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Le jour où l’Udinese a humilié Palerme
Le 27 février 2011, l'Udinese était venue s'imposer 7-0 à Palerme. Une victoire historique pour une génération qui est peut-être passée à côté de quelque chose de plus gros encore.
Il reste trente minutes de jeu au Stadio Renzo Barbera quand Toto Di Natale s’apprête à tirer un penalty obtenu par Armero quelques secondes plus tôt. L’attaquant napolitain prend parfaitement Sirigu à contre-pied et inscrit le 7e but de sa formation. Ce sera le dernier lors d’une victoire qui a marqué les esprits dans l’histoire récente de la Serie A. C’était la 27e journée de la saison 2010-2011, et l’Udinese, avec une génération de joueurs exceptionnels, déjouait tous les pronostics. Pourtant, la saison frioulane avait très mal démarré, avec quatre revers contre le Genoa, la Juventus, l’Inter et Bologne, suivis d’un nul à peine meilleur contre la Sampdoria. Après cinq matchs, l’Udinese était alors lanterne rouge, et Francesco Guidolin en très mauvaise posture. La patience de la famille Pozzo, à la tête du club, a finalement payé, « Guido » ayant eu le temps de trouver la bonne formule dans ce chantier permanent qu’est le club frioulan.
Le duo Sánchez-Di Natale et la revanche de Guidolin
Cette victoire reste le fruit d’un collectif bien huilé, certes, mais surtout du talent infini de deux joueurs. Alexis Sánchez et Antonio Di Natale ont détruit à eux deux une équipe entière, le premier, auteur d’un quadruplé, jouait en soutien du second, auteur d’un triplé. Certes, l’expulsion prématurée de Bačinovič dès la 40e minute a bien aidé, mais cela serait réducteur d’en faire un élément décisif. Cet après-midi-là, un cocktail explosif s’est abattu sur Palerme : balles à terre, utilisation des côtés, échanges des positions, hyper-mobilité. À 7-0 à l’heure de jeu et à 11 contre 9 (Darmian expulsé sur le penalty), les joueurs de l’Udinese se sont même arrêtés, en se limitant à un tiki-taka tandis que les travées de la Favorita se vidaient. Alors, place à l’éternel débat sur le respect de l’adversaire, faut-il le prendre en pitié ou enfoncer le clou ? On penchera pour la seconde option puisqu’un historique record aurait pu être battu, celui de la plus large victoire à l’extérieur.
Cette déculottée a tout de même fait son entrée dans le panthéon des statistiques : avant cette rencontre, Palerme n’avait jamais perdu par plus de 4 buts d’écart à domicile, que des défaites 4-0, 6-2 ou encore 5-1, notamment contre… l’Udinese six ans plus tôt, avec cette fois Guidolin sur le banc sicilien. Une petite revanche pour l’ancien technicien de Monaco qui s’est fait virer deux fois par Zamparini, même si les rapports entre les deux sont toujours cordiaux. À l’extérieur, seuls le Milan et Padoue ont fait mieux dans l’histoire de la Serie A avec des succès 8-0 respectivement à Venise et au Genoa plus d’un demi-siècle en arrière. D’ailleurs, le 0-5 au bout de 45 minutes de jeu n’était arrivé qu’une seule fois : toujours le Milan AC, cette fois-ci à Naples.
Une équipe qui pouvait remporter le titre ?
L’ère Guidolin à l’Udinese, la seconde par ailleurs, a duré de 2010 à juin dernier, mais elle a sûrement atteint son apogée ce jour-là. L’équipe est alors classée 5e à seulement huit points du Milan AC, le futur champion. Elle atteindra finalement une 4e place finale synonyme de qualification pour les barrages de la Champions League. Toutefois, on se demande si cette équipe ne pouvait pas prétendre à mieux quand on regarde la formation alignée. Dans les buts, Handanović aujourd’hui à l’Inter, en défense Benatia (Roma puis Bayern), Zapata (Villarreal puis Milan) et Domizzi, sur les ailes Isla (Juve puis QPR) et Armero (Napoli, West Ham, Milan), au milieu, Pinzi, Inler (Napoli) et Asamoah (Juventus). Enfin en attaque, Sánchez (Barcelone, Arsenal) et Di Natale. Cuadrado (Fiorentina), lui, cirait le banc. Du très lourd. Une machine qui a été petit à petit démantelée, ramenant dans les caisses pas moins de 140 millions d’euros. Dommage que les intérêts financiers prennent constamment le pas sur les ambitions à Udine, car cette formation aurait peut-être pu lutter pour le Scudetto l’année suivante.
Par ailleurs, la valeur de l’adversaire du jour rend cette rencontre encore plus mémorable. 8e avant le match, Palermo était en course pour une qualification européenne qui arrivera à la fin de la saison grâce à la finale de Coupe d’Italie perdue contre l’Inter. Dans ses rangs à l’époque, les deux futurs Parisiens Sirigu et Pastore, mais aussi des internationaux ou futurs internationaux italiens comme Nocerino, Balzaretti ou Darmian et d’autres joueurs très bien revendus (Iličić et Hernandez). Une rouste fatale pour Delio Rossi qui n’a pas donné sa démission, mais qui a été évidemment viré par Zamparini qui déclara après le match : « Il a détruit Palermo, on a été ridicules, il ne reste que si je vois la Vierge Marie apparaître. J’aurais déjà dû le virer à Noël. » Cosmi prendra la suite, mais connaîtra le même sort un mois plus tard. Son successeur ? Delio Rossi. La Madonna est passée par là…
Par Valentin Pauluzzi