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Le jour où Bielsa a failli se couper un doigt

Par Léo Ruiz, en Argentine
Le jour où Bielsa a failli se couper un doigt

Ce dimanche, en Argentine, la ville de Rosario va s'enflammer pour son traditionnel Clásico, entre les Canailles de Central et les Lépreux de Newell's, au Gigante de Arroyito. Il y a 14 ans, ce même match avait presque coûté un doigt à Marcelo Bielsa, qui faisait ses premiers pas d'entraîneur.

Lors de sa première apparition face à la presse française, à la Commanderie, le 7 août dernier, Marcelo Bielsa a eu cette phrase, en réponse à une question sur son surnom, El Loco : « Certaines réponses que j’ai formulées pour résoudre des situations données ne correspondent pas aux habitudes des gens. » C’est vague, mais tous les chanceux qui l’ont fréquenté savent parfaitement de quoi parle le coach marseillais. Ils ont, au minimum, un exemple précis. Un cas concret. Fernando Gamboa est l’un d’eux. Défenseur précoce et surpuissant, El Negro a débuté avec Bielsa à Newell’s Old Boys, en 1990. Il avait 19 ans et formait avec Mauricio Pochettino (18 ans) la plus jeune – et la meilleure ? – défense centrale jamais vue au pays. Le dimanche 7 octobre de cette année-là aurait dû être le grand jour pour Gamboa, Bielsa et tous les Rosarinos : le Gigante de Arroyito devait accueillir le Clásico de Rosario, sans doute le plus authentique et passionné d’Argentine. Problème : une pluie incessante inondait la ville et obligeait la fédé à reporter le match au lendemain.

« Si on me promet la victoire demain, je me coupe un doigt »

En ce dimanche pluvieux, Gamboa n’arrivait pas à trouver le sommeil. C’était l’heure de la sieste au Liceo de Funes, lieu austère qu’avait choisi Bielsa comme espace de concentration pour ses joueurs, et le jeune Fernando jouait seul à Pacman dans la salle commune. Bielsa sort alors de sa chambre et s’adresse à son défenseur. « Je peux te poser une question ?
– Oui, Profe, dites-moi.- Mais tu ne m’écoutes pas ! Laisse ce jeu et regarde-moi. Qu’est-ce que tu donnerais pour gagner le Clásico demain ?
– Tout, Profe. Vous me connaissez.- Mais c’est quoi, tout ?
– Par exemple, si je dois tacler avec la tête, je le ferai. Pour moi, demain, c’est à la vie, à la mort.- Mais non ! Non ! Tu dois en vouloir beaucoup plus que ça.
– Comment ça, plus ? Je vous dis que je taclerais avec la tête. Je jouerai chaque ballon comme si c’était le dernier.- Tu ne comprends pas, je te parle d’autre chose. Pour que tu te fasses une idée, nous avons cinq doigts sur chaque main. Si on me promet la victoire demain, je me coupe un doigt.
– Quoi ? Comment pouvez-vous dire ça, Profe ?- Je sais, je viens de le dire à ma femme et elle m’a répondu la même chose. Mais peu importe, c’est comme ça. Tu ne comprends pas de quoi il s’agit. S’il le fallait, je me couperais un doigt pour battre Central. Voilà.
 »

« Je n’ai pas osé regardé sa main droite »

Même jour, quelques heures plus tard. Rafael, le grand frère de Marcelo, se pointe au Liceo de Funes pour prendre la température. « Je suis arrivé et j’ai demandé dans quelle chambre était Marcelo. J’entre, il était allongé dans son lit. Sans même me regarder, il me dit : « Tu te rappelles du Negro Cali ? Celui qui est parti vivre au Nouveau Mexique, aux États-Unis, et qui se coupait un doigt tous les deux ou trois ans pour continuer à toucher l’assurance travail ? Bon, j’ai envie de faire une promesse : si on en met cinq à Central demain, je me coupe ce doigt. » Et il me montra l’index de sa main droite. J’ai vu tant de férocité dans ses yeux, tant de solitude, tant de détermination. Après la victoire 4-3, je ne l’ai vu que le samedi suivant. Je n’ai pas osé regardé sa main droite. On ne leur en avait pas mis cinq, alors j’ai respiré un grand coup et j’ai baissé le regard : sa main était complète. » Ce lundi 8 octobre, Rosario Central est leader du championnat. Newell’s l’a écrasé, puis n’a plus perdu un seul match de ce Tournoi d’ouverture 1990, que les Lépreux remporteront à la dernière journée. L’entraîneur Marcelo Bielsa était né. Le mythe, le personnage, souvent incompréhensible pour les « gens habituels » , aussi.

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