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  • Ligue 1 – 34e journée – Monaco/Nice

Le jour où Nice a terrassé Monaco

Par Christophe Gleizes
Le jour où Nice a terrassé Monaco

En octobre 2004, Nice et Monaco s'affrontent à Louis-II lors d'une partie restée dans les mémoires. Leaders du championnat, les Monégasques mènent 3-0 à l'heure de jeu. Un triplé de Victor Agali et une réalisation de Marama Vahirua plus tard, les hommes de Gernot Rohr remportent une victoire sensationnelle. Témoins privilégiés de ce derby mythique, Olivier Echouafni et François Grenet nous racontent de l'intérieur ce scénario impossible.

82e minute de jeu. Alors que tout semblait perdu vingt minutes plus tôt, Marama Vahirua vient de trouer les filets de Flavio Roma pour la quatrième fois de la soirée. Le stade Louis-II chavire dans un océan de folie, tandis que le lutin tahitien pagaye avec frénésie. Depuis le banc de l’OGC, le vétéran François Grenet peut exulter. « Au coup de sifflet final, jamais l’expression ivre de joie n’a aussi bien fonctionné. Au-delà du résultat, c’est un renversement de situation absolument incroyable. Il n’y a que le football qui puisse offrir des montées d’adrénaline pareilles. » L’ancien défenseur azuréen parle en connaissance de cause, il était de la victoire de Bordeaux contre l’AC Milan. Mais ce match entre Nice et Monaco, il s’en souvient particulièrement, derby oblige. « À l’époque, le stade Louis-II, c’était vraiment une ambiance feutrée, encore plus qu’aujourd’hui. D’ordinaire, les travées étaient vides. Mais ce soir-là, le stade était plein comme un œuf, rempli de supporters niçois. L’ambiance était folle, on avait pratiquement l’impression de jouer à la maison. »

« On prenait le bouillon »

L’engouement populaire est en effet immense en ce jour d’octobre 2004. « De tout temps, les dirigeants monégasques ont essayé de limiter le nombre de supporters niçois dans les tribunes, mais rien n’y fait vraiment, ils trouvent toujours le moyen de descendre à 10 000, en scooter, à pied ou à vélo » , raconte fièrement Olivier Echouafni, du haut de ses sept saisons passées dans les Alpes maritimes. Particulièrement fier d’être resté invaincu face à Monaco, le joueur explique simplement l’importance de ce match, qui vaut double aux yeux du public local. « Ce derby a un parfum particulier, il y a toujours quelque chose qui se passe dans un sens ou dans l’autre. Et puis la connotation symbolique est très particulière, parce que Nice est considéré comme le petit club populaire opposé à l’ogre Monaco et ses millions. D’ailleurs, à l’époque, je m’en souviens, l’AS Monaco avait vraiment une grosse équipe. On n’était clairement pas favoris. »

Guidé par son exceptionnel trio d’attaquants Chevanton – Adebayor – Saviola, le club de la principauté squatte alors la première place du classement, tandis que Nice galère dans le ventre mou. Attendus au tournant, les buteurs monégasques ne tardent d’ailleurs pas à se mettre en action. Javier Saviola ouvre la marque dès la cinquième minute, avant qu’Emmanuel Adebayor ne double la mise un quart d’heure après. Une entame catastrophique pour les hommes de Gernot Rohr. « On débute très mal, sans se créer d’occasions, on peine à rentrer dedans à cause de la pression » , témoigne l’ancien milieu défensif, qui se blesse à la 23e minute. « C’était vraiment la douche froide. Franchement, on se demandait à quelle sauce on allait être mangés » , se souvient François Grenet, qui fait, lui, rapidement les frais des changements tactiques de son entraîneur. « J’ai été remplacé à la 30e minute, par Jankauskas, parce qu’on prenait le bouillon » , dit-il sans amertume, « mais passée la déception de quitter les copains, on devient presque supporter quand on est sur le banc, on se laisse emporter car on sent d’autant plus l’ambiance qu’il y a dans le stade. »

À la mi-temps, rien n’incite à l’optimisme côté niçois, après une première période totalement ratée. « Gernot Rohr a tenté de nous calmer, il s’est voulu rassurant » , se remémore Olivier Echouafni, pas encore abattu. Pourtant, rien n’y fait : au retour des vestiaires, le Togolais Adebayor poursuit sur sa lancée et aggrave la marque, à l’affût sur une erreur de relance de Damien Grégorini. « À ce moment, c’est vraiment la catastrophe, explique l’entraîneur d’Amiens. On se dit que ça va être compliqué de revenir. Il faut avouer que c’est plutôt rare de renverser le match quand on est menés 3-0 à l’extérieur, à trente minutes de la fin. Mais ce qui m’a marqué, c’est que les supporters ont continué à nous encourager tout du long. Ils ont senti qu’on pouvait toujours le faire, surtout après notre premier but. » Alors que le score semble scellé, le miracle peut en effet commencer.

Il prend alors essentiellement la forme d’un homme, Victor Agali. « Le sage ! Le costaud ! » rigole François Grenet en l’évoquant : « Victor, c’était vraiment une belle personne. Il avait un super état d’esprit. C’était un grand gabarit qui pouvait paraître assez raide et frustre au premier abord, mais il n’était pas maladroit devant le but. Surtout, c’était un vrai compétiteur, un battant comme je les aime. Il pesait sur les défenses et ne rechignait jamais aux efforts défensifs. » Le Nigérian claque un triplé en huit minutes, soit rien de moins que la moitié des buts qu’il inscrira en 30 matchs avec l’OGC Nice. « Je n’ai jamais vu le stade dans cet état-là. C’était un scénario complètement fou » , jubile le défenseur. Son ancien coéquipier préfère filer la métaphore : « Grâce à lui, Louis-II s’est transformé en volcan. À ce moment-là, c’était irrespirable. À 3-3, Monaco a deux balles pour repasser devant, mais Chevanton frappe la barre et Adebayor manque sa tête. Cela leur a mis un gros coup sur la tête. Ils ne marquent pas, et nous, on prend l’avantage derrière. » Quelques instants plus tard, en effet, Marama Vahirua se jette pour parachever le succès niçois et donner forme à l’un des plus grands exploits jamais recensés en Ligue 1.

« Le cœur bouillant et la tête froide »
Avec le recul, François Grenet tente d’expliquer les raisons d’un tel basculement : « Quand on est au pied du mur, la première qualité, pour renverser des situations pareilles, c’est le mental, l’état d’esprit du guerrier. À la mi-temps, on s’est dit qu’on allait tout faire pour ne pas être ridicules, d’autant plus que les supporters étaient présents en nombre. Nous n’avions pas le droit de rester apathiques et de subir comme ça, on a décidé de se mettre minables et de faire les comptes à la fin. On est repartis le cœur bouillant et la tête froide. C’est notre combativité qui nous a permis de refaire surface. » Cette grinta toute azuréenne a en outre été rehaussée par les choix payants de Gernot Rohr, qui a su faire entrer des joueurs offensifs pour jouer le tout pour le tout, et par le soutien du 12e homme, « qui a continué d’y croire et de pousser jusqu’au bout » . La suite tient en peu de mots : « Après, on a un peu de réussite, tout se goupille comme il faut. »

Le miracle du stade Louis-II sera malheureusement sans lendemain pour l’OGC Nice. « À partir de ce match, on continue sur notre lancée, il me semble qu’on est pas mal placés du tout à la trêve, à la 9e place, en adéquation avec nos moyens et nos possibilités à l’époque. Mais ensuite, on fait un début d’année catastrophique et on se retrouve presque relégables, avec une fin de saison galère à la clef. » L’emblématique Gernot Rohr est limogé le 25 avril, remplacé par Gérard Buscher, le coach de la CFA, qui parvient à sauver les meubles lors des trois dernières journées. Si l’exercice 2004-2005 est donc à oublier, ce match, lui, reste forcément gravé à jamais dans le cœur des Niçois. « C’est clairement mon meilleur souvenir avec Nice… Enfin pas individuellement,(rires)mais au niveau de la joie collective et de la communion avec les supporters, indéniablement. » À l’autre bout du téléphone, Olivier Echouafni se montre lui aussi volontiers nostalgique : « C’est vraiment pour ce genre de rencontres qu’on aime ce métier, même quand on les passe sur le banc. » Un dernier soupir satisfait, un petit silence enjoué, et la vérité éclate enfin, dans un ultime accès de lucidité : « Finalement, c’est surprenant, mais ma sortie et celle de François ont coïncidé avec l’exploit qu’on a réalisé… » Et alors ? « Et alors, je ne sais vraiment pas quoi en penser. »

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