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Le jour où la sœur d’Hulk a subi un kidnapping
Samedi dernier, Hulk célébrait sa venue au monde. L'occasion pour le Brésilien exilé en Russie de se retrouver avec sa famille pour souffler ses 29 bougies. Une cérémonie à laquelle sa sœur Angélica aurait pu ne jamais participer. La faute à un enlèvement suivi d'une demande de rançon en 2012. Coup de bol, à l'époque, Hulk et ses proches étaient tombés sur une belle bande de branquignoles en guise de criminels. Explications.
Lundi 6 novembre 2012, Campina Grande, dans la province de Paraíba au Brésil. 13h tapantes. Angélica Aparecida Vieira de Souza, sœur cadette de Hulk, se rend dans le quartier de Catole. La jeune femme est attendue dans le restaurant d’un certain Elio da Silva afin d’y donner une conférence sur la nutrition. Galant, Elio la récupère dans le centre-ville avant de la conduire directement à son établissement. Une fois arrivé sur place, l’homme sort de son véhicule, sans aucune raison apparente ni même prendre la peine de se garer. Angélica n’a pas le temps de dire le moindre mot que deux individus, cagoulés, prennent le contrôle du véhicule avant de filer à toute allure. Dès lors, la Honda de couleur grise est activement recherchée par la police. En vain, puisque les gangsters demeureront introuvables 24h durant. Avant de se tirer une balle dans le pied, à la suite d’une embrouille quant à la répartition du butin. Comme toute organisation criminelle qui se respecte, finalement.
Kidnapping, argent en masse et fumisterie
Lorsque la nouvelle se propage, Hulk est bloqué à Saint-Pétersbourg et n’a d’autre choix que de ronger son frein dans le frimas russe. Comme tout spectateur lambda, l’ailier à la frappe de mule suit les avancées de l’enquête via les chaînes d’informations brésiliennes. Rapidement, la thèse du kidnapping assortie d’une demande de rançon voit le jour. Il faut dire que les rapts touchants les familles de footballeurs sont monnaie courante en Amérique du Sud. D’autant que les six millions d’euros annuels de Hulk attirent bon nombre de convoitises. Pour autant, l’enlèvement vire très vite au fiasco. Simplement une journée après sa disparition, la sœurette rejoint le cocon familial. Le tout, sans que Hulk n’ait eu besoin d’envoyer le moindre centime en urgence.
Ce retournement de situation ne tient qu’à deux éléments : l’ingéniosité d’Angélica couplée à un amateurisme presque aussi invraisemblable que salvateur de la part de ses ravisseurs. Peu après sa remise en liberté, la jeune maman de 23 ans éclaircit petit à petit les dessous de l’affaire. Déjà, le nombre de criminels impliqués serait de trois. À l’origine, ces derniers avaient fixé la rançon à 150 000 dollars, soit une somme considérable compte tenu du niveau de vie dans cette partie du Brésil. Sauf que le butin ne devait pas être réparti équitablement, ce qui provoqua le courroux du bandit floué.
Manque de pot, il s’avère que cet homme devait s’occuper de garder la prisonnière dans la planque, à l’abri de toute civilisation. Seule face à son tortionnaire, la captive saisit sa chance et lance une discussion. Jose Eliton de Melo Santos, de son nom complet, lui raconte que ses deux partenaires lui ont promis 3 000$ pour le job. Pas conne, la sœur d’Hulk flaire le bon filon et propose de doubler la prime. Sans hésiter, le bougre accepte, puis la relâche. Et met, du même coup, fin à cette jolie petite entreprise.
Faire des exemples pour protéger les familles de footeux
Une fois libre, elle s’empresse de rejoindre le poste de police de Campina Grande, où elle met au parfum les enquêteurs sur le deal passé avec Santos. De fait, ce dernier escompte toujours récupérer l’argent promis par son ex-otage, mais ignore – naïvement – qu’Angélica a tout cafté aux uniformes. Du coup, lorsqu’il se montre au point de rendez-vous décidé la veille avec elle, les policiers n’ont plus qu’à le cueillir, tranquillement.
Génie toujours, les deux autres complices ne tardent pas non plus à se trahir. Durant sa courte détention, la sœur cadette de Hulk a néanmoins eu droit à un repas, en provenance directe de l’entreprise où travaillait le cerveau de l’opération, qui n’est autre que Elio da Silva, le patron du restaurant où Angélica était censée donner sa conférence. Habituée des lieux, elle n’a eu aucun mal à définir la provenance exacte du plat. Le troisième et dernier malfrat est un ami du restaurateur. Également politicien véreux, ce Rodolfo Bruno Barbosa Sousa comptait sur le coup pour rembourser certaines de ses dettes. Raté.
Une fois tout ce beau monde derrière les barreaux, les autorités s’en donnent à cœur joie pour faire de ce procès un exemple. Plus qu’un simple méfait, la justice brésilienne souhaite réprimander une pratique (trop) répandue, qui a entre autres touché Robinho et Luiz Fabiano, dont les mamans avaient été enlevées il y a peu. Les peines varient donc entre cinq à dix années fermes, après appel. Des sentences dures au vu de l’expédition, qui ressemblait davantage à une aventure rocambolesque qu’à un enlèvement cinglant. Mais une sentence qui freinera peut-être l’envie de certains de s’en prendre aux proches de footballeurs célèbres. Ou du moins, qui leur donnera la bonne idée de servir du surgelé à leur otage.
Par Eddy Serres