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Le jour où Marcelo Salas a empêché Cristiano Ronaldo de signer à la Juventus
Bourreau de la Juventus en finale de la Ligue des champions la saison dernière, Cristiano Ronaldo compte bien à nouveau jouer un vilain tour aux Bianconeri en quarts de finale de C1. Et pourtant, CR7 aurait très bien pu devenir le héros des tifosi de la Juve en 2002. Mais l'ancien buteur chilien Marcelo Salas en a décidé autrement.
« Cristiano Ronaldo à la Juventus un jour ? L’idée nous séduit, mais c’est une chose de rêver et les fans ont tout à fait le droit de le faire. La réalité est qu’il est impossible de réaliser cette opération, pour nous ou pour tout autre club italien. Ce sont des opérations qui doivent être réalisées avant que les joueurs ne deviennent des champions. » Interrogé par la Gazzetta dello Sport en début d’année, Giuseppe Marotta ne croit pas si bien dire. Alors que l’actuel directeur sportif de la Juventus démarrait son aventure à la Sampdoria, les Bianconeri étaient en passe de boucler la venue de CR7 dans le Piémont. C’était en 2002, et les supporters de la Juventus pleurent encore à l’idée d’un trio offensif Del Piero – Trezeguet – Cristiano Ronaldo.
De Quaresma à Cristiano il n’y a qu’un pas
20 octobre 2002. Alors directeur technique de la Juventus, Gianni Di Marzio se rend à Lisbonne pour assister à la rencontre du Sporting Portugal face à Belenenses afin de voir de ses propres yeux ce jeune Portugais dont le talent commence à affoler l’Europe. Son nom ? Ricardo Quaresma. Problème, l’entraîneur des Leões, László Bölöni, a préféré laissé le plus bel extérieur du pied du monde sur le banc pour faire de la place à un jeune homme moins connu du grand public : Cristiano Ronaldo. Auteur d’un doublé quelques jours plus tôt face à Moreirense pour sa première titularisation avec le Sporting en championnat, celui qui porte alors le numéro 28 n’arrive pas à rééditer pareille performance face à Belenenses, avant de laisser sa place à Ricardo Quaresma qui profite du quart d’heure qui lui est offert pour inscrire son deuxième but de la saison et parachever la victoire des siens (2-0).
En tribunes, Gianni Di Marzio n’a finalement que faire de ce but. Si Quaresma était sa cible initiale, les 75 minutes de dribbles et d’accélérations du jeune Cristiano (17 ans) lui ont fait changer de cap comme il l’expliquera des années plus tard à l’agence de presse espagnole EFE : « J’ai appelé à Turin, et j’ai écrit que ce gars serait le meilleur joueur du monde, évidemment juste après Maradona. » Ni une ni deux, Gianni Di Marzio se rend dans le bureau du président du Sporting Portugal, Dias da Cunha, pour négocier la venue du Portugais à Turin.
Marcelo Salas fait tout capoter
En galère financièrement, la Juventus ne peut pas se permettre de lâcher un énorme chèque pour enrôler Cristiano Ronaldo, d’autant plus que celui dont le sourire est alors loin d’être hollywoodien n’a pour le moment que six rencontres dans les pattes. Directeur général de la Juventus, Luciano Moggi joue alors les négociateurs et propose à son homologue portugais un échange avec Marcelo Salas. Il faut dire que l’attaquant chilien, recruté 25 millions par les Bianconeri un an plus tôt, n’a pas vraiment convaincu dans le Piémont en raison de ses blessures et de son unique but en onze rencontres pour sa première saison. Des statistiques qui n’effraient pas Dias da Cunha qui préfère se rappeler le Matador époque Lazio et qui s’imagine déjà avec une attaque sud-américaine Jardel-Salas qui pourrait permettre au Sporting de conserver son titre de champion du Portugal.
Affaire conclue ? Pas vraiment puisque le football européen n’étant pas la NBA, le joueur en question doit donner son accord pour faire valider cet échange. Et de toute évidence, Marcelo Salas n’est pas très emballé à l’idée de fêter ses 28 ans à Lisbonne. C’est en tout cas ce que Luciano Moggi dit en évoquant le transfert pour Sphera : « Nous avions un accord avec son club, et Marcelo Salas devait aller y jouer. C’était un échange et il s’était même rendu au Portugal. Mais il a finalement fait marche arrière. » La suite, tout le monde la connaît. Marcelo Salas termine la saison avec trois buts en quinze rencontres, avant de se faire prêter à River Plate. Cristiano Ronaldo, lui, s’affirme comme un titulaire au Sporting avant de taper dans l’œil de Sir Alex Ferguson qui claque 19 millions d’euros pour le faire venir à Manchester United. Seize ans après ce fameux Sporting-Belenenses, les Leões attendent encore de remonter sur le trône du Portugal, tandis que la Juventus et Gigi Buffon courent après la Ligue des champions. Un trophée que Cristiano Ronaldo compte bien soulever pour la cinquième fois de sa carrière à l’issue de la saison.
Par Steven Oliveira