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Le jour où Mamadou Niang a baffé un supporter
Ce mardi, Mamadou Niang a 36 ans. Une belle carrière, des buts et une claque dans la figure. Il y a un peu plus de cinq ans, il sortait de sa voiture furieux contre un supporter marseillais qui avait abîmé cette dernière. Une altercation qui a fait couler beaucoup d'encre.
Tout commence un beau jour d’avril 2010. Au lendemain de sa victoire 4 à 1 face à Nice à domicile, l’OM s’entraîne au centre Robert Louis-Dreyfus, rebaptisé ainsi après le décès de l’ancien président. Marseille victorieux, Marseille heureux. Et bien non. Ce jour-là, Mamad’ sort de sa séance un peu grognon. Les supporters sont là, à l’entrée de l’établissement, à attendre un moment privilégié avec leurs idoles. Si certains sont des habitués, d’autres ne sont que de passage. Comme Gaël Marchal, éducateur spécialisé pour l’association « Jeunesse et Culture » venu spécialement des Vosges : « Avec ma collègue, on accompagnait un groupe de jeunes qui souhaitaient voir un match de l’Olympique de Marseille. Ils ont travaillé en amont pour financer ce séjour, donc on en a profité pour organiser un petit voyage dans la ville, afin de visiter un peu. » Et lorsque le Sénégalais s’enfuit au volant de sa Ferrari noire, sans la moindre attention envers ceux qui sont venus le saluer, ça ne plaît pas à Gaël et il lui fait savoir.
« Les petits étaient dégoûtés »
« Il ne faisait pas très beau ce jour-là, mais on a l’habitude dans le Nord-Est » , explique-t-il. Le temps ne présageait déjà rien de bon pour la rencontre. Malgré un lendemain de victoire en championnat, l’humeur de Mamadou n’était pas au beau fixe. « On a attendu plus d’une heure sous la pluie. Au bout d’un moment, certains joueurs sont sortis et ont pris quelques photos avec les jeunes, puis la voiture de Niang arrive. Au départ, je savais même pas que c’était lui. À côté de moi, il y avait un homme avec son fils qui lui a fait signe. Il n’a même pas ouvert sa fenêtre et ça m’a énervé. Du coup, j’ai mis une grosse claque sur la vitre de sa voiture. » La suite, on la connaît. Du moins, on pensait la connaître. Mamadou Niang, furax, sort de sa voiture et cherche le coupable : « Il a demandé qui avait fait ça et j’ai dit que c’était moi. On s’est retrouvés face-à-face, le ton est monté. Il était énervé. Moi, je répondais. À un moment, il a voulu me mettre une baffe, mais au dernier moment, j’ai reculé et c’est un gars à côté de moi qui l’a prise. » Vraiment pas en forme Mamad’, lui qui, d’habitude, n’a pas besoin de trente-six occasions pour la mettre au fond. Quelques minutes plus tard, les choses se calment, et la déception pointe le bout de son nez : « Les petits étaient dégoûtés. Ils ne s’attendaient vraiment pas à ça et n’ont pas compris son comportement. » Footballeur ou pas, il y a des jours avec et des jours sans.
Faute avouée, à moitié pardonnée
À l’époque, l’incident fait le tour de la toile. Une vidéo qui montre toute la scène est publiée sur internet, et l’image du joueur et du club prennent une claque. Elles aussi. Mais Gaël, qui est supporter de Sochaux à la base, n’en garde pas un mauvais souvenir. Enfin presque : « J’ai eu Mamadou Niang au téléphone et on s’est expliqués, il n’y a plus de problème. Je comprends qu’un joueur de foot n’ait pas forcément tout le temps envie de faire ce genre de choses, mais donner un peu d’attention aux gens, c’est le minimum. » Pourtant, le Sénégalais n’a pas la réputation d’un sanguin. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Souvent même, comme lorsqu’un dirigeant de l’OM contacte l’éducateur pour rectifier la situation : « Super gentil, il m’a demandé ce que pouvait faire le club pour « se racheter ». J’ai dit que la meilleure solution était de faire un petit courrier avec un petit mot d’excuse. Le gars me dit que ça sera fait et me propose même de me rappeler lorsque l’Olympique de Marseille jouera vers chez nous, dans le Nord-Est, pour nous offrir des places afin qu’on vienne les supporter. Mais on n’a plus jamais eu de nouvelles. » Pas très classe. Mais qu’à cela ne tienne. Un anniversaire, ça se fête, et Gaël le sait : « Bien sûr, je lui souhaite un joyeux anniversaire. Dans les Vosges, on n’est pas rancuniers. Surtout qu’en ce moment, à Sochaux, on a besoin de buteur. Mamadou, si tu veux reprendre du service… »
Par Benjamin Asseraf