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Le jour d’y croire est arrivé

Par Mathieu Rollinger
3 minutes
Le jour d’y croire est arrivé

La France va connaître en ce 12 juillet 1998 la première finale de Coupe du monde de son histoire. Cela se passera au Stade de France, où Didier Deschamps et ses coéquipiers entendent bien faire tomber un Brésil qui ne sait pas encore s'il pourra compter sur son prometteur attaquant Ronaldo.

Six matchs et un rêve. Après avoir gravi marche après marche chaque tour de ce Mondial, la France avance vers un destin qu’elle pouvait à peine imaginer il y a quelques semaines de cela. Et avant de défier le Brésil, pays roi du foot, c’est comme s’il fallait se pincer pour y croire vraiment. On est en finale, putain ! Et pour en arriver là, ce groupe de 22 joueurs aura dû supporter le poids de tout un pays sur ses épaules, faire pencher la balance de son côté, trouver une osmose lorsqu’il était plongé dans des émotions extrêmes et des situations périlleuses, croire au discours d’un coach qui n’a pas toujours fait consensus. Pourtant, aujourd’hui, le pays veut accrocher une étoile sur son maillot.

La fin de la lose à la française ?

Jusqu’ici, le parcours français ressemble à tout sauf à un voyage en première classe en TGV sur un Paris-Lyon. Chacun a dû surmonter ses propres défis, faire ses preuves ou assumer ses échecs. Christophe Dugarry a cherché à fermer des bouches, Zinédine Zidane s’est essuyé les crampons avant de sortir pour deux matchs, Stéphane Guivarc’h a tenté, les coiffeurs ont affûté leur peigne face au Danemark, le Président Laurent Blanc a gouverné par ordonnance pour passer contre le Paraguay à la faveur du but en or, Fabien Barthez a essuyé ses baisers sur le crâne pour voir la frappe de Baggio flirter avec son poteau ou celle de Di Biagio fracasser les derniers espoirs italiens sur sa barre et Lilian Thuram a même marqué un doublé…

Qu’en retenir ? Chaque difficulté a été enjambée par les coéquipiers de Didier Deschamps sans véritable encombre. La chance ? Non, il faut attendre de connaître la couleur de la médaille avant d’avancer quelconque théorie. Avec une ferveur de plus en plus enivrante, tout porte à croire que l’heure bleue a enfin sonné et que cette finale face à un Brésil dont on peine à jauger la dangerosité (excepté leur arme fatale Ronaldo) est promise aux garçons d’Aimé Jacquet. Mais ce serait balayer d’un revers de la main un siècle d’histoire sportive. Celles où le Français reste le plus beau des perdants : du panache de Raymond Poulidor au french flair du XV de France, en passant par la nuit de Séville. Une audace toujours écrasée par le froid réalisme venu d’ailleurs. Seul réel motif d’espoir, cette trace laissée par les glorieux aînés de 1984, quand Michel Platini et les siens empochaient un Euro à la maison, et qui indiquent aujourd’hui le chemin à suivre.

Ce 12 juillet 1998 peut devenir d’un claquement de doigts, d’une frappe du pointu ou d’un coup de crâne cette date qui ouvrira une nouvelle ère, un nouveau millénaire. Celui où la France pourra afficher fièrement ses ambitions et peser sur la scène sportive internationale. Celle où ses athlètes pourront marquer des décennies au seul souvenir d’un geste, d’une communion, d’une euphorie. La France ce matin est belle parce qu’elle croit en elle, parce qu’elle oublie ses différends et ses complexes, et parce qu’elle s’ouvre des perspectives nouvelles. Didier, Marcel, Bixente, Fabien, Christian, Lilian, Franck, Emmanuel, Youri, Stéphane, Zinédine, à vous de pousser les portes du succès.

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