- Le jour où
- 21 décembre 2008
Le jour où les Girondins ont retourné Monaco sur la route du titre
Ce samedi, Bordeaux se déplace à Monaco en position d’outsider. Que les choses soient claires : l’armada monégasque ne fait pas peur aux Bordelais. Voilà maintenant un bout de temps que les Girondins enfilent leurs pantoufles en Principauté. Comme ce 21 décembre 2008, quand les hommes de Laurent Blanc arrachaient une victoire inespérée (3-4).
La dernière fois que Monaco a battu Bordeaux à domicile, Shabani Nonda était le meilleur attaquant du championnat, Élie Baup prenait place sur le banc girondin avec sa casquette – bien utile en cette période de canicule – et 200 000 à 300 000 altermondialistes allaient bientôt manifester sur le plateau du Larzac derrière la moustache de José Bové. C’était l’été 2003. Depuis, Bordeaux est invaincu en dix déplacements à Louis-II. Il y a eu la victoire 1-0 sur un but de l’ex-futur crac Denílson ou encore le terrible 6-0 infligé par les joueurs au scapulaire. D’ailleurs, quelques mois après cette raclée, Monégasques et Bordelais se retrouvent à Louis-II pour le dernier match de la phase aller de la saison 2008-09.
Un doublé pour Alexandre Licata
« Le jour du 6-0, le prince avait quitté le stade avant la fin du match. Ils avaient vraiment envie de nous taper pour se rattraper » , se souvient le Bordelais Matthieu Chalmé. Côté monégasque, Vincent Muratori rejette tout esprit de revanche. « L’effectif avait bougé, le coach Ricardo ne nous avait pas parlé de la défaite 6-0 dans sa causerie » , certifie le défenseur titulaire face à Chalmé, ce soir-là. Pour l’ASM de Ricardo (12e), il s’agit de terminer l’année sur une note positive après un début de saison raté. Pour les Girondins de Laurent Blanc (3es), la mission est de recoller sur les deux Olympiques en tête du championnat. Très vite, le match s’annonce à sens unique en faveur des Monégasques. Juan Pablo Pino lobe Ulrich Ramé sur un coup franc vicelard, Monaco mène 1-0 au quart d’heure de jeu. Pire, Alexandre Licata profite d’une mésentente de la défense girondine pour planter le but du break juste avant la mi-temps (2-0).
À la pause, ça gronde dans le vestiaire des visiteurs. « Le coach nous a dit qu’on allait se prendre une valise si on continuait dans ce sens » , rembobine Chalmé. Et les craintes de Laurent Blanc semblent se réaliser lorsque Pino s’infiltre dans la surface avant de servir un caviar à Licata, qui marque de la tête : 3-0, dès le retour des vestiaires. Malgré ce coup de bambou, Bordeaux est revigoré par les entrées de Marouane Chamakh et Jussiê. Les deux maillons qui permettent de roder la mécanique bordelaise. « En première période, ils n’arrivaient pas à évoluer ensemble. Là, ça jouait fluide. Quand ils accéléraient, on sentait la différence » , note Vincent Muratori. À peine le troisième but encaissé, Chamakh réduit la marque de la tête. Puis, c’est au tour d’Alou Diarra de froisser les ficelles en envoyant une frappe chirurgicale en pleine lucarne (3-2). Laurent Blanc joue le tout pour le tout pour son dernier changement : Yoan Gouffran remplace Marc Planus. Bordeaux pousse de plus de plus. « Les vagues arrivaient de partout, on les sentait perturbés » , explique Chalmé.
Cavenagoal !
Entre-temps, Yoann Gourcuff a failli tromper son propre gardien en dégageant un coup franc sur la barre. Le meneur des Bleus se rattrape sur coup franc, mais Stéphane Ruffier se détend de tout son long pour repousser l’égalisation bordelaise. Le portier finit par s’incliner devant une tête de Chamakh à la 87e. Deux minutes plus tard, Fernando Cavenaghi s’arrache au bout d’un contre. Bordeaux tient son exploit (3-4). « Gourcuff était au sommet, et le tournant du match, c’est l’entrée de Chamakh » , rejoue Muratori. Une désillusion pour l’ASM, un succès qui vient couronner l’osmose qui régnait au sein du groupe girondin. « On était contents de passer des moments ensemble. Comme on jouait souvent le dimanche, on organisait souvent un repas d’équipe le jeudi soir » , se souvient l’ancien latéral girondin. Après avoir gagné à Grenoble en passant toute la dernière demi-heure à neuf contre onze, les Girondins emmagasinent à nouveau de la confiance qui va les porter vers le titre en finissant la saison par une impressionnante série de onze victoires d’affilée. « On a marché sur l’eau » , résume Chalmé. Et donc aussi sur Monaco.
Par Florian Lefèvre
Tous propos recueillis par FL