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Le jour où Tottenham a brisé la malédiction Arsenal

Par Paul Piquard
5 minutes
Le jour où Tottenham a brisé la malédiction Arsenal

Entre novembre 1999 et janvier 2008, Arsenal n'a pas perdu face à Tottenham. À tel point que les supporters des Spurs se croyaient sous le coup d'une malédiction. Jusqu'à cette demi-finale retour de League Cup et un récital de Robbie Keane, Berbatov mais aussi Steed Malbranque. Retour.

Neuf ans, c’est long. Neuf ans sans remporter un seul match face à votre plus grand rival, c’est insupportable. Pourtant entre 1999 et 2008, c’est ce que les fervents supporters de Tottenham ont dû vivre, dans la douleur. Moqueries, railleries, provocations… tout y passe pour les Yids, qui doivent encaisser en silence, alors que, dans le même temps, sur cette fenêtre de neuf ans, les Gunners enrichissent leur palmarès de deux titres de champions, trois FA Cup, et disputent deux finales de coupes d’Europe. Mais voilà, en ce soir de janvier 2008, ce derby a une saveur particulière. À la clef ? Une place en finale de League Cup pour affronter Chelsea ou Everton, qui s’affrontent le lendemain. À l’aller – les demi-finales de League Cup se disputent en match aller-retour – les Spurs sont allés décrocher un bon nul, 1-1, à l’Emirates, et ce, même si la règle des buts à l’extérieur n’est pas appliquée dans cette compétition.

Jenas, en patron

Encore en course sur tous les tableaux, les Gunners abordent ce rendez-vous plein de confiance, puisqu’ils restent alors sur une série de neuf matchs sans défaite toutes compétitions confondues, dont sept victoires. Surtout, un mois avant ce rendez-vous important, les hommes d’Arsène Wenger avaient disposé de leur rival (2-1) en championnat grâce à un but d’Adebayor, et un, en fin de rencontre, de celui qui n’est pas encore affublé du surnom « Lord Bendtner » sur Internet. En face, la situation est a peu près l’inverse. Après un début de saison catastrophique sous la houlette de Martin Jol, les Spurs ont quelque peu réussi à redresser la barre en championnat, mais pointent alors à une triste onzième place, dont ils ne bougeront d’ailleurs plus jusqu’à la dernière journée.

En effet, après le limogeage du Batave, c’est Juande Ramos qui débarque fin octobre pour jouer au pompier dans un champ de ruines. « Honnêtement, et je dis cela sans aucune aigreur, il y avait certains joueurs qui étaient… eh bien, gros. (…) Nous nous entraînions pas loin d’un McDonald’s et vous voyiez certains joueurs manger des hamburgers, boire du Coca, et vous deviez leur expliquer pour qu’ils comprennent » , dira même l’Espagnol quelques années plus tard au Guardian. Pourtant, les onze joueurs qui pénètrent sur la pelouse de White Hart Lane ce 22 janvier sont morts de faim. Dès le coup d’envoi, le ton est donné, et le pressing intense. Trois minutes de jeu viennent à peine de s’écouler lorsque Jermaine Jenas, trop souvent sous-estimé, s’empare du ballon, perce plein axe et envoie une frappe croisée de l’entrée de la surface qui fait mouche. Explosion de joie. Le vent semble enfin tourner en faveur des Spurs lorsqu’à la vingtième minute, Denilson, blessé, doit céder sa place à Fàbregas. Quelques minutes plus tard, Jenas, encore lui, botte un très bon coup franc lointain dans la boîte. Au duel avec Dawson, Bendtner, qui avait ironiquement donné aux Gunners la victoire un mois plus tôt d’un but de la tête, crucifie cette fois son propre gardien. William Gallas a beau lever les bras au ciel, le cauchemar ne fait que commencer.

Malbranque à la conclusion

Car si Jermaine Jenas a fait du gros boulot en première période, le beau quatuor Malbranque – Keane – Berbatov – Lennon ne s’est pas encore mis en route. Et cela ne va pas tarder. Au retour des vestiaires, un contre supersonique voit Berbatov effectuer une petite déviation de l’extérieur du pied délicieuse vers Lennon, qui lance Keane en profondeur avant que l’ancien de Leeds ne fusille le pauvre Fabiański, décidément peu verni. Amorphes, fébriles et désemparés, les Gunners tentent néanmoins de sauver l’honneur et partent à l’abordage pour tenter d’en marquer au moins un, et pourquoi pas conserver un mince espoir. Malheureusement pour eux, les Spurs, dans un stade bouillant, sont en état de grâce. Les sorties de balles sont ultra-précises et anormalement rapides. À l’heure de jeu, Berbatov, Lennon et Chimbonda remontent tout le terrain en cinq touches de balle, et l’ailier supersonique enchaîne alors avec un une-deux avec Keane, avant d’inscrire le quatrième but de la soirée et de plonger White Hart Lane dans un état de transe.

Blasés, les supporters d’Arsenal quittent le stade par dizaines alors qu’il reste une demi-heure de jeu à disputer. Serein pour sa part, Juande Ramos se permet alors de faire tourner et de remplacer sa diabolique paire Keane-Berbatov par Defoe et le tout jeune Kevin-Prince Boateng. En face, Wenger joue le tout pour le tout et fait entrer Eduardo, et Adebayor. Coup gagnant, puisque dix minutes plus tard, le Togolais sauve l’honneur d’une belle frappe à l’entrée de la surface. Mais l’exploit n’a pas encore pris toute sa dimension. Alors que les arrêts de jeu sont déjà bien entamés et que White Hart Lane s’époumone en chansons, Jenas, héros parmi les héros, crochète son défenseur et livre un caviar à Malbranque, qui achève la bête. 5-1. Triomphe. Un mois plus tard, les Spurs, la bave aux lèvres, battront Chelsea (2-1) en finale et soulèveront alors leur premier trophée depuis neuf ans, le deuxième en dix-sept ans. Surtout, le dernier à ce jour. La suite, c’est Juande Ramos qui la raconte : « Nous n’avions pas battu Arsenal depuis des années et nous les avons battus 5-1. Nous avons remporté la Carling Cup, tout le monde était très content… Après ? Je me suis fait virer. » Certaines nuits passionnelles valent parfois bien mieux que de longues relations.

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