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Le jour où Carlos Bianchi a éclaté le PSG

Par Kevin Charnay
Le jour où Carlos Bianchi a éclaté le PSG

Le 9 août 1974, le Stade de Reims explosait le Paris Saint-Germain sur le score de 6-1, grâce à un sextuplé inédit de son attaquant vedette : Carlos Bianchi, le buteur qui n'en a jamais assez.

« Il y a des jours comme ça. Des fois, vous faites un très grand match et vous ne marquez pas. D’autres fois, vous touchez dix ballons et vous marquez six buts » , explique modestement Carlos Bianchi. Jacky Planchard peut tirer la gueule. On joue la 69e minute, et le gardien du PSG époque mid-seventies va chercher le ballon dans ses filets pour la sixième fois de la rencontre. Carlos Bianchi, l’intenable attaquant du Stade de Reims, a marqué tous les buts de son équipe. Cette fois-ci, il a privilégié le lob, histoire d’humilier un peu plus sa victime du jour. Planchard risque de faire quelques cauchemars de l’Argentin, car quelques mois plus tôt, Bianchi le martyrisait déjà en Coupe de France en inscrivant trois des cinq buts du Stade de Reims. Mais cette fois-ci, El Goleador a frappé encore plus fort avec ce sextuplé, le seul et unique du championnat de France, encore aujourd’hui. D’ailleurs, ce 9 août 1974 reste la plus grosse défaite de l’histoire du PSG en Ligue 1.

Une barre de M’Pelé tournant du match

À cette époque, le Stade de Reims n’est plus le grand club qu’il a été, mais il reste une valeur sûre du championnat de France, abonné à la cinquième ou sixième place. En face, le PSG, encore tout jeune, est tout juste promu en première division. Et surtout, Carlos Bianchi, arrivé en Champagne l’année précédente, reste sur une première saison en France fantastique. Trente buts en trente-huit journées. Le début de saison s’annonce tout aussi prometteur avec un triplé contre Lyon en ouverture du championnat. Alors, ce deuxième match de la saison entre Reims et le PSG paraît promis aux Rémois. Pourtant, c’est bien Paris qui ouvre le score à la 17e minute par l’intermédiaire de François M’Pelé. Bianchi remet tout de suite les pendules à l’heure en égalisant moins de dix minutes plus tard. C’est là que le match tourne en faveur du Stade de Reims.

« Je me souviens que François a l’occasion de redonner l’avantage à Paris juste avant la mi-temps, mais il tape la barre transversale. Dans l’action qui suit, je reçois le ballon dans la profondeur et je m’en vais marquer. À peu de choses près, on aurait pu être menés, et finalement, c’est nous qui passons devant. C’est le tournant du match » , se remémore Carlos Bianchi. C’est surtout le début de la leçon. Au retour des vestiaires, le Stade de Reims accélère, et Bianchi marque un troisième but dès la 46e minute. Le PSG, entraîné par Just Fontaine, défend en ligne et joue le hors-jeu. Du pain béni pour El Goleador qui se régale à plonger dans le dos de la défense parisienne. « J’étais très rapide en contre-attaque. Sur le troisième but, je crois que c’est le troisième, je pars de très loin pour aller tromper Planchard » , raconte Bianchi.

Jamais rassasié

À ce moment-là, le match est déjà quasiment gagné, mais Reims s’est fixé un nouvel objectif : décrocher le bonus offensif. Un point de plus peut faire la différence en fin de saison. « Jusqu’à l’année précédente, il fallait marquer trois buts pour l’obtenir. Mais à partir de cette saison-là, la règle a changé. Il fallait gagner par trois buts d’écart. À 3-1, ça ne suffisait donc pas, il fallait absolument ce quatrième but pour aller chercher le point bonus » , explique Carlos Bianchi. Et ce but arrive rapidement à la 52e minute, toujours par l’intermédiaire de Carlos Bianchi. Après un quadruplé, l’Argentin aurait pu lever le pied. Mais il n’en est rien. Si son objectif principal est le collectif, il n’en reste pas moins un buteur, attaché à ses statistiques et à son rendement personnel. Un match comme celui-ci, dès le début de la saison, il faut en profiter pour planter des pions.

« J’avais le titre de meilleur buteur en tête. Je le jouais à fond. Ce classement importait beaucoup pour moi, donc je voulais marquer le plus possible » , rappelle-t-il. C’est dans cette logique que Bianchi ajoute deux unités au tableau d’affichage. L’attaquant argentin n’a qu’une obsession, et ce, depuis toujours : faire trembler les filets. « Le rôle d’un attaquant, c’est de marquer. Et quand tu marques, tu dois re-marquer au match d’après. Si tu finis meilleur buteur une année, tu dois le rester l’année d’après. C’est la seule manière d’aider ton équipe et de rester au top. C’était ma manière de penser » , explique Bianchi. Malheureusement pour lui, il ne marquera que 15 buts, à cause d’une fracture tibia-péroné lors d’un amical. Pas grave, il revient encore plus fort l’année d’après et reprend son titre de meilleur finisseur, avec 34 buts. Il remportera le trophée lors des trois saisons suivantes, dont deux fois avec… le PSG.

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