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Le jour où l’OM perdait le titre à Lescure

Par Arnaud Clement
6 minutes
Le jour où l’OM perdait le titre à Lescure

De cette saison 1998-1999, quelques images restent encore bien présentes quatorze ans après : le pétard allumé par Jay-Jay Okocha pour son premier match en France, l'Olympique lyonnais qui retrouve l'Europe, le PSG qui lève le pied lors de la dernière journée pour donner le titre à des Bordelais, qui torpillaient quelques mois plus tôt au Parc Lescure leur seul rival pour le titre, l'Olympique de Marseille (4-1), pour le tournant du championnat.

22e journée de D1 – 29 janvier 1999

Girondins de Bordeaux – Olympique de Marseille : 4-1Buts : Wiltord (17e et 32e), Micoud (17e) et Laslandes (20e) pour Bordeaux. Dugarry (59) pour l’OM.

Bordeaux : Ramé – Afanou, Alicarte, Grenet, Jemmali (puis Diabaté) – Mestre, Pavon, Benarbia, Micoud – Wiltord (puis Pérez), Laslandes. Entraîneur : Élie Baup

Marseille : Porato – Domoraud, Blanc, Gallas, Luccin (puis Jambay) – Roy (puis Camara, puis Bravo), Brando, Pirès, Dugarry, Ravanelli – Maurice. Entraîneur : Rolland Courbis

Malgré la paupérisation du championnat de France depuis l’arrêt Bosman, quelques clubs ont toujours su mettre l’argent sur la table pour s’offrir des équipes à faire hurler de bonheur des milliers de spectateurs. On peut penser au PSG des années Canal ou à celui des Qataris, à l’omnipotent Olympique lyonnais des années 2000, au Monaco finaliste de la Ligue des champions ou encore à l’OM millésimé 1998-1999. Une époque où les habitués de la Commanderie voyaient débarquer tous les matins trois champions du monde 98 (Blanc, Pirès, Dugarry), des petits jeunes à l’avenir prometteur (Luccin, Gallas) et quelques mecs au nom sympa (Ravanelli, Maurice, Bravo). Un collectif programmé pour gagner en somme. « L’histoire retient qu’on a raté de peu le titre cette année-là. Mais je reste persuadé que si on ne vend pas des mecs comme Blanc ou Domoraud à l’intersaison, on aurait été champion la saison d’après » , soutient Peter Luccin, 20 ans à l’époque des faits.

Possible, mais impossible de réécrire l’histoire. Encore moins de rejouer ce match capital du mois de janvier 1999, où l’OM se fait corriger par un Bordeaux en furie, dans le choc tant attendu par la France du football. Un match qui allait définitivement faire basculer le championnat selon François Grenet, défenseur bordelais : « Sur le coup, on ne peut pas se le dire car nous sommes à égalité de points après ce match. Mais avec le recul, je pense qu’il est décisif. Surtout du point de vue du collectif et de l’état d’esprit. C’était un match référence. » Un avis partagé par Peter Luccin : « Sur ce match-là, il n’y a pas photo. C’est ici qu’on perd le titre, pas sur le reste de la saison puisqu’on est ultra régulier et qu’on fait notre devoir. Bordeaux aussi, d’ailleurs. Sauf que lorsque tu joues pour l’OM à l’époque et que tu te déplaces, tu dois faire ce petit effort supplémentaire pour gagner parce que tu es attendu. »

Claude Bez, le coup de la panne

Ce 29 janvier 1999, le contexte est en effet particulier lorsque Girondins et Phocéens se retrouvent au Parc Lescure devant 33 000 excités. L’OM pointe alors trois longueurs devant, mais n’a plus gagné là-bas depuis 1978 et un match de Coupe de France remporté 2-0 par Gransart, Zvunka et Linderoth (stat’ toujours d’actu…). Mais surtout, Claude Bez, l’homme aux trois championnats et deux Coupes de France qui avait su tenir tête un temps à Bernard Tapie, vient tout juste de décéder. « Personnellement, ça m’a touché car je l’avais rencontré lorsque je suis arrivé au centre de formation. Sur le plan des émotions, c’était fort, même si beaucoup de gens l’avaient critiqué pour la rétrogradation. En tout cas, c’est sûr que ça a rajouté du piment à ce match » , témoigne Grenet, latéral droit hyperactif ce soir-là.

Et ce dernier, aujourd’hui reconverti dans les assurances, de se rappeler que les Bordelais avaient faim d’une bonne bouillabaisse : « Sur le papier, Marseille était plus ronflant, c’est clair. Mais on ne faisait pas de complexe d’infériorité car on formait alors un groupe extraordinaire. » Un squad emmené par le tandem Laslandes-Wiltord, bien servi par les rampes de lancement Benarbia et Micoud. Les visiteurs suffoquaient sous le pressing tout terrain des hommes d’Élie Baup. « Cette année-là, on avait une philosophie inculquée par le coach qui était d’aller chercher très haut nos adversaires, que ce soit l’OM ou n’importe qui d’ailleurs. Peut-être que le contexte a décuplé notre motivation » , précise Grenet. Et Luccin d’acquiescer : « Pourquoi on n’a pas sorti la tête de l’eau dans la première demi-heure ? Parce qu’ils nous pressaient et nous privaient de ce jeu court qui faisait notre force. »

Luccin prend une danse et le carnage commence

Les Marseillais sont acculés, mais le premier tournant du match n’est pas celui qu’on croit d’après Rolland Courbis : « Le tournant ? C’est dans le premier quart d’heure, lorsque Benarbia met un gros tampon à Peter Luccin, qui joua derrière presque sur une jambe et minimisa sa blessure pour ne pas avoir à sortir. » Même s’il dit aujourd’hui bien se souvenir du carnage, sans pour autant se remémorer les buts ou cette blessure, ce match était particulier pour celui qui avait été transféré l’été précédent de Lescure au Vélodrome. « C’est vrai que j’ai été bien accueilli. Mais c’était de bonne guerre. Et comparé à la fois où je suis revenu au Vél’ après avoir signé au PSG, c’était pas grand-chose » , sourit-il, lui qui est actuellement en contact avec le FC Dallas pour rejoindre la MLS.

Une fois ce coup de patte asséné par Ali le métronome, les décalages sont plus faciles à trouver. Moment choisi par Lilian Laslandes pour claquer ce ciseau décisif. Lequel rebondit fort au sol pour lober involontairement Blanc, placé au premier poteau, et finir sur la tête de Wiltord pour l’ouverture du score de la tête. « Sur ce match, il y a tout, c’est comme une plénitude collective. C’est rare de tout réussir à ce point dans une rencontre » , souligne Grenet. Thierry Gilardi a alors à peine le temps de reprendre son souffle au micro que les Bordelais vont empiler trois autres buts en à peine dix-huit minutes. D’abord par Micoud-les-cheveux-bleus, qui s’infiltre dans l’axe grâce à un très bon appel croisé de Laslandes. Il passe en revue tout le monde, notamment un Domoraud à côté de ses pompes, pour le break. « Il lui permet de passer dans le trou, de lui ouvrir l’espace et ça, Johann, il adore » , se délecte même sur le moment un JPP coquin aux commentaires.

Dugarry l’orgueilleux

Deux minutes après, au terme d’un superbe enchaînement collectif où six joueurs opèrent un jeu en triangle à une touche de balle, Laslandes score de près pour le trois à zéro, et ce, malgré une position de hors-jeu de Wiltord au départ. Il reste alors soixante-dix minutes… Et lorsqu’on voit Porato et Domoraud, encore lui, en complète mésentente sur le quatrième but marqué du sceau du futur Gunner, on comprend alors que l’OM n’est pas près de refaire le coup du 22 août 1998, où Montpellier avait réussi l’exploit de perdre après avoir mené quatre à zéro. « À la mi-temps, je ne pouvais que leur dire que le match est perdu. Alors je leur ai martelé qu’il fallait éviter de prendre des cartons ou des suspensions bêtes qui nous coûteraient d’autres matchs » , se souvient Rolland Courbis. Mort pour mort…

La deuxième mi-temps est anecdotique. Mais l’OM la remporte tout de même grâce à un Duga humilié sur la terre de ses premiers émois européens. « Il n’avait pas touché beaucoup de ballons, mais était celui qui avait le plus envie de secouer le cocotier. Il était frustré, de par sa relation avec le public de Lescure, mais ne s’était pas éteint comme d’autres sur ce match. On le voit d’ailleurs à sa réduction du score. C’est le propre des grands joueurs » , défend François Grenet, au marquage. Malgré tout, l’OM en reste là pour ce qui reste sa plus belle rouste subie du championnat. Une rouste à six points qui enrage Rolland Courbis, lui, le chantre de la victoire à deux points. Quant à savoir ce que ce dernier changerait s’il devait aborder ce match de façon différente ? « Juste une chose : je dirais à Luccin d’en mettre un à Ali avant que celui-ci ne l’atteigne » , s’amuse le consultant RMC, station de radio sur laquelle il collabore aujourd’hui… avec Benarbia.

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