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Le jour où Xavi a débuté en Ligue des champions
Il y a bientôt 17 ans, Xavi Hernández faisait ses grands débuts européens avec son Barça. À ce déplacement à Old Trafford, conclu par un nul homérique, ont suivi 152 matchs de Ligue des champions pour le Pelopo. Retour sur le début de cette idylle.
Plus que vingt-deux tours de cadran avant la fin du temps réglementaire. Après un coup franc enroulé de David Beckham tout juste encaissé, Louis van Gaal se tourne vers son box des remplaçants et dégaine sa cartouche juvénile. Xavi et sa toute fraîche majorité sortent du banc pour recoller aux basques des Mancuniens. Short légèrement trop large, maillot estampillé du numéro 26, il prend numériquement la place du Brésilien Giovanni. Et s’offre son baptême du feu en Ligue des champions. De ce 16 septembre 1998, il reste un match nul homérique, mais inutile à Old Trafford (3-3), plus tard synonyme d’élimination, mais surtout les prémices de la plus longue histoire d’amour entre les grandes oreilles les plus attrayantes du continent et l’un de ses courtisans. Depuis ce jour, Xavi Hernández a rempli 153 feuilles de matchs, pour 132 titularisations, soit le total le plus élevé de la compétition. Ce monument humain vit sans doute sa dernière édition de Champions League. L’occasion, donc, pour les Blaugrana de lui rendre le plus vibrant et juste des hommages : offrir à leur capitaine son quatrième trophée européen.
« Je ne sais pas à quoi m’attendre »
« Il faut être plus préoccupés par les blessures. Nous devons être à 100%, car nos options se réduisent. Nous sommes en train de payer l’effort du Mondial. » Par cette plainte en conférence de presse d’avant-match, Louis van Gaal ne tire pas simplement la sonnette d’alarme. En pointant du doigt la litanie d’estropiés de son effectif, le Hollandais est contraint à piocher dans les forces vives de sa Cantera. Alors membre de la filiale azulgrana, le jeune Xavi Hernández se retrouve convoqué pour la première sortie européenne de sa carrière. Déjà intégré à l’équipe-fanion lors de la manche aller de la Supercoupe d’Espagne – unique buteur barcelonais, il n’avait pu éviter la défaite des siens face à Majorque -, le natif de Tarrasa enfile le costume de joker d’un groupe aux doutes multiples. Car le Barça du Pélican se trouve alors en pleine mutation. « Je ne sais pas quoi attendre d’eux, s’interroge Alex Ferguson, chef de meute des Red Devils. Ils ont changé d’équipe lors de leurs deux derniers matchs et ont joué dans deux systèmes différents, avec presque deux groupes de joueurs totalement différents » .
Avec cette visite d’Old Trafford, le Barça souhaite gommer le pathétique visage affiché lors de la dernière édition. Battu par un autre club anglais, Newcastle, pour son entrée en lice, il avait été éliminé dès la première phase, finissant même dernier derrière Dinamo de Kiev et PSV Eindhoven. Malgré de nombreuses absences, Louis tout puissant « ne vise pas le match nul » : « Mes équipes entrent toujours sur le terrain pour gagner. Il est temps de briser notre mauvaise série en Angleterre » . Dans un 3-4-3 des plus offensifs, son XI affiche un trio d’attaque brésilien composé de Giovanni, Anderson et Rivaldo. Le milieu, renforcé autour de Luis Enrique, Zenden, Cocu et Figo, laisse malheureusement trop d’espaces dans son dos. Délaissés, Reiziger, Abelardo et Barjuan plient face à la puissance de feu anglaise. À la pause, Ryan Giggs et Paul Scholes permettent ainsi à Manchester United de faire le break. « Nous avons commencé avec trop de respect pour Manchester et nous avons perdu trop facilement le ballon, ce qui est trop dangereux face à des attaquants comme Solskjær et Yorke » , regrette LVG en conférence de presse.
22 minutes et une égalisation inutile
Face à ce dit manque de contrôle du cuir, l’entraîneur blaugrana tarde à trancher dans le vif. À la réduction du score de Sonny Anderson, puis à l’égalisation de Giovanni sur penalty, David Beckham répond par un coup franc dont son pied droit garde le secret. Après 68 minutes, le Hollandais offre enfin son baptême du feu à Xavi Hernández. Sa présence sur le pré, en lieu et place de Giovanni, permet à Luis Enrique de monter d’un cran. Bingo, c’est de la pâte de Lucho qu’intervient l’égalisation définitive. Sur un cafouillage monstre, Nicky Butt s’interpose de la main devant Rivaldo, concède un nouveau penalty et récolte un carton rouge. « C’est dommageable de ne pas avoir gagné, parce qu’à la fin, les joueurs de Manchester étaient épuisés » , soupire Louis van Gaal au coup de sifflet final. Des regrets qui ne s’étendent pas à son choix de lancer Xavi dans le grand bain européen. À la suite de ce nul inaugural, le Barça termine en queue de peloton de son groupe et disparaît en décembre de la compétition. Qu’importe, puisque, champion d’Espagne en fin de saison, il aura le plaisir de profiter de la science du jeu de Xavi. 17 ans plus tard, le Camp Nou s’en extasie toujours.
Par Robin Delorme