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Le jour où Gareth Bale a transformé Maicon en plot
Il y a un peu plus de deux ans, Tottenham rencontrait déjà l’Inter Milan et Gareth Bale faisait danser Maicon à San Siro et à White Hart Lane. Avec trois buts et trois passes décisives en deux matchs face au champion d’Europe en titre, le Gallois a marqué au feutre indélébile la C1 2010-2011. Ça valait bien un petit retour en arrière.
À deux c’est mieux, écrivait Anton Tchekhov. Plus d’un siècle plus tard, pas sûr que l’on trouve beaucoup de bouquins du nouvelliste russe sur la table de chevet de Maicon. Car s’il disparaît chaque jour un peu plus du côté de Manchester City, l’ex-meilleur latéral du monde n’a eu besoin que de deux bals pour être dégoûté à vie de la danse en couple. Deux tangos brûlants partagés avec Gareth Bale devant les yeux de la planète comme deux humiliations publiques qui défigurent à jamais la face d’un joueur. « Il l’a tué » , résume sobrement Rafael van der Vaart, rejoint peu de temps après dans son morbide constat par Luís Figo. « Un taxi pour Maicon » , entonnent quant à eux les fans des Spurs qui ont eu l’immense privilège d’assister au deuxième acte de ce qui reste comme l’une des plus belles prestations individuelles des années 2000. En l’espace de deux semaines, entre le 20 octobre et le 2 novembre, le pauvre Maicon a couru pour 11. Comme quoi, Forrest Gump ne joue pas qu’au ping-pong.
Les excuses de Maicon
« Pardon. » Gareth Bale est un môme bien éduqué, par des parents aimants et chaleureux du côté de Cardiff, mais étrangement, ce soir-là, c’est Maicon qui s’excuse. « Oui, il disait ça. En fait, il disait ça à chaque fois qu’il me donnait un coup. » Un peu comme si Maicon, latéral droit tout puissant à ce moment précis de sa carrière, ne pouvait rien faire d’autre ces soirs-là, pour stopper Bale. Pas rancunier, le Gallois poursuit, sans penser à Breno et Bruno Souza : « Mais Gomes aussi est comme ça. Je crois que tous les Brésiliens sont gentils et bien éduqués, en fait. » Peut-être trop. Parce que ce soir d’octobre, à San Siro, ils auraient été nombreux à se payer les tibias de Gareth Bale. Le football est un sport de contact, de duel, mais on ne voit que trop rarement des séances de un contre un aussi violentes, intenses. Gênantes, même. On a déjà vu des joueurs prendre l’ascendant sur leur vis-à-vis, mais de là à prendre le bouillon à chaque fois… Grand pont, crochets, feintes de corps, frappes, centres précis, le public de San Siro assiste à un récital du maestro Bale tandis que Maicon, chanceux, est aux premières loges. Ce soir-là, l’Inter sauve la face du Brésilien en l’emportant 4-3, mais le rendez-vous est pris pour dans deux semaines, à Londres. À peine suffisant pour que Maicon prenne le temps de se reposer.
Redknapp réclame le contrôle anti-dopage
Si, de son passage à Monaco, Maicon gardait un peu de rap français dans les oreilles, il pensait sûrement à cette punchline d’El Matador avant de pénétrer sur la pelouse de White Hart Lane : « Tu vas glisser, échange tes crampons contre des pneus Michelin. » Mais il est serein, le Maicon. De toute façon, un homme averti en valant deux, le marquage devrait être plus simple. Bah non. Bale va bouffer les lignes de touche de White Hart Lane jusqu’à ce qu’on n’en voit plus le blanc et Maicon va voir le dos de Gareth Bale jusqu’à en avoir marre. Maudit chiffre 3. Deux semaines après les trois buts, c’est trois passes décisives que dégaine Bale. Et autant de « sorry » sortis de la bouche de Maicon. Les joues rosées par l’effort, le Gallois quitte cette fois la pelouse dans la peau du vainqueur. « Ils sont en train de passer aux tests anti-dopage, là, balance Rednkapp heureux. J’espère qu’ils vont le tester. » L’histoire ne dit pas s’ils ont réussi à l’attraper. Après sa sieste, ce jeudi 7 mars 2013, Javier Zanetti qui sait à quoi s’attendre ce soir, checke son portable. Tiens, un texto de Maicon : « Sorry. »
Par Swann Borsellino