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Le jour où Michel Platini a failli signer au PSG
En 1982, Michel Platini – alors numéro 10 de Saint-Étienne - avait une proposition ferme du PSG entre les mains. Mieux, le président Borelli avait pris la plume pour séduire l'international français, avant que Platoche ne finisse par choisir la Juventus. À ce moment-là, Platini voulait quitter la France…
27 avril 1982, l’équipe de France de football est reçue à la mairie de Paris. Tout le gratin du football français est là. Président du PSG et amoureux du bitume de Paname, Francis Borelli a traîné sa sacoche au cœur de l’hôtel de ville. Il n’a qu’une idée en tête : convaincre Michel Platini de signer au Paris Saint-Germain. Les deux hommes échangent brièvement autour de cette hypothèse, mais le président aux chemises roses ne va pas plus loin. Ce n’est pas le lieu, ni le moment. Le soir-même, Francis Borelli va entamer une correspondance avec le numéro 10 de l’équipe de France. Une feuille blanche, un stylo et des mots d’amour. L’objet est annoncé très vite dans la lettre. « Cher Monsieur Platini : Paris vous attend. » Quelques lignes plus tard, après avoir rapidement retracé la naissance du club de la capitale et ce qu’il peut offrir à un joueur, Borelli passe aux choses sérieuses.
Il flagorne. Avec sensibilité, tendresse et passion. « Cher Monsieur Platini, ce que je vous propose, c’est d’entrer plus encore dans l’histoire de notre sport en devenant le bâtisseur d’un destin qui nous est promis.(…)Je n’ai pas de gêne à vous dire publiquement que nous avons besoin de vous et à vous déclarer avec une amicale solennité, combien me semble taillé à votre mesure le rôle qui vous est ici dévolu. » La lettre est longue, tenace, emplie d’amour. Elle se termine par un simple « Cher Monsieur Platini, devenez parisien » . Le geste est aussi sincère que rare. Signe d’un président supporter d’un autre temps. Ironie du sort, le jour où Borelli écrit cette lettre, la France joue en amical contre le Pérou au Parc des Princes. Dans les tribunes, Giovanni Boniperti, le président de la Juventus Turin, s’amourache du petit Français. Les Turinois préparent la succession du vieillard Liam Brady, et Platoche a le profil idoine. Platini hésite un instant. Arsenal est également en train de lui formuler une offre. Au vrai, Platoche n’hésite pas longtemps. Il est originaire de la santiag’ italienne et, surtout, il veut quitter la France…
« Co-cu, co-cu, co-cu »
Le 30 avril, Michel Platini s’envole donc pour Turin où un contrat de deux ans, avec un salaire de 2 millions de francs par an, l’attend. Il dit non au PSG et à Francis Borelli. Il dit surtout non à la France et à ses stades. L’histoire raconte que le meilleur joueur français des années 80 a quitté la France pour une histoire de femme. Et pas n’importe laquelle, la sienne. Marié depuis le 21 décembre 1977 avec Christèle Bigoni – dont l’union sera rapportée dans de nombreux canards de France – Platini voit son couple mis à mal à Saint-Étienne. Entre Jean-François Larios, milieu de terrain international et coéquipier de Platoche à Sainté, et Platini existent des passions communes : le football, l’équipe de France et Christèle… La rumeur est tenace et raconte même qu’un jour, Jean-François Larios serait arrivé à l’entraînement des Verts avec la voiture de la femme de Platini.
La bonne ambiance se répercute dans tous les stades de France où, dorénavant, Platini est sifflé et moqué. À Bastia, personne n’a oublié ce match où tout le stade scandait : « Co-cu, co-cu, co-cu… » à chaque prise de balle de Platini. C’est définitif, en dépit de l’affection du président Borelli, le joueur doit quitter la France. Hasard ou pas, son dernier match se déroulera au Parc des Princes, face au PSG. En ce 17 mai, Platini veut sortir par la grande porte par une victoire en Coupe de France. Comme avec Nancy, en 1978, il joue avant-centre et marque les deux buts de son équipe. Mais ça ne suffira pas. Le PSG égalise au bout de la prolongation par Rocheteau et l’emporte aux tirs au but. Pendant que Platini est consterné sur la pelouse du Parc, Francis Borelli embrasse cette dernière… Il ne verra jamais son numéro 10, mais le PSG aura quand même son Platini. En 2006, Laurent, le fils de Michel et Christèle, deviendra juriste pour le club de la capitale. C’est toujours ça de pris.
Article initialement publié en janvier 2015
Par Mathieu Faure
NB : Les extraits de la lettre de Francis Borelli sont issus du livre-objet PSG 40 ans de passion sorti en 2010 sous la direction de Michel Kollar et Florian Gazan.