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Le jour où Fabrice Fiorèse a fait taire le Vélodrome
Avant de vendre des glaces, Fabrice Fiorèse était joueur de football. Il était même plutôt bon. En novembre 2003, le PSG de Vahid Halilhodžić - alors 4e - se déplaçait sur la pelouse du Vélodrome où l'OM - 3e - attendait les Parisiens avec un duo d'attaquants Mido-Drogba. Sauf qu'au final, c'est Fiorèse qui va sortir la tête haute du stade.
« Un hold-up si vous voulez. » Avec son phrasé naturel, Vahid Halilhodžić ne fanfaronne pas trop à la fin du match. On est le 30 novembre 2003, et le PSG vient de s’imposer sur la pelouse de l’OM grâce à un but de Fabrice Fiorèse à la 90e minute, à la sortie d’une frappe de Pauleta mal repoussée par Vedran Runje. « On est noirs » , glisse Alain Perrin, le coach olympien, en fin de rencontre. Holp up ? Un peu. Beaucoup même. Le meilleur Parisien du soir ? Jérôme Alonzo qui, dans son style peu académique, a tout sorti, dont une tête de Mido qu’il envoie sur son poteau (55′).
Ce soir-là, dans un Vélodrome ouvert aux vents et qui va réduire à néant le tifo voile du Virage Sud olympien, le PSG a fait le dos rond. Oui, l’OM a mieux joué. Mieux fait courir la balle. Mieux attaqué. Mais l’OM n’a pas marqué. Paris, oui. « J’en ai marre d’entendre dire qu’on joue bien et de perdre à l’arrivée » , balance Drogba le lendemain du match dans L’Équipe. D’autant que l’OM voulait prendre sa revanche. Six mois plus tôt, Ronaldinho et ses copains étaient venus s’amuser de l’OM dans les Bouches-du-Rhône (0-3). Une soirée que les Olympiens voulaient oublier. Et vite.
Amour du maillot
Depuis, beaucoup de choses avaient changé. Ronnie avait rejoint le FC Barcelone, Luis Fernandez avait été prié d’aller danser ailleurs et Jérôme Leroy, l’autre grand monsieur du « 3-0 » , a été dégagé à Guingamp par le nouvel entraîneur Vahid Halilhodžić. Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce PSG, puisque Gabriel Heinze est toujours là, et Pauleta a ramené ses buts depuis Bordeaux. Heinze, justement. Chahuté durant l’intersaison (le gaucher voulait suivre Ronaldinho en Catalogne), le gaucher est moins dans le coup. Et il ne peut pas encadrer Vahid. Mais le Classique, c’est son truc. « C’est un match d’amour du maillot. Il ne faudra pas s’attendre à voir les techniciens. Ça sera une question d’agressivité. » Voir Heinze parler d’amour du maillot, avec le recul, c’est drôle. Sur le moment, moins. Surtout quand la défense parisienne est composée de Déhu, Pierre-Fanfan et El-Karkouri. Des poètes.
Paris met fin à son complexe d’infériorité
Le match va logiquement confirmer les propos de l’Argentin. On se donne des coups. Mais l’OM peut répondre au défi physique, surtout avec un back four Méïté, Van Buyten, Christanval, Ecker. Devant, Alain Perrin peut compter sur Mido et Didier Drogba pour perforer la défense parisienne. Mais voilà, à l’automne 2003, le PSG sait voyager. Sur les quatre derniers déplacements, les hommes de Vahid n’ont pas encaissé le moindre pion. Le match de Marseille sera le cinquième. La victoire signée Ronaldinho a libéré le PSG face à son voisin marseillais. Cette seconde victoire parisienne de suite au Vélodrome va s’inscrire dans une série de 8 victoires de suite sur l’OM toutes compétitions confondues.
C’est évident, l’OM n’y arrive plus. Sans raison objective au fond. Car, en novembre 2003, les hommes d’Alain Perrin se sont fait piéger. Alors que le 0-0 se profilait, les Parisiens lancent un contre d’école qui va au bout. Dégagement de la défense sur un énième centre marseillais. Reinaldo récupère la gonfle au milieu et lance Pauleta. Le Portugais embarque trois Marseillais et frappe du gauche. Runje repousse la balle dans les godasses blanches de Fiorèse qui n’a plus qu’à envoyer le cuir au fond. Folie d’un côté. KO de l’autre. La vengeance est ratée. Fabrice Fiorèse, qui rejoindra l’OM un an plus tard, est le héros du soir. Gagner un OM/PSG dans les dernières secondes à l’extérieur, c’est tout sauf un hasard. Pour certains, c’est même jouissif.
Par Mathieu Faure