- International
- Maradona à Paris
- Le jour où...
Le jour où le PSG s’est frotté au Barça de Maradona
Alors que son autobiographie Ma vérité vient de sortir en VF (éditions Hugo & cie), Diego Maradona est à Paris ce jeudi, pour promouvoir des montres à son effigie. L’occasion de revenir sur le jour où le Parc des Princes a vu évoluer l’Argentin - pour 60 francs en tribune présidentielle.
Il y a d’abord les talons-fesses, puis les moulinets des bras et enfin les frappes dans le vide. Voilà pour le dernier échauffement, avant la traditionnelle photo avec le reste de l’équipe barcelonaise. Sur la pelouse du Parc des Princes, les cameramen n’ont d’yeux que pour le meneur de jeu blaugrana. Les flashs crépitent devant le numéro 10, lui le jeune prodige qui avait découvert Paris un an auparavant sous les couleurs de Boca Juniors. Diego : petit, trapu, une touffe. Un style comme nul autre.
« Maradona, je me souviens quand on a affronté l’Argentine avec l’équipe de France, mais pas avec le PSG » , certifie Luis Fernandez. Pas mieux du côté de son coéquipier Jean-Marc Pilorget : « Franchement, ce match, je ne m’en rappelle pas du tout. » Quand on a des centaines de matchs au compteur sous la tunique parisienne (237 unités pour le premier, 435 pour le second), difficile de tout rembobiner. Mais à l’amorce d’une saison qui verra le Paris Saint-Germain remporter sa deuxième Coupe de France consécutive, les deux hommes sont bel et bien sur la feuille de match du PSG – FC Barcelone concocté par le syndicat des journalistes sportifs de France (l’USJF). Une vraie affiche de gala, d’autant que le tenant de la Coupe des vainqueurs de coupe ramène dans sa troupe, à Paris, une recrue estivale argentine : El Pibe de Oro.
Pratiquement rien pendant 30 minutes, et puis…
Chez lui, à Buenos Aires, Diego Maradona était un crack qui survolait le championnat. Aux yeux de l’Europe, en 82, l’Argentin s’est surtout fait connaître en envoyant un chassé dans le buffet du Brésilien Batista lors du Mundial espagnol. Recruté à Boca pour un montant record de 1,2 million de pesetas, Maradona touche un juteux contrat de « 42 millions de centimes » mensuel, comme l’assène d’entrée Gérard Holtz, dans le sujet consacré à la vedette sur Stade 2, le lendemain de la rencontre. « 22 ans, Argentin, surdoué du football devenu en quelques mois une superstar ! »
« Hier, pratiquement rien pendant 30 minutes, poursuit le journaliste, et puis une balle qui traîne, un contre-pied, but. Merci Diego. Chapeau. C’est beau » , conclut-il sur un plan du film Avec les compliments de l’auteur, dont Al Pacino est à l’affiche. En tout et pour tout, Maradona touche 35 ballons avant de céder sa place à l’heure de jeu… sous les huées du Parc. Les 30 000 spectateurs sifflent l’arbitre qui vient de refuser un but parisien à cause d’une faute dans la surface. Un but qui aurait permis aux hommes de Georges Peyroche de réduire l’écart. Au lieu de ça, Juan José Estella Salas inscrit dans la foulée le quatrième but des Catalans, qui scène une large victoire (1-4) dessinée en première période. Paris a trouvé à qui parler : « L’équipe catalane a fait preuve d’un grand talent et la supériorité du Barça était évidente, lâche Luis Fernandez à la fin du match. Si les Barcelonais continuent à jouer ce jeu rapide en contre-attaque, il devraient dominer le football européen au cours des prochaines années. »
« En Espagne, le football est trop dur »
Après avoir parlé plata, El Diez fait une confession au micro de Gérard Holtz : « Aujourd’hui, je joue dans le championnat espagnol où le football est trop dur. Les arbitres ne font rien contre cette violence. Tout à l’heure, j’ai vu [Osvaldo] Ardiles (milieu de terrain argentin du PSG en 82-83, ndlr) qui m’a dit qu’en France, il n’y avait pas de violence. J’espère bien qu’un jour, j’aurais l’occasion de jouer en France ; je pourrais alors jouer le football que j’aime. » Sa destinée s’écrira finalement à Naples. Parce que comme il l’expliquera en 2004, Maradona n’a jamais été du genre à suivre un plan de carrière : « Je ne sais pas ce que je vais faire dans 15 minutes, alors comment voulez-vous que je sache ce que je vais faire demain ? »
Par Florian Lefèvre
Propos d’époque tirés de l’INA et du site Paris.canal-historique.