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Le jour où… Francesco Guidolin a coaché sa première à Monaco
Débarqué suite à la démission de Didier Deschamps, et faute de meilleur candidat, Francesco Guidolin a entraîné l'AS Monaco pendant une saison. Pour sa première sur le banc, le 15 octobre 2005, l'Italien alignait Patrice Évra et Maicon pour défier le FC Metz. Une victoire plus tard, on pensait le mariage entre le Transalpin et le Rocher fait pour durer. Oui mais non.
Il en fallait une bonne paire pour succéder à Didier Deschamps sur le banc de l’AS Monaco. Septembre 2005, la Dèche arrête les frais sur le Rocher. Le discours ne passe plus. Jean Petit fait de l’intérim (3 victoires et un nul toutes compétitions confondues) en attendant de trouver un successeur à celui qui a emmené l’ASM en finale de Ligue des champions. Surtout que les dirigeants monégasques essuient une chiée de revers : Paul Le Guen – numéro 1 de la short list – Courbis, Lacombe, Irureta, Zaccheroni ou même Laurent Blanc sont sondés. Personne n’est chaud. C’est donc Francesco Guidolin, sans club à l’époque, qui hérite du bébé. Un choix que l’on présente parfois par défaut. « C’est qui, celui-là ? » aurait même lâché à haute voix un gradé du club au moment de sa nomination. Dans L’Équipe, le président Michel Pastor monte au front pour défendre son choix : « C’est un entraîneur connu et reconnu, qui a toutes les qualités requises. Il a fait ses preuves en Italie. Il a signé jusqu’en 2007, mais j’espère qu’on ira plus loin ensemble. On me demande pourquoi avoir choisi Guidolin. Mais on pouvait aussi demander à M. Campora pourquoi il avait choisi Deschamps. » Cette arrivée met d’ailleurs le feu au sein de l’UNECATEF. « C’est désolant, indiquait Pierre Repellini, le vice-président du syndicat des entraîneurs français, à l’époque. N’y a-t-il pas assez de techniciens français libres et compétents pour diriger l’ASM ? » Mais pourquoi tant d’interrogations autour du sémillant italien, amateur de cyclisme, et qui signe sur le Rocher le jour de ses 50 piges ?
Évra en dépression post-DD
Parce que le deuil de Didier Deschamps n’est pas encore fait. Patrice Évra, par exemple, ne va jamais s’en remettre. On ne le sait pas encore, mais il vit ses derniers mois sur le Rocher. La tête est ailleurs. Et puis Guidolin n’est pas (re)connu dans l’Hexagone. Gros travailleur, méticuleux, adroit quand il s’agit de varier les schémas de jeu, Guidolin n’a pourtant pas bonne presse. Entraîneur réputé dans la santiag’, on ne retient pourtant de lui que les sorties de route comme à Bergame, en 1993, où il saute après dix journées à la tête de l’Atalanta de Franck Sauzée. Ou encore à Bologne, où il reste pourtant quatre ans avec une septième place en Serie A en 2002, mais où sa gueule n’est jamais passée auprès des locaux. Un jour, alors qu’il sort Giuseppe Signori en plein match, il se fait tancer par le public local. Vexé, il lâche un « Quelle ville de merde ! » que les caméras de télévision captent sans problème. C’en est trop, et « Guido » s’arrache avant même la reprise du championnat. Sans parler de son arrivée à Gênes, avant de le voir débarquer à Monaco. Guidolin se laisse séduire par le promu Genoa à l’été 2005. Peu de temps après sa signature, le club sera relégué en Serie C1 pour une affaire de matchs truqués et, du même coup, Guidolin se retrouve au chômage. Monaco ira le chercher ainsi. Libre. Mais ce n’est pas non plus un loser qui arrive à la Turbie. Entre 1994 et 1998, Guidolin s’éclate avec Vicenza. De Serie B, il emmène l’équipe en Coupe des coupes après une victoire en Coupe d’Italie. Il se paye même le luxe d’emmerder Chelsea en demi-finale de C2 où Zola et Vialli sont obligés de sortir le grand jeu pour l’éliminer. Une réussite qu’il retrouvera également du côté de Palerme au début des années 2000. Une montée en Serie A, une qualification en C3 et surtout la convocation de cinq joueurs de Palerme par Marcello Lippi en avril 2005 avec l’équipe d’Italie : Toni, Barzagli, Grosso, Zaccardo et Barone. Un an plus tard, les cinq seront sacrés champions du monde en Allemagne.
Maicon, Évra, Adebayor, Zikos…
Choix par défaut sur le Rocher ? Vraiment ? Oui. Un peu. D’autant que la mission est grande pour une équipe qui n’a toujours pas gagné le moindre match de championnat à domicile ni même marqué le moindre but. Pour sa première, Metz est l’invité du jour. On a connu pire entrée en matière. Sur le papier, Guidolin a encore la colonne vertébrale de l’équipe qui avait dérouillé Chelsea et le Real en 2004. Certes, Morientes et Rothen ne sont plus là, mais le reste est cohérent : Zikos, Maicon, Évra, Kapo, Bernardi, Givet, Adebayor, Meriem, Sorlin, etc. Seule ombre au tableau, la grave blessure de Flavio Roma, remplacé par Guillaume Warmuz dans les buts. Globalement, l’escouade a de quoi truster le podium en Ligue 1. Alors Guidolin se met au boulot. Toute la semaine, les Monégasques s’enfilent de la tactique et des exercices sur phases arrêtées. On répète les mêmes gestes parfois vingt fois. Hasard ou pas, ce match se débloquera sur trois coups francs. Sur l’ouverture du score, Gigliotti – entré à la pause – profite d’un coup franc de Zikos pour repiquer au centre et ajuster Wimbée (61e). Le Grec s’enfile un but, d’une frappe puissante sur coup franc, quatre minutes plus tard, avant de laisser Camel Meriem clore la marque d’un coup franc travaillé (72e). Dix jours d’entraînement et voilà Monaco qui porte déjà la marque de son entraîneur. Une victoire trompe-l’œil malgré tout. Une semaine plus tard, l’ASM ira se perdre à Stavanger en Coupe UEFA (0-1) avant de sombrer à Sochaux une semaine plus tard (1-2). Le mal est profond. L’équipe de la Principauté est en fin de cycle malgré un effectif sexy sur le papier. Mais voilà, l’après Ligue des champions est dur à digérer. En janvier, Patrice Évra et Emmanuel Adebayor rejoindront la Premier League, respectivement MUFC et Arsenal. Pour combler ça, Guidolin fera appel à des Italiens. Deux internationaux : Marco Di Vaio et Christian Vieri. Deux échecs. Après une piètre saison (10e en Ligue 1), Francesco Guidolin laissera sa place à Bölöni sur le banc. Dans l’esprit, Guidolin aurait pu être une brillante idée sur le Rocher. Mais tout est une question de timing. Et l’après-Deschamps était un sacré bâton merdeux. L’histoire retiendra que son premier match fut une victoire 3-0 et David Gigliotti son premier buteur. Drôle d’histoire.
Par Mathieu Faure