ACTU MERCATO
Le jour où Messi n’est pas venu au PSG
Au plus fort de l’après-midi devant le Parc des Princes, ils étaient quelques centaines, trois ou quatre à vue d’œil, à attendre très patiemment un signe de vie d’un certain Argentin qui devait faire le voyage depuis Barcelone ce lundi. Et puis… rien. À 18 heures, Lionel Messi était encore chez lui en Catalogne en attendant que les derniers détails de son contrat avec Paris ne soient fignolés. Alors le rond-point de l’Europe, où s’étaient amassés les supporters, s’est vidé avec une pointe de déception.
Rarement un joueur qui arrivait au Paris Saint-Germain n’avait suscité autant d’excitation. Zlatan Ibrahimović avait bien fait se déplacer les foules au Trocadéro, tout comme il y avait un comité d’accueil chaleureux devant le Parc des Princes pour accueillir comme il se doit des immenses noms comme David Beckham ou Neymar Jr. Mais ceux-là, on savait au moins qu’ils arrivaient. Un rendez-vous était pris. Ce lundi, une petite foule s’est naturellement amassée devant le Parc des Princes et à l’aéroport du Bourget – comme dimanche soir – dans le flou le plus total : des échos venus de certains journalistes et autres insiders évoquaient un décollage imminent de Barcelone pour la Pulga, et voilà les supporters parisiens qui sont rendus aux endroits où ils avaient le plus de chance de l’intercepter. Sans certitude, sans plus de conviction, mais avec cet espoir de croquer un peu dans ce joli moment d’histoire.
ESPN, maillot du Barça et Reine des Neiges
Sur les coups de 14 heures, cela fait déjà deux bonnes heures que les plus courageux ont débarqué sur le rond-point de l’Europe, à côté du Parc des Princes. Environ deux-cents personnes sont déjà amassées autour des barrières bordant le tapis rouge, qui mène traditionnellement les joueurs du PSG vers les vestiaires les jours de match. Tout le monde a sorti son petit maillot, les téléphones sont en l’air pour indiquer aux réseaux sociaux qu’on est sur place et prêts à accueillir une légende du foot. L’attende est calme, presque studieuse : on cherche avant tout à avoir une bonne place, on s’assoit où l’on peut, on papote avec les policiers appelés pour encadrer cette foule spontanée dans l’espoir qu’ils lâchent une info. Dans un coin, un type avec un bob et un masque du club fait cracher Afro trap partie 3 de MHD dans une grosse enceinte : avec Messi, Paname c’est clairement la Champion’s League. Sans rapport aucun, sauf celui que l’on voudra bien y trouver, la chanson suivante dans la playlist sera Libérée, délivrée.
La foule est réveillée, on chante pour mieux patienter ? pic.twitter.com/8orA2ALqrV
— Alexandre Aflalo (@aflaalex) August 9, 2021
Les minutes défilent, les heures aussi, les supporters continuent d’affluer, les médias de s’amasser autour de cette petite foule qui s’est formée. On trouve même Sky, ESPN, la presse italienne, espagnole ou brésilienne. Personne ne voulait manquer la possible arrivée historique de Messi au PSG. Pas même certains Barcelonais. Dans la foule, quelques maillots du Barça apparaissent. « Je suis aussi fan du PSG, donc ça va, rit Arlindo, tunique blaugrana à damiers floquée du numéro 10 sur les épaules et venu comme tout le monde avec l’espoir d’apercevoir la légende. Mais ça va faire bizarre de ne plus le voir à Barcelone. » Tout le monde est unanime : voir un tel joueur débarquer à Paris est complètement inespéré. Une occasion immanquable.
Pour mieux patienter, les supporters donnent brièvement de la voix : un type qui a fait irruption sur le tapis rouge fait bien marrer tout le monde, lançant une petite série de chants, des traditionnels « Allez Paris » et autres « Messi ! Messi ! » à ceux habituels des Ultras, en passant par les moins distingués avec des mots pas très gentils à l’encontre des Marseillais ou du Barça. Une petite dizaine de minutes de chants ininterrompus, puis le retour de l’attente et du calme. Dans la foule, les dernières nouvelles venues des réseaux sociaux passent d’une oreille à une autre. Les autres fans présents au Bourget permettent aussi de faire la navette. Un avion atterrit ? Place aux frémissements. Un agent de sécurité de l’aéroport annonce que Messi n’arrivera pas avant mardi ? D’un coup, l’ambiance redescend.
Lionel Messi is currently not in Paris and he’s not landed anywhere. He’s at his home with his family. ??? #MessiMessi’s lawyers and his father Jorge are still working on PSG official contract paperworks received yesterday. He’ll fly to Paris once deal will be completed. ???
— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) August 9, 2021
Et pendant ce temps-là, Messi était à Barcelone
17 heures, 18 heures. Les dernières infos ne sont pas bonnes : Messi serait encore à Barcelone, attendant patiemment que ses représentants ne finissent de relire le contrat transmis par le PSG la veille. Il commence à se faire tard. C’est les vacances, mais on ne va pas non plus attendre jusqu’à la nuit pour un joueur qui, finalement, attendra sans doute demain pour débarquer. Le rond-point se vide progressivement, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une petite cinquantaine d’irréductibles profitant des désertions pour choper les meilleures places, sans doute pour rien. Parmi eux, un homme est peut-être un peu plus contrarié que les autres. Il se présente comme un employé de Saint-Clair, le traiteur qui s’occupe du catering (comprendre restauration) au Parc des Princes. La raison ? Le club de la capitale leur aurait passé un coup de fil dans la nuit de dimanche à lundi, à 4h30 du matin, pour les solliciter « de 13h30 à 23 heures » . Un repas gastronomique de cinq plats pour 24 personnes serait quasiment bouclé dans les cuisines du Parc, et n’attendrait plus que les convives pour être dressé. Et si le petit dîner de bienvenue est repoussé à demain ? « Ce sont les gars qui mangeront tout » , ricane-t-il. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Par Alexandre Aflalo
Propos recueillis par AAF