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Le jour où Metz a remporté la Coupe de la Ligue
Il y a 20 ans jour pour jour, le FC Metz remportait la deuxième Coupe de la Ligue de l’histoire, avec dans ses rangs un certain Robert Pirès. Un trophée - le dernier remporté par les Grenats dans une finale - qui fait encore aujourd’hui débat.
Qui a dit que la Coupe de la Ligue était une distinction sans valeur ? À la lutte pour peut-être arracher une montée en première division, le FC Metz fait partie des grands clubs de l’Hexagone en difficulté pour revenir au premier plan. Le 6 avril 1996 au Parc des Princes, la Coupe de la Ligue, petite sœur de la « Coupe d’été » , voyait s’affronter pour le dernier match de sa deuxième édition l’Olympique lyonnais, dernier vice-champion de France, et le FC Metz, encore à la lutte pour le titre de champion. Alors forcément, quand on sait que ce trophée doit, à l’époque, surtout permettre aux clubs pros d’augmenter le montant du chèque des droits TV, l’enjeu n’a pas l’air si démesuré que ça, même si un strapontin pour la Coupe UEFA est en jeu. Sylvain Kastendeuch, capitaine des Grenats, n’hésite pas pour autant à mettre l’accent sur la singularité d’une finale : « Pour un club comme Metz, c’est toujours exceptionnel de jouer ce genre de match. On essayait de bien figurer sur les deux tableaux, surtout que la Coupe de la Ligue a la particularité d’aller plutôt vite. Vraiment, il n’y avait pas de stratégie. »
Devant 42 368 spectateurs, la rencontre finale entre Metz et Lyon débute, avec l’équipe type de chaque côté. Éric Roy, alors numéro 11 de l’OL, se rappelle justement d’un Lyon en pleine mutation : « L’Olympique lyonnais était en train de se construire. Ce n’était pas encore le Lyon qui raflait tous les championnats. La volonté du club était de construire une équipe avec des joueurs d’expérience, pour encadrer toute la jeunesse de la formation lyonnaise. C’était une équipe équilibrée et programmée pour commencer à titiller les sommets. » De quoi envisager une rencontre alléchante. Mais au lieu de ça, les 90 premières minutes restent extrêmement fermées, avec par-ci par-là quelques frappes, que Songo’o et Olmeta captent sans trop de soucis. Le portier lyonnais, toujours présent pour faire le show, s’adjugera même une petite chorégraphie pour faire passer le temps, qui aurait fait fureur aujourd’hui dans Danse avec les Stars.
« Monsieur Batta, il est aveugle »
Metz et Lyon restent dos à dos jusqu’à la fin du temps réglementaire. 30 minutes de bonheur en plus sont accordées aux joueurs pour espérer soulever la coupe créée par Noël Le Graët, alors président de la LFP. Le jeune Robert Pirès – qui peut apercevoir dans les travées du Parc un certain Aimé Jacquet, venu prendre des notes en vue de l’Euro 96 – ne se prive pas pour décocher une demi-volée, qui oblige Olmetta a une parade des deux poings un peu à l’arrache. Entre alors en scène Marc Batta, l’arbitre de cette finale, avec deux décisions plutôt délicates à prendre, lors de ces fameuses prolongations. La première avec Stéphane Adam, entré au beau milieu de la toute première mi-temps, pour suppléer son partenaire blessé Patrick M’Boma, qui s’offre un raid solitaire dans la moitié de terrain lyonnaise. S’avance alors un Pascal Olmeta laissant à l’abandon sa surface, pour se présenter face à l’attaquant. Adam parvient à pousser le cuir, qui roule jusqu’au fond des filets. Mais l’arbitre assistant lève son drapeau. L’homme en jaune est du même avis et siffle un hors-jeu.
Un arbitrage compliqué, mais juste. Pour ce qui est de l’autre action, cette fois en faveur des Gones, Olmeta avait sa petite idée après la fin du match : « Monsieur Batta, il est aveugle, c’est Gilbert Montagné, en plus gros » lançait-il en zone mixte. À l’opposé du terrain, le natif de Bastia voit Éric Roy lever la pointe de sa chaussure pour contrôler à hauteur de tête le ballon, avant de venir tromper Songo’o en face à face. L’ancien niçois exulte, genoux à terre, avant de se prendre la tête des deux mains. « Monsieur Batta » annule la réalisation pour un pied un peu trop haut. « Moi je considère que Batta avait fait une erreur en annulant ce but, parce qu’il était complètement valable. J’ai été sanctionné d’un pied dangereux alors que Kastendeuch avait la tête baissée et que je jouais le ballon » , regrette Éric Roy, qui garde cette action toujours au travers de la gorge : « C’était un mauvais souvenir et une énorme déception, quand tu as l’occasion de marquer le but de la victoire dans une finale, c’est toujours important. Et surtout, c’est une action qui aurait pu être importante dans ma carrière » . Kastendeuch prend, quant à lui, avec un peu plus de recul ce fait de jeu : « C’est vrai que monsieur Batta aurait pu laisser jouer l’action et de ne pas siffler ce pied haut, mais franchement, il était quand même un peu haut son pied. » Cruel pour les hommes de Guy Stéphan, qui à trois minutes de la fin de la prolongation, se voyaient déjà débouler fièrement dans les rues de la ville des Lumières. Il n’en est rien : les deux clubs vont devoir en passer par les tirs au but.
La chenille de la discorde
Sylvain Kastendeuch et Stéphane Roche se décident chacun de leurs côtés à se désigner volontaire pour frapper les premiers pour leurs clubs. Courageux, mais vain, puisque les deux hommes vont chacun leur tour rater leur tentative. Après les deux ratés, Grenats et Rhodaniens se rendent coup pour coup, même Olmeta, toujours aussi chaud, y va de sa transformation. Dès lors, c’est un sans faute jusqu’à ce que Marcelo Kiremitdjian, cinquième tireur lyonnais, voit sa tentative repoussée par Jacques Songo’o. Avec la victoire au bout du pied, Cyrille Pouget ne se fait pas prier et envoie finalement le FC Metz au paradis, avec un but cette fois ci bel et bien valable.
Et pendant que le jeune Ludo Giuly sèche ses larmes en allant remercier les supporters lyonnais, les Messins entament quant à eux une chenille de la joie assez magnifique. « Ça devait être l’idée des PP Flingueurs : Pirès et Pouget ! Ils ne devaient sûrement pas être loin du truc » , se rappelle le latéral gauche international. Une chenille qui n’a pas forcément été du goût des finalistes déçus : « Ce qui nous avait surtout énervé, c’était de voir les Messins faire cette chenille après les tirs au but qui, pour les yeux du public, était certainement très sympathique à voir, mais qui, pour les adversaires, n’étaient pas forcément très agréable. » , estime Éric Roy, voyant encore aujourd’hui cette défaite comme un tournant de sa carrière : « C’est certainement cette déception, liée au fait que cela faisait trois ans que j’étais à Lyon, qui m’a poussé à partir l’été d’après pour Marseille. » Un beau contraste et un sacre qui s’inscrit encore aujourd’hui dans l’histoire moderne du FC Metz. Cette Coupe de la Ligue 1996 qui attend patiemment, du haut de ses 20 ans, qu’une petite nouvelle fasse son entrée dans la salle des trophées. Un jour peut-être.
Par Matthieu Guillot