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Le jour où… l’OM a perdu le titre au Parc
La légende urbaine veut que l'OM ait perdu le titre de champion de France 1999 sur la pelouse du Parc des Princes. C'est vrai. Mais pas lors du théâtral PSG-Bordeaux de l'ulltime journée avec le but de Feindouno face à une défense parisienne passive. Non, Marseille a perdu le titre tout seul. Face au PSG. C'était au Parc des Princes un soir de semaine. Le mardi 4 mai 1999 exactement.
Les enjeux
36e journée et l’OM est à la lutte avec Bordeaux pour le titre. Avant de se rendre au Parc, Marseille possède deux points d’avance sur les Girondins. Les hommes de Rolland Courbis ont également une finale de Coupe UEFA à jouer contre Parme. Bref, ils peuvent terminer la saison avec deux trophées. Le PSG, lui, pointe à 29 points de Marseille avant cette journée et a, quoi qu’il arrive, raté sa saison. Surtout, les Parisiens n’ont que 4 points d’avance sur le premier relégable et tout peut aller très vite en cas de mauvais résultat face à son pire ennemi. Et comme les Parisiens sont au cœur d’une saison compliquée avec déjà un changement de président (Perpère pour Biétry) et trois entraîneurs différents (Giresse, Jorge et Bergeroo), normalement l’OM n’a rien à craindre. Deux jours avant le match, Christophe Dugarry, alors attaquant de l’OM, annonce la couleur : « Nous montons à Paris afin de prendre trois points qui peuvent être décisifs dans la conquête du titre. »
L’avant-match
Comme souvent, c’est Francis Llacer qui balance une première banderille dans la presse en se déclarant supporter de Bologne au moment de la demi-finale de la Coupe UEFA. Forcément, ça ne plaît pas sur la Canebière et Patrick Blondeau le fait savoir haut et fort dans L’Équipe. « Moi, je suis français et lorsque le PSG a rencontré le Rapid de Vienne en finale de Coupe des coupes, j’étais pour eux. Francis Llacer a voulu faire le malin et le beau auprès de supporters parisiens. Il a eu tort et avant le match, j’irai lui tirer les oreilles pour lui signifier que cela ne se fait pas. » Cette tension, on la retrouve d’ailleurs très vite dans les travées du Parc des Princes. Pour ce choc en semaine, 1000 Marseillais ont fait le déplacement. Ils sont bouillants. À l’aide de marteaux dérobés dans les différents TGV qui les ont amenés à Paris, ils ravagent une partie des bus RATP servant de transport entre la gare de Lyon et le Parc. Quand les premiers ultras olympiens pénètrent dans la tribune F – le parcage visiteur -, le Parc commence à peine à se remplir. Alors que certains Marseillais pénètrent sur la pelouse pour finaliser l’installation de leurs bâches, l’un d’eux se dirige tout droit vers le virage Auteuil et les bâches des Tigris Mystic, l’objectif du jour. Dans le code ultra, se faire voler sa bâche est le châtiment ultime (pour contextualiser, le Commando Ultras 84 s’était fait braquer sa bâche en Avignon par des TM93 l’été 1998). En quelques secondes, une quinzaine d’Olympiens – et notamment des têtes très connues du mouvement marseillais (Depé, Camille, etc.) – se retrouvent sur la pelouse bien décidés à se servir. Pendant que la majorité d’Auteuil invective en chanson les Sudistes, ils ont peu à avoir le « courage » d’aller en découdre sur le terrain… Seul le noyau des Tigris réagit et se joint à la petite sauterie organisée sur la pelouse. S’ensuivent des scènes de bagarre comme rarement observées sur une pelouse de Ligue 1. C’est surréaliste. L’intervention finale des CRS – après de longues minutes – calmera tout le monde et les Olympiens repartiront finalement dans leur parcage avec la bâche de la section Loiret des Tigris. Le ton est donné…
Le match
Ce n’est pas la rencontre du siècle, d’autant que Philippe Bergeroo a surtout mis en place une équipe pour ne pas perdre (Okocha sur le banc). Pourtant, le PSG débute mieux le match avec un Pierre Ducrocq omniprésent au poste de récupérateur-relanceur. Devant, Mickaël Madar prend la profondeur et joue tous ses ballons en déviation. Mais les Olympiens sont trop forts pour ce PSG-là. Sur une erreur de Bruno Carotti qui veut dégager de la tête un ballon anodin en retrait pour Bernard Lama, Florian Maurice – qui avait quitté le PSG l’été précédent – sent le coup et récupère le ballon pour tromper Bernard Lama en renard des surfaces. On se dit que la messe est dite. Le PSG va prendre une valise. Sauf que l’OM n’arrive jamais à enfoncer le clou. Jamais. Les coéquipiers de Laurent Blanc s’acheminent tranquillement vers une victoire par le plus petit des scores. Mais Marco Simone décide alors de sortir du bois. Sur un une-deux avec Madar, l’Italien se retrouve à l’entrée de la surface et s’ouvre l’espace du but sur un crochet extérieur droit avant de trouver le petit filet opposé de Porato (84′). L’OM est sonné et le Parc gueule de folie. Simone, torse nu, vient exposer son tatouage Batman au poteau de corner. On tombe dans l’irrationnel. Marseille a pris une baffe dans la tronche, surtout qu’au même moment Bordeaux – qui joue à Lens – vient de prendre l’avantage 3-2. Paris sent Marseille fébrile et place une deuxième lame. Madar lance Bruno Rodríguez en profondeur dans l’axe, ce dernier dribble Porato et marque. On joue la 88e et le PSG vient de renverser le match en 4 minutes. Le Parc est debout, l’OM à terre. Courbis a raté son match. Pendant ce temps, 200 membres du KOB envahissent la pelouse et traversent le carré vert en direction du parcage marseillais avant d’être stoppés par les forces de l’ordre. Lunaire.
Les conséquences
Finalement victorieux de Lens 4 à 2, Bordeaux reprend la tête du championnat et a son destin entre les mains. Pour le PSG, c’est la première fois, depuis que Canal+ a repris le club, en 1991, qu’il réussit à battre Marseille en championnat. « C’est la victoire d’une équipe motivée et conquérante jusqu’au bout, explique Pierre Ducrocq dans la presse le lendemain du match. Il nous fallait ces trois points, pour nous, pour le maintien du club et pour les supporters, car contre l’OM, c’est toujours important. » Dans les rangs marseillais, le réveil est douloureux. À une semaine de la finale de la Coupe UEFA, le moral est atteint. En Ligue 1, tout semble plus compliqué après ce cauchemar du Parc. D’autant que la fin de l’histoire, tout le monde la connaît. Feindouno qui trompe Bernard Lama et donne le titre aux Girondins dans un Parc des Princes heureux de ne pas voir Marseille champion. Ce PSG-Bordeaux est la triste conséquence de ce PSG-OM, car si l’OM l’avait emporté ce 4 mai 1999, l’OM aurait été champion. CQFD.
Par Mathieu Faure