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Le jour où Ariel Ortega a fait fantasmer Valence

Par Thomas Goubin et Marcelo Assaf
4 minutes
Le jour où Ariel Ortega a fait fantasmer Valence

Le 26 février 1997, le FC Valence réussit un gros coup en engageant Ariel Ortega, le numéro 10 de l'Argentine, pour 12 millions de dollars. Jamais un joueur évoluant en Argentine n'avait coûté aussi cher. Une valeur que le génial Ortega portera comme un fardeau. 


Un transfert charrie toujours son lot de fantasmes, d’espoirs et d’attentes parfois démesurées, mais cette dimension spéculative était d’une tout autre ampleur quand le renfort ne venait pas précédé d’une foule d’images et de statistiques. Ariel Ortega a appartenu à cette époque où le football commençait à se globaliser, mais n’était pas encore uniformisé. Il l’avouait d’ailleurs, sans complexe, le jour où son transfert à Valence était bouclé : il ne connaissait pas vraiment le football européen, ne le regardait pas, mais voulait y triompher comme tant de ses compatriotes avant lui. De lui, l’Europe savait simplement qu’il portait déjà le numéro 10 de l’Argentine, qu’il était le premier successeur de Maradona, pour qui il avait même fait office de doublure lors du Mondial 1994, et qu’il brillait à River Plate. Ortega avait le profil de ces merveilles façonnées en Argentine, sélectionnés naturellement pour leur habileté sur les terrains vagues, avant d’être lancées sur les pelouses couvertes de papelitos, et d’y être adoré par des tribunes à la ferveur religieuse.

De Francescoli à Valdano

Ariel Ortega a grandi dans la province de Jujuy, tout proche de la Bolivie, très loin de Buenos Aires,
 au pied d’un Altiplano qui tanne des peaux résistantes comme le cuir. Être le plus gros transfert de l’histoire du foot argentin ne l’intéresse pas vraiment. Mais c’est un poids avec lequel il devra vivre. Car on lui rappellera toujours ce qu’il vaut, ou plutôt ce que l’on a investi sur lui, et sur les devoirs qui accompagnent le soudain gonflement de son compte en banque. Pour Ortega, son transfert à Valence signe un peu la fin de l’innocence. Certes, River Plate n’est pas un club de quartier, mais depuis ses 18 ans, âge de ses débuts chez les Millonarios, El Burrito (le petit âne) a franchi chaque étape de sa carrière avec une facilité insolente. Titulaire et champion d’Argentine dès 1994, il remporte deux ans plus tard la Copa Libertadores, avec Enzo Francescoli, Marcelo Gallardo, Hernán Crespo, Matías Almeyda et consorts. Pour l’Argentine, il est un titulaire déjà indiscutable en sélection, un trésor national. Ses crochets courts rapportent beaucoup, ne coûtent pas encore.

À Valence, Ariel Ortega débarque dans un contexte, en théorie, propice à l’expression de son talent. C’est Jorge Valdano qui l’a voulu. Valdano est entraîneur, mais aussi esthète et écrivain. Il est, comme à peu près toute l’Argentine, amoureux d’El Burrito. Il n’est pas du genre à vouloir domestiquer l’artiste, à vouloir formater ce joueur un brin anarchique. Il préfère miser sur son irrévérence pour que le souffle de sa chevelure hirsute fasse vaciller les édifices trop bien ordonnés de la Liga. C’est son pari. Qui pourrait rapporter gros à un club et un entraîneur qui se trouve à la traîne dans ses ambitions de qualification européenne. Les débuts d’Ortega, l’homme qui vaut 12 millions de dollars, sont d’ailleurs idylliques. Dix jours après avoir signé son contrat, il inscrit un doublé, à Mestalla, face au FC Séville, lors de la victoire des siens (4-2). Les tribunes sont conquises, l’Espagne se réjouit de compter sur une nouvelle merveille argentine, et le club du Levant croit à un redressement.

Mais El Burrito va rapidement déchanter. Valence ne peut mieux faire que de terminer l’exercice à un médiocre dixième rang, et Valdano, son protecteur, est viré. Claudio Ranieri débarque, qui fera vivre à Valence des années fastes, mais sans Ortega, dont il goûte assez peu les fantaisies, comme son peu d’égards pour le respect des consignes. C’est le premier coup d’arrêt pour le génie argentin. Ortega va alors commencer à trimbaler son spleen en Italie (Sampdoria et Parme), avant de revenir en Argentine, où sa cote n’a absolument pas baissé. El Burrito va à nouveau briller avec River Plate (2000-2002), et avec l’Albiceleste. Pour Marcelo Bielsa, il est un indiscutable de sa sélection qui va marcher sur l’Amérique du Sud lors de la campagne éliminatoire pour le Mondial asiatique. Plus vraiment maître de son destin tant son talent peut rapporter, Ortega retournera toutefois en Europe, à Fenerbahçe. Un nouvel échec. Pour être revenu à l’improviste dans sa chère Argentine, sans autre motif que celui de ne plus supporter l’exil, il écopera, en 2003, d’une suspension de six mois assortie d’une amende de près de dix millions d’euros. Jamais El Burrito ne remettra les pieds en Europe. Quand son transfert à Valence venait d’être officialisé, Ortega avait déclaré ceci : « Je ressens beaucoup d’émotions, de la joie, mais aussi de la tristesse. En fait, je me sens bizarre… »

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