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Le jour où Jaap Stam s’est brouillé avec Sir Alex à cause d’un bouquin
En ce 17 juillet, Jaap Stam célèbre ses 43 printemps. L'occasion de revenir sur l'un des faits marquants de la carrière de l'ancien mastodonte oranje. En 2001, lorsqu'il évolue à Manchester United, le défenseur se brouille avec Sir Alex Ferguson. La cause supposée ? Une sombre histoire d'autobiographie pas vraiment appréciée par le SAF. En réalité, c'est un peu plus compliqué que ça. Explications.
Après deux exercices sensationnels au PSV, Jaap Stam est alors considéré comme une figure montante au poste de défenseur. Les observateurs louent ses monstrueuses qualités physiques ainsi qu’une rare aisance avec le cuir pour un bonhomme de son gabarit. À cette époque, en 1998, le Batave arbore encore quelques cheveux sur le caillou. Tandis que Manchester United part à la conquête d’une nouvel arrière central – suite à la baisse de régime de Gary Pallister – Stam sort d’une Coupe du monde très convaincante avec les Pays-Bas, tombés en demi-finale face au Brésil. Sir Alex Ferguson n’hésite donc pas une seconde et dégaine le chéquier. Contre près de douze millions de livres, le PSV accepte de lâcher sa clef de voûte défensive. Un prix exorbitant pour l’époque, faisant de lui le Néerlandais et le défenseur le plus cher de l’histoire du ballon rond.
« Essaye de le dribbler et il te fera ressembler à une bite »
Avec un certain recul, le moins que l’on puisse dire est que les Red Devils ont effectué une excellente transaction. Deux saisons et demie durant, Jaap Stam prend le contrôle du secteur défensif de United. À tel point qu’Old Trafford lui invente rapidement un chant personnalisé. « Jaap Stam est un énorme Hollandais / Passes-le si tu l’oses / Essayes de le dribbler et il te fera ressembler à une bite. » De la poésie anglaise comme on l’aime, en somme. Un amour inconditionnel des supporters assorti d’une confiance entière de son coach, qui lui confie lors de certaines rencontres le brassard de capitaine, lorsque Roy Keane est notamment absent. Une complicité qui prend immédiatement fin quand l’international hollandais a la mauvaise idée de sortir une autobiographie, nommée Head to Head.
Paru pendant l’été 2001, ce bouquin lui attire les foudres du vestiaire mancunien. De fait, entre autres révélations sur les dessous de son transfert, Stam relate certains événements et propos qui ne sortent habituellement jamais du groupe professionnel. Pire, il se permet même de qualifier les frères Neville de « deux cons toujours occupés » , bien que Gary himself admit plus tard qu’il s’agissait d’un terme affectueux. Quant à l’entraîneur écossais, il reproche à son grand défenseur – désormais chauve – la divulgation de certains de ses secrets tactiques.
Il faut dire que les révélations choisies par Jakob – de son vrai prénom – ne sont pas tendres pour Fergie. Dans son autobiographie, l’ancien du PSV raconte que dans ses causeries d’avant-match, Sir Alex n’était pas contre l’idée d’une simulation bien choisie. « C’est arrivé à un tel point qu’il nous a déjà dit : « N’essayez pas de rester debout si vous êtes dans la surface et qu’un adversaire vous touche légèrement ». Néanmoins, c’est compliqué pour moi de plonger. Si je simule au moindre contact, je paraîtrai stupide en tombant comme si je venais de me faire tirer dessus. » Des indiscrétions qui valent, en premier lieu, 100 000 livres d’amende pour la parution du livre.
Tendon d’Achille, station service et Lazio
À ce moment-là, Jaap Stam est mis à l’écart du groupe tout en peinant à se remettre convenablement d’un vilain pépin au tendon d’Achille. Ni une ni deux, le board de Manchester United souhaite s’en débarrasser. « J’ai réalisé que la direction voulait me mettre à la porte. Le club avait également besoin d’argent. Rapidement, l’autobiographie est devenue un nouveau problème pour eux » , confie plus tard au Sunday Mirror le défenseur élu deux fois de suite par l’UEFA comme le meilleur à son poste, en 1999 et 2000.
La Lazio saute sur l’occasion et formule la fameuse offre « qu’aucun club ne peut refuser » . Officiellement, en tout cas. « Stam revenait tout juste d’une blessure et nous pensions qu’il avait perdu de son niveau. Nous avons reçu une offre de la Lazio. 16,5 millions de livres pour un arrière central de 29 ans, c’est une offre que je n’ai pas pu refuser » , confesse plus tard Ferguson. Le principal intéressé, lui, ne souhaite cependant pas quitter la grisaille mancunienne. Plus tôt dans l’année, il avait signé un nouveau contrat le liant pour cinq saisons supplémentaires avec les Red Devils. Mais la réalité le rattrape rapidement.
« On s’est retrouvés à une station service. Il (Ferguson, ndlr) m’a dit que je devais être transféré. Il a alors ajouté : « Pourrais-tu rapidement partir à la Lazio, s’il-te-plaît ? » J’ai dû accepter. Une simple conversation dans ma voiture garée à une station service de Manchester aura suffi à me faire quitter ce grand club. » Encore aujourd’hui, Stam parle de cette aventure comme d’une déception. Bizarrement, ce n’est pas le seul. « Il s’agit de l’une de mes plus grandes erreurs en tant que manager. Heureusement, je n’en ai pas fait beaucoup, mais celle-ci en fait partie » , avoue Sir Alex au Daily Mirror en 2010. Un Fergie qui a donc toujours du mal à avaler la pilule. Entre deux bulles de chewing-gum.
Par Eddy Serres