- Joyeux anniversaire, Eden Hazard !
Le jour où Hazard a couché Nancy avec la gueule de bois
Eden Hazard a aujourd'hui 28 ans. Va-t-il le fêter jusqu'au bout de la nuit, alors que Chelsea joue mardi à Tottenham, en League Cup ? Sans doute pas. Pourtant, il y a quelques années, la perspective d'un match à venir ne l'empêchait pas de guincher. Et de coller un triplé dans la foulée.
La fin d’une époque : voilà ce que représente ce 20 mai 2012 pour le LOSC. Un petit a bien grandi et bientôt, il va s’illuminer à la face du monde. Il a marqué les plus belles pages du club. Il a été de toutes ses joies modernes. Et pourtant, tout le monde s’en fout et personne ne le regrettera vraiment. Oui, ce 20 mai 2012, Lille joue pour la dernière fois au Stadium-Nord de Villeneuve d’Ascq et les adieux se font sans un regard ou presque. Car tous sont tournés vers l’enfant du club, celui que les plus fidèles ont suivi depuis ses treize ans et son arrivée en provenance de Tubize. Eden Hazard ou la promesse devenue réalité, qui va profiter de sa dernière représentation pour terminer en beauté en collant son premier triplé professionnel. Fin de la belle histoire ? Pas si vite. Ce serait oublier la scène post-générique.
Un verre, ça va, des verres, bonjour le triplé
Elle est livrée en guise de cadeau de Noël, le 24 décembre 2016, dans l’émission Le Vestiaire, sur feu SFR Sport 1. Il n’a ni barbe ni rennes, mais Rio Mavuba sort une superbe anecdote de sa hotte sur ce fameux 20 mai. Ou plutôt, sur la nuit du 19 au 20 : « On était assurés de finir troisièmes et on recevait Nancy le lendemain. Moi, je savais que je ne jouais pas, donc ça ne me dérangeait pas. Eden, c’était son dernier match, donc il a voulu organiser un petit truc, il n’y avait pas de mise au vert parce que c’était le dernier match. On décide d’aller boire un petit coup, qui tarde, qui tarde, qui tarde… (Rires.) Il y avait quand même rendez-vous le matin à dix heures. Là, il y a Marko Baša qui entre dans la chambre d’hôtel, il tombe sur un joueur qui était sorti la veille, il dit : « Mais qu’est-ce que tu fous là, toi ? » C’était Eden. Il dit : « J’ai pas eu le temps de rentrer chez moi ! » (Rires.) On enchaîne, on passe la journée et le soir on arrive au match. Même pas une demi-heure de jeu, on gagne 3-0 et Eden avait mis trois buts. Là, on a dit : « Ah ouais… » On s’est regardés, on a dit : « Quand même, le petit… » (Rires.) »
Plus que 2 matchs a vivre sous les couleurs du LOSC… Sniff
— Eden Hazard (@hazardeden10) 12 mai 2012
« On était tous fêtards »
Compère de Rio Mavuba au milieu, Florent Balmont se souvient bien de ce match dans ce qui n’était « pas vraiment un stade de foot » . Et de l’attitude de son capitaine d’un soir : « C’est possible qu’il n’ait pas dormi, en tout cas, ça ne m’étonnerait pas de lui ! C’est pour ça qu’il était autant relâché, il s’est éclaté sur le terrain. (Rires.) » De fait, si les vapeurs de la nuit ont pu troubler la mémoire de Mavuba, ça fait bien 4-1 à la 34e, avec trois buts en 24 minutes pour Hazard, dont le dernier sur penalty. Ce qui valide une observation de Balmont : « Il n’était pas fan de l’entraînement et au début, tu te dis qu’il faudrait qu’il fasse un peu plus d’effort. Mais à partir du moment où il fait la différence tous les week-ends, bah tu le laisses s’épanouir comme ça, hein. » Dans la bouche de Souleymane Diawara, on appelle ça mener une vie de bâtard.
Avec ce triplé, Eden Hazard boucle un championnat avec 20 buts, 15 passes décisives et un second trophée de meilleur joueur de la saison d’affilée. Un kiff pour Balmont, qui note l’intelligence du joueur belge, capable « de distribuer ou de faire la différence individuellement au bon moment » . Et son sens de la fête : « Je sais qu’ils ont été boire des coups ce soir-là, d’autant qu’il s’entendait bien avec Rio. Moi, je n’étais pas là, on n’était pas de la même génération. Mais dans l’ensemble, on était tous fêtards. Quand on a le titre, c’est aussi grâce à ça, une super ambiance. On sortait, on se faisait des restos… » Le 20 mai 2012, Hazard aura été servi. Deux passes décisives signées De Melo et Payet, un penalty obtenu par le même Payet, le gamin de 21 ans peut laisser son brassard et beaucoup d’amour dans les cœurs lillois à la 88e : « Tout le monde s’est levé, reprend Balmont, on ne pouvait qu’applaudir ce qu’il avait fait à Lille. C’est une pépite ! »
L’avenir lui appartient
Mais ce soir-là, une question reste aussi en suspens : où donc va bien pouvoir aller jouer Hazard ? Il se dit que la bataille se joue du côté de Manchester. Que City et United se battent à coups de surenchères pour arracher celui qui doit aller taquiner le Ballon d’or et murmurer des douceurs aux grandes oreilles européennes. Le 28 mai, Hazard prend finalement la direction du frais tenant du titre. Chelsea vient de remporter la Ligue des champions face au Bayern Munich dans une finale disputée le 19 mai, la veille du dernier match d’Hazard avec Lille. À l’heure de l’apéro, donc. Et si tout s’était décidé autour d’un verre qui tarde, qui tarde, qui tarde ?
chose promise chose due… je vais rejoindre le champion d europe.
— Eden Hazard (@hazardeden10) 28 mai 2012
Par Eric Carpentier