- CAN 2023
- Côte d’Ivoire
Sébastien Haller, reprise à l'unisson
Unique buteur de la demi-finale face à la RDC, Sébastien Haller a brillamment libéré le peuple ivoirien et s’est enfin offert un moment de grâce après un début de compétition compliqué. La finale qui s'annonce ressemble en tout cas à une belle reprise de volée de sa carrière, voire de sa vie.
Qu’est-ce qui définit un but d’anthologie ? Ce que l’on appelle vulgairement un banger, à base de retourné acrobatique à 25 mètres qui termine en pleine lucarne, ou bien un geste à moitié chanceux qui délivre tout un peuple et le qualifie pour la finale d’une compétition dont il est l’hôte ? Ce mercredi soir, sur la pelouse du stade olympique Alassane-Ouattara d’Ebimpé, Sébastien Haller et ses grandes jambes raides ont tendu à faire pencher la balance vers la seconde option. Après une première mi-temps marquée par une succession de ratés, l’attaquant formé à l’AJ Auxerre a fini par réussir à faire sauter le verrou de la République démocratique du Congo et offert à la Côte d’Ivoire une qualification méritée pour la finale de la CAN 2023, sans devoir repasser par la case prolongation qui plus est.
🏆🌍 #CAN2023 🇨🇮🇨🇩 SÉBASTIEN HALLER DÉLIVRE LA CÔTE D'IVOIRE !!! 🔥🔥🔥 💫💥 Un bijou ZLATANESQUE qui permet aux Eléphants de mettre un pied en finale #beINCAN2023 #CIVRDC https://t.co/H2TNmAJwRg
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) February 7, 2024
Pour sa première titularisation du tournoi, Haller n’a pas rendu la copie parfaite, mais la copie qu’il fallait. Avant sa reprise audacieuse, il y a eu ce retourné parti en tribune, ou cette tête trop croisée face au but ouvert. Comme il l’avouait après la rencontre, « il y avait de la place pour inscrire ce deuxième but et se mettre à l’abri », en référence au dernier raté dont il est l’auteur : un lob du plat du pied face à Lionel Mpasi, parti mourir à un bon mètre de la cage du gardien des Léopards. Qu’importe, seul le résultat compte et Haller, à qui Émerse Faé a offert une ovation en le sortant à la 89e, est conscient d’avoir « assuré l’essentiel » avant « la revanche » qui s’annonce ce dimanche, face aux Super Eagles du Nigeria.
Renaissance nationale
Une revanche à laquelle l’attaquant du Borussia Dortmund pourra prendre part, reste à savoir si ce sera ou non dans la peau du titulaire à la pointe de l’attaque des Éléphants. En effet, lors de la claque infligée par les partenaires de Victor Oshimen aux hôtes de la compétition en phase de poules (1-0), Sébastien Haller n’avait même pas pu tenter de barrir dans la défense adverse. Et pour cause : à ce moment-là, le natif de Ris-Orangis était blessé, la faute à un fichu tacle reçu à la mi-décembre face à Mayence, en Bundesliga, et qui l’obligeait à soigner sa cheville. La tuile pour un homme devenu la coqueluche d’un pays dont il a choisi le maillot tout sauf par défaut – lui, un des anciens fers de lance des Espoirs français (20 capes, 13 buts) –, au point d’avoir récemment acheté une villa à Abidjan et de s’afficher en ambassadeur de plusieurs marques ivoiriennes. Deux ans après son élimination prématurée en huitièmes de finale de la CAN camerounaise, sa sélection pour le tournoi à domicile par Jean-Louis Gasset sonnait comme le meilleur moyen d’illustrer la pertinence de son choix, qui plus est après avoir vaincu cette saloperie de cancer des testicules dont il a été victime jusqu’en janvier 2023, quelques mois avant d’essuyer un nouveau coup dur : la perte du titre de champion d’Allemagne face au Bayern Munich lors de la dernière journée de championnat.
Alors oui, la CAN de Sébastien Haller a démarré avec un peu de retard, mais en qualifiant la Côte d’Ivoire pour la finale, son statut a changé dans le cœur de supporters qui ne se sont jamais vraiment privés de rappeler l’influence positive qu’aurait pu avoir une sélection de Wilfried Zaha sur le front de l’attaque des Pachydermes. Le voici désormais coiffé d’une couronne de héros avant même le coup d’envoi de la revanche face au Nigeria ce dimanche. Rien à voir avec le fait qu’il joue en Allemagne, mais Sébastien Haller a assez bouffé de pain noir comme ça. Aborder ce qui s’apparente au match le plus important de sa carrière avec un tel regain de confiance a de quoi faire trembler les Super Eagles qui auront en face d’eux une arme, si pas forcément toujours efficace, en tout cas diablement réaliste.
Par Julien Duez