le synopsis de son œuvre ce soir-là : un festival de gestes techniques, de passes astucieuses, d’inspirations sublimes, et de dribbles chaloupés, jamais gratuits, et jamais ratés, qui feront dire à nombre d’observateurs que le plus Brésilien des joueurs sur la pelouse portait un maillot blanc et le numéro 10 dans le dos. On embarque pour 90 minutes de perfection.

À la 6e minute, il se joue de Gilberto Silva grâce à sa protection de balle avant de se retourner et de servir Makelele en retrait.
À la 13e minute, il réussit un contrôle en parapluie face à deux défenseurs brésiliens.
À la 28e minute, au contact avec Kaká, il ridicule le futur Ballon d’or en enchaînant trois jongles, puis en servant Thuram. Quelques secondes plus tard, il réalise face à Cafu un râteau pied gauche puis extérieur pied droit pour décaler Abidal dans son dos.
À la 37e minute, il dépose un caviar sur la tête de Gallas qui manque le cadre.
À la 44e minute, il élimine de deux feintes de corps Cafu et Gilberto Silva avant de lancer Vieira entre les deux défenseurs centraux.
À la 48e minute, il dépose un nouveau coup franc sur la tête de Vieira qui décroise un peu trop.
À la 56e minute, il réalise un subtil coup du sombrero au-dessus de la tronche de son pote Ronaldo.
À la 57e minute, il délivre une passe décisive à Thierry Henry, seul au second poteau. 1-0.
À la 58e minute, il remet un coup du sombrero, cette fois à Gilberto Silva.
À la 73e minute, il réalise une roulette face au même Gilberto Silva, qui a décidément pris cher ce soir-là.
À la 90e minute, il décale astucieusement Louis Saha dont la frappe en force ne trompe pas Dida.
Fin du match, qualification, rideau. « Jouer contre les Brésiliens, ça donne des idées » , résume Zidane avec le sourire quelques semaines plus tard.

Tous spectateurs

Ce soir-là, Ronaldo est réduit comme tout le monde au rôle de simple spectateur face à un artiste en train de réaliser ce qui restera peut-être comme sa partition la plus complète, en matière de technique, d’efficacité et de grâce absolue. « Zidane a été le magicien du match » , souligne d’ailleurs le Roi Pelé, qui en connaît un rayon en prestidigitation. À l’image de Roberto Carlos qui remonte ses chaussettes pendant que Titi Henry se carapate sans le moindre marquage pour fusiller Dida à bout portant, les génies brésiliens que tout le monde attendait, Ronaldinho, Kaká, Juninho et Ronaldo, sont restés muets pendant que Zidane s’exprimait. Il suffit d’observer le comportement des deux récupérateurs brésiliens tout au long de la rencontre pour comprendre : Zé Roberto et Gilberto Silva, qui jaillissaient sur Zidane dès sa première touche de balle en début de rencontre, pour l’obliger à jouer dos au but, ont peu à peu abandonné leur pressing, fatigués d’être éliminés trop facilement, et préférant laisser respirer le meneur de jeu des Bleus pour couper ses trajectoires de passe. Mais de toute façon, aucune solution n’était la bonne ce soir-là face au génie du double Z : avec ses Adidas dorées, il était tout simplement au-dessus du lot.

« C’est vrai que tout le monde attendait Ronaldo, Ronaldinho ou Kaká, mais Zidane a tout fait à lui tout seul. Il a été exceptionnel » , synthétise Micka Landreau. Jusqu’au coup de sifflet final, on a craint une réaction, un geste de génie de la part de l’armada offensive brésilienne, et rien n’est venu. Lorsque Ronaldinho obtient un bon coup franc dans le money time, il envoie la gonfle au-dessus de la barre et se prend la tête à deux mains. Et même Ronaldo, qui vient tout juste de battre le record de buts en Coupe du monde de Gerd Müller, est presque invisible de la première à la dernière minute de la rencontre, sortant seulement de sa boîte le temps d’une frappe vicieuse aux 20 mètres que Barthez dévie en corner. C’est tout. Le plus grand numéro 9 de tous les temps n’aura été qu’un figurant au second plan du chef-d’œuvre d’un ami qu’il s’est fait en 1999.

Thor : Ragnarok – Nouvelle bande-annonce (VF)

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