- Euro 2016
- Quarts
- France-Islande, J-2
Le jour où l’Islande a failli priver les Bleus de l’Euro
Dimanche soir, l’équipe de France affronte l'Islande en quarts de finale de son Euro. Une équipe qui n'a pas attendu 2016 pour être difficile à manœuvrer.
Les Italiens qui font déjà la fête au bord du terrain. Le dégagement de Fabien Barthez. La frappe croisée du pied gauche de Sylvain Wiltord. Francesco Toldo qui ne se baisse pas assez vite. Les Italiens qui se rassoient sur leur banc. La prolongation. Le débordement de Robert Pirès. Le centre de Robert Pirès. Le placement de David Trezeguet. La frappe du pied gauche sous la barre transversale. Les filets qui tremblent. Le coup de sifflet final. Les larmes du Roi David. Sa course folle, torse nu. Son visage déformé par la joie. Les Italiens en pleurs. Les Français sur le toit du monde et de l’Europe. Le but en or. Et dire que tout ça, la France aurait pu ne jamais le vivre à cause d’une équipe d’Islande qui, six mois plus tôt, avait décidé d’être bien plus coriace que prévu. Mais heureusement, David était déjà là pour sauver la patrie.
Une formalité
Le 9 octobre 1999 au Stade de France, les Bleus jouent leur avenir en recevant l’Islande pour le dernier match des éliminatoires. Avant de débuter le match, la France est troisième du groupe avec 18 points, derrière l’Ukraine (19 points) et la Russie (18 points). En d’autres termes, au coup d’envoi, la France n’est pas qualifiée pour l’Euro 2000. Alors, dès les premières minutes, les Français veulent se faciliter la tâche. Même s’ils ne se créent pas vraiment d’occasions nettes, les Bleus dominent outrageusement et font le siège du but islandais d’entrée de jeu, poussant leurs adversaires à la faute. Peu après le premier quart d’heure, le malheureux Dadason se prend un coup franc de Youri Djorkaeff en plein poire, et dévie le ballon dans ses propres filets. Une arcade sourcilière ouverte et 1-0 pour l’équipe de France.
Les hommes de Roger Lemerre continuent d’insister pour faire le break le plus rapidement possible. Face à un bloc très regroupé et très dur sur l’homme, les Français s’essayent de loin, à l’image de Bixente Lizarazu, Sylvain Wiltord et Zinédine Zidane. Zizou est le seul à cadrer, mais le portier islandais s’impose par deux fois. Jusqu’à ce que Youri Djorkaeff trouve la faille. Juste avant la pause, le nouveau joueur de Kaiserslautern accélère, profite de trois ou quatre contres favorables, et s’en va défier Kristinsson. Au bout de ce raid solitaire, une frappe croisée du pied gauche. Imparable, et 2-0. Pendant ce temps-là, Russes et Ukrainiens s’affrontent à Moscou et se tiennent en échec 0-0. Ce qui signifie que la France prend la tête du groupe. Le plus dur semble fait.
Crispations
Au retour des vestiaires, les Français sont cueillis à froid. Pourtant, ils devraient savoir qu’il ne faut pas prendre les Islandais à la légère, puisqu’ils ont déjà buté sur eux au match aller (1-1). À la 48e minute, le capitaine Sverrisson prend les chose en main. Sur coup franc, il envoie une grosse mine de 35 mètres directement dans la lucarne Bernard Lama, qui n’avait rien eu à faire jusque-là. Moins de dix minutes plus tard, la défense française prend complètement l’eau et laisse Gunnarsson égaliser pour l’Islande. Entre-temps, l’arbitre a eu le temps de refuser un but à Djorkaeff, pour un hors-jeu inexistant. À ce moment-là, la France retombe à la troisième place du classement, et n’est même pas qualifiée pour les barrages. Le stade et le banc de touche se crispe. Le champion du monde en titre n’a pas le droit de manquer l’Euro.
Heureusement pour Roger Lemerre, il dispose d’une arme fatale sur son banc. Un jeune joueur, un buteur né, capable de lui sauver la mise. David Trezeguet remplace Lilian Laslandes à l’heure de jeu, tandis que Sylvain Wiltord n’en finit plus de flirter avec les montants. Il ne faut pas longtemps à David pour se montrer décisif. À la 71e minute, après un corner joué à deux, Zidane trouve la tête de Marcel Desailly. Kristinsson repousse dans les pieds de Trezeguet. Le joueur de Monaco ne se fait pas prier pour expédier la balle au fond des filets. Ensuite, il ne se passera plus grand-chose, si ce n’est encore un but refusé à Djorkaeff, pour une main bien existante de Tony Vairelles. Pendant que le futur Roi David célèbre son but, Thierry Roland déclare que c’est « certainement le plus important » de ses trois pions en Bleu. « Pour l’instant » , lui rétorque Jean-Michel Larqué. Oui, pour l’instant.
Par Kevin Charnay