- Euro 2016
- Gr. D
- Tchéquie-Turquie
Le jour où la Turquie a renversé la République tchèque au bout de la folie
Il y a huit ans, Turcs et Tchèques s'affrontaient déjà en phase de poules de l'Euro avec, à la clé, un match mémorable. Parce que Fatih Terim. Parce que le scénario est incroyable. Parce que c'est aussi le jour où Petr Čech a fait la boulette de sa vie. Souvenirs.
« Rien n’est fini tant que nous ne l’avons pas décidé. » Voilà la devise que l’on peut lire sur le site de la Fédération de football turque. Une phrase comme la fédé aurait pu en inventer 1000 ? Pas vraiment. La formule prend tout son sens lorsque l’on se penche sur le passé de l’équipe nationale turque. En 1996, la Turquie se qualifie pour la première fois en phase finale de l’Euro. Six ans plus tard, la bande à Hakan Şükür empoche la troisième place du Mondial. Mais le point d’orgue de l’histoire de la sélection de Turquie se situe sûrement à l’Euro 2008.
Les tirs au but pour un match de poules ?
Le 15 juin 2008, le stade de Genève accueille République tchèque – Turquie. Un peu plus qu’un match de poules : c’est un véritable huitième de finale. Même nombre de points, de buts marqués, de buts encaissés, les deux équipes sont à égalité parfaite à la deuxième place du groupe A. En cas de match nul à l’issue des 90 minutes, la qualification se jouera lors d’une séance de tirs au but ! Une chance longtemps inespérée pour les Turcs, qui ont arraché la victoire à la 90e+1 face à la Suisse (2-1), après avoir perdu face au Portugal (2-0). En face, les Tchèques, victorieux de la Suisse (1-0), puis défaits par le Portugal (1-3), partent favoris.
Méfiant, le sélectionneur tchèque, Karel Brückner, aligne un 4-5-1 sans Milan Baroš ; le géant Jan Koller est à la pointe de l’attaque. Un choix payant. Sorti de sa pré-retraite à l’AS Monaco (via Nuremberg), Koller concrétise la domination de son équipe en envoyant un coup de casque sous la barre (1-0, 34e). Il faut attendre la deuxième période pour voir une réaction des troupes de Fatih Terim. Et pourtant, au bout d’un contre, Jaroslav Plašil s’étire au deuxième poteau pour faire le break (2-0, 62e). La Tchéquie s’envole vers les quarts de finale. Mais Arda Turan n’a pas oublié son but salvateur inscrit quatre jours plus tôt devant la Suisse.
Remontada
Pas encore barbu, le maestro turc trouve la main pas ferme de Petr Čech à l’aube du dernier quart (2-1, 75e). Comme un présage de la foudre qui va s’abattre sur le gardien tchèque ? Personne ne s’en doute encore. Les minutes filent, la République tchèque plie, mais parvient à repousser les assauts turcs. Jusqu’à un centre fuyant, presque anodin, d’Hamit Altıntop. Toute sa carrière, Čech aurait capté ce centre venu de la droite. Mais pas ce soir-là. À peine le portier de Chelsea a-t-il le temps de réaliser que le ballon lui a échappé, Nihat se précipite pour prolonger le cuir au fond des filets (2-2, 87e). La séance de tirs au but se précise. À moins que…
Le momentum s’inverse. Deux minutes après l’égalisation, la défense tchèque ne s’aligne pas sur l’utime appel en profondeur de Nihat. Seul à l’entrée de la surface, le capitaine s’applique pour achever la remontada turque. C’est juste sous la barre (2-3, 89e). « Le troisième but a été la conséquence du deuxième. C’est mon erreur qui nous a coûté la qualification, regrette Petr Čech à la fin du match. Il va falloir attendre plusieurs nuits avant de s’en remettre. » Tuncay termine la partie dans les cages turques suite à l’expulsion de Volkan, la Turquie peut enfin exulter. Le plus fou, c’est que le meilleur reste à venir contre la Croatie. En janvier dernier, Fatih Terim le glissait dans SO FOOT : « L’ADN du football turc, c’est l’émotion. »
Par Florian Lefèvre