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Le jour de gloire de Gourcuff en Bleu
À l'automne 2008, l'équipe de France commence les éliminatoires du Mondial 2010 au plus mal. Un jeune joueur va endosser le costume du héros : Yoann Gourcuff.
Dans la cabine de TF1, Jean-Michel Larqué joue les oracles : « Attention au défenseur central – très, très, très bon… Goian et son numéro 15, met en garde le commentateur. Il est bon et en plus, il saute au bon moment… » Bingo ! Sur le corner qui, le Roumain Goian se défait sans peine de la défense tricolore pour placer un coup de tête vigoureux et tromper Steve Mandanda. Dix minutes auparavant, c’est Patrice Évra qui se trouait au marquage de Florentin Petre. 17 minutes de jeu à Constanza, Raymond Domenech ravale sa salive : Roumanie 2, France 0. À peine débutée, ce 11 octobre 2008, la soirée de l’équipe de France prend déjà des allures de calvaire. Une fois encore.
« Une défaite de plus et… »
« Ce match, il ne fallait surtout pas le perdre » , remet Jean-Alain Boumsong. Appelé de dernière minute (pour suppléer William Gallas, blessé), le joueur lyonnais fait la paire avec Éric Abidal en défense centrale.
C’est lui qui se fait enfumer par Goian – et l’écran d’un complice – sur le deuxième but roumain. Autant dire qu’il se fera défoncer par la presse dans les critiques d’après-match. « J’ai le sentiment d’avoir payé pour les choix du sélectionneur » , regrette celui qui analysera l’Euro 2016 pour beIN Sports. « À ce moment-là, Raymond Domenech était dans une position délicate » , explique t-il. Un mois auparavant, les Bleus commencent les éliminatoires du Mondial 2010 par une lourde défaite en Autriche (3-1) avant de battre la Serbie (2-1), sous les « Domenech, démission » du Stade de France – à moitié déserté. « Une défaite de plus et… » la sentence du conseil fédéral auquel Ray’ était convié quelques jours plus tard ne faisait plus de doute.
Dans ce contexte tendu, une lueur venue de Bordeaux. Prometteur face à la Serbie, Yoann Gourcuff, 22 ans, débute seulement pour la deuxième fois dans le XI de l’équipe de France. Avant la mi-temps, la nouvelle pépite des Girondins délivre une passe décisive à Franck Ribéry : 2-1, un score qui sonne comme un sursis pour la bande à Domenech. La deuxième période est décousue. Jusqu’à la délivrance. À la 69e minute, à 35 mètres des bois roumains, Gourcuff prend tout le monde de court : sa frappe soudaine fait mouche sous la barre transversale. Cette fois, Jean-Michel Larqué peut s’égosiller de joie. Et celle là, pour le coup, il ne l’avait pas vue venir.
Gourcuff – Ribéry, l’époque du duo gagnant
Ce but, c’est « un vrai soulagement » , souffle Jean-Alain Boumsong comme en atteste sur le coup la joie du contingent tricolore, venu congratulé son héros comme un seul homme.
2-2, plus qu’un match nul, Raymond Domenech tient ici son salut pour la suite de la campagne qualificative pour l’Afrique du Sud. Gourcuff pour Ribéry, Ribéry pour Gourcuff, où la recette du sursaut des Bleus. Bien loin du décalage (désamour ?) entre les deux meneurs de jeu à la Coupe du monde 2010, quelques mois plus tard. « À cette époque, il n’y avait pas de mauvaises relations – du moins apparentes – entre eux » , relate Boumsong.
La suite, c’est Gourcuff qui flambe avec les Girondins. D’autres chefs-d’œuvre (son but contre Toulouse, face au PSG, ses coups francs…). Un titre de champion de France avec le trophée de meilleur joueur du championnat. Et bien sûr, la Une de L’Équipe avec Zidane en arrière-plan : « Le successeur » – on y croyait. Puis Knysna, les blessures, l’échec lyonnais. Et pourtant, ce 11 octobre 2008, en Roumanie, tout avait si bien commencé…
Par Florian Lefèvre