- Ligue 1
- J31
- St-Étienne–Montpellier
Le jour où la neige a fait descendre Montpellier
Ce samedi soir, Saint-Étienne reçoit Montpellier pour le compte de la 31e journée. Une affiche qui rappelle un certain 16 février 2000. Des buts en pagaille, des retournements de situation, des buteurs qui s'appellent Pédron, Loko, Rui Pataca ou Aloísio, et de la neige : la Ligue 1 qu'on aime.
Rudy Riou a la tête basse lorsqu’il se retourne vers ses propres filets, les mains sur les hanches. La victoire de son équipe vient de filer entre ses gants, en même temps que le ballon. Pire, il vient de condamner Montpellier à la défaite après un match dantesque. On joue la 81e minute, et le petit pointu d’Aloísio, qui s’est glissé entre les deux défenseurs centraux, a scellé la victoire 5-4 de l’AS Saint-Étienne. « Il y avait déjà eu une erreur de relance à la base de l’action. Et là, la faute de main de Rudy nous a condamnés, on n’avait plus les ressources pour revenir derrière » , se souvient Cédric Barbosa, alors joueur du MHSC. À la décharge de Rudy Riou, les conditions météorologiques sont catastrophiques depuis presque une demi-heure. « Au début du match, c’était la pluie, et puis à partir de l’heure de jeu, ça a été le vent et la neige, du grand n’importe quoi. En 15 minutes, il y avait cinq centimètres de neige sur la pelouse, une tempête » , explique l’actuel joueur de l’Évian Thonon Gaillard. Une véritable pièce de théâtre.
Six buts en 45 minutes
Avant le match, l’heure n’est pas à la fête pour les deux équipes. C’est la peur de descendre qui règne. Promu la saison précédente, Saint-Étienne n’a plus marqué depuis quatre journées de championnat. À l’heure actuelle, mi-février, les Verts n’ont qu’un point d’avance sur le premier relégable. En face, Montpellier est encore plus mal, 18e et bon dernier de Ligue 1, avec sept points de retard sur le premier non-relégable. D’entrée de jeu, ce sont les Montpelliérains qui sont les plus mordants. La défense stéphanoise se met dans le rouge toute seule. Dès la 11e minute, Rui Pataca est lancé côté droit. Son centre est dévié par Jean-Guy Wallemme, qui expédie le ballon dans ses propres filets. Quelques minutes plus tard, les Montpelliérains enfoncent déjà le clou, grâce à un subtil lob de Patrice Loko. On ne joue que depuis 24 minutes, et voilà l’ASSE menée 2-0. La première de Jérémie Janot en Ligue 1 est difficile.
Le coup de Montpellier est parfait pour se relancer jusqu’à maintenant. « Quand on mène 2-0, on se dit que c’est bien engagé, qu’on a peut-être fait le plus dur » , raconte Barbosa. « Mais on sait quand même que tout peut arriver. » Et c’est le moins que l’on puisse dire, puisque Montpellier s’écroule totalement avant la pause. En vingt minutes, Saint-Étienne renverse totalement la tendance et inscrit quatre buts. C’est d’abord Stéphane Pédron qui réduit la marque, au terme d’un beau mouvement collectif. José Aloísio transforme ensuite un penalty qu’il a obtenu lui-même pour une faute imaginaire de Cédric Barbosa. « Même si la décision arbitrale est très dure, ce n’est pas ça qui nous a fait plonger » , tempère le principal intéressé. Et pour finir, c’est Alex qui marque le 3000e but de l’histoire des Verts en championnat sur une action de raccroc, imité par Bruno Carotti juste avant la mi-temps.
La catastrophe
Un temps faible incroyable pour Montpellier. Inexplicable. « Je me souviens d’une colère mémorable de notre entraîneur, Michel Mézy, à la mi-temps. Il avait frappé dans les portes, il hurlait » , se remémore Barbosa. Au retour des vestiaires, le coup de gueule a vraisemblablement fait son petit effet. Le calvaire de Jérémie Janot reprend. Les Montpelliérains entament le second acte tambour battant et reviennent rapidement au score. À la 54e minute, Loko reprend un centre en retrait de Rui Pataca. Quatre minutes plus tard, le Portugais enfile le costume du buteur pour remettre les deux équipes à égalité. À ce moment-là, Montpellier pense même à la victoire, histoire de profiter de la bonne dynamique pour décrocher trois points si précieux. Et puis, la neige se déclenche. Et le niveau technique baisse, et le ballon glisse, et Rudy Riou commet cette terrible faute de main…
Robert Nouzaret, coach de Saint-Étienne vient de tuer Montpellier, lui l’ancien de Paillade. « La situation de Montpellier ne me réjouit pas, car il y a un homme que je n’oublierai jamais et qui ne mérite pas ça, c’est Louis Nicollin » , déclare-t-il après le match. Il ne le sait pas encore, mais cette rencontre est un véritable tournant du championnat pour les deux équipes. Saint-Étienne va finir la saison en boulet de canon et se classer à la sixième place. Quant à Montpellier, ce sera la longue descente en enfer. « Le scénario était tellement cruel, c’est certain que ce match nous a marqués. Ça fait mal dans les têtes, ça nous a plombés pendant quelque temps » , concède Barbosa. Finalement, le MHSC terminera bon dernier du championnat, largué à onze points du maintien. Putain de neige.
Par Kevin Charnay