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Le Jeu de Pirlo

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Le Jeu de Pirlo

Massimo Moratti, qui l’avait fait venir à l’Inter en 1998 à 19 ans, décrivait parfaitement l’impression dégagée par le match de Pirlo contre l’Allemagne : « On dirait un trentenaire qui joue avec des gamins de 16 ans. » Pour être clair, dans dix ans, on ne parlera pas du 4-3-1-2 de Prandelli, mais bien du génial « 4-PIRLO-2-1-2 ». Alors que l’on se met à parler de Ballon d’Or, la hype Pirlo est à son comble en ce mois de juin 2012. Une hype exagérée ? À la place de parler de son élégance et de sa dégaine uniques, décortiquons plutôt son jeu.

Où, quand et comment ? Depuis les quarts, oublié le 3-5-2 (ou 5-3-2), revoilà le losange. Le diamant. Le rombo, ce système adoré par toute la Botte, permettant de jouer avec un trequartista et d’apporter une densité axiale sans équivalent. Montolivo en artiste, De Rossi et Marchisio en gladiators, Pirlo en architecte. Un diamant impénétrable, mais en théorie peu créatif. Sauf quand Pirlo est la base du schéma. À lui seul, Pirlo crée et varie. Impossible de créer du jeu à partir des pieds d’un seul homme, peut-on penser. Et pourtant… Dans cette position reculée où il joue au niveau de ses défenseurs centraux, on peut relever quatre variations principales. Première option : tenter une passe verticale pour les créateurs Cassano et Montolivo pour sauter le milieu adverse. La seconde est de faire bouger les ailes. Pirlo choisit un côté, fait bouger le bloc adverse et construit patiemment. Le volume de jeu de Marchisio et De Rossi permet aux latéraux de s’offrir toutes les montées du monde, tant que l’un des deux reste toujours derrière, rigueur transalpine oblige. Troisième option : Pirlo pénètre dans l’axe à l’aide de passes courtes, ou même en allant provoquer le un-contre-un. Box to box. Face à l’Allemagne, ses roulettes, doubles contacts et petits ponts étaient dignes de la finition de la Bugatti Type 13 Brescia. Enfin, Pirlo peut jouer dans la profondeur. Bim, le quarterback envoie une passe de 60 yards pour un Balotelli aux airs de Terrell Owens. Ces quatre options peuvent paraître basiques, mais combien de joueurs peuvent compter sur un tel attirail de jeu court, mi-long et très long, tout en ayant ce sens de la conservation de balle ? En face, l’adversaire peut alors espérer qu’il lâche le ballon afin de presser ses coéquipiers, ou alors effectuer un pressing intense. Et c’est là que Pirlo est magnifique en 2012. Sa capacité de conservation de balle semble réinventée et il semble aussi probable de réussir à aller chercher le ballon dans ses pieds que de voir Mozart faire une fausse note. Quand Hodgson se met à exiger du pressing en quarts, Welbeck semble avoir envie de demander le changement après quelques minutes. Face à l’Espagne en poule, les trois défenseurs du 3-5-2 lui donnaient assez d’options de relance pour ne pas se faire étouffer par la Roja. Courir, et faire courir
En Italie, Pirlo est appelé Trilli Campanellino, la Fée Clochette. Celle dont la poudre fait voler Peter Pan et ses potes. Et pour le coup, le surnom n’est pas débile : les Azzurri sont les joueurs ayant le plus couru durant la compétition. Courir, tout le monde sait le faire. Mais vers où ? Et quand ? Pour les Azzurri, c’est quand et où Pirlo le dit. Le bresciano aime éviter les passes « statiques » . S’il veut la donner à son ailier, il la donne toujours trois mètres plus loin, et l’Italie gagne du terrain et de la vitesse. En moyenne, Andrea court lui-même 12,3km par match. Pirlo, un joueur à l’ancienne, finalement ? Cette faculté à créer du mouvement ou, plus précisément, à accélérer le mouvement, Conte et Prandelli en ont fait leur atout principal, quand Allegri s’en est débarrassé. Et si, jeudi, l’Allemagne semblait être une lourde bâtisse forçant sur son rez-de-chaussée Schweinsteiger, l’Italie avait les airs d’une jolie villa toscane avec un Pirlo à chaque étage, attaquant sur les ailes, dans l’axe, dans le dos de la défense, avec la possession et en contre-attaque. Dans Marca, Arrigo Sacchi expliquait avant les demi-finales que le problème du jeu espagnol est l’accumulation de « joueurs de ballon » comme Iniesta, Xavi ou Silva, qui ne peuvent briller qu’avec la balle aux pieds, tandis que seuls Pedro et Jordi Alba utilisent les espaces. Au contraire, Balotelli, Cassano, Nocerino, Marchisio cherchent tous les longues diagonales de Pirlo. Sans vouloir exagérer, avec le dynamisme créé par Pirlo en 6, les Pays-Bas et la France (les deux meilleures équipes ayant manqué de construction à la relance) auraient pu parfaitement jouer la finale de demain. Le défi d’une vie Un seul homme pour renverser l’Histoire.
Depuis 2008, l’Espagne a tellement révolutionné le football qu’elle en a vexé ses voisins, l’Italie et ses quatre étoiles en premier lieu. Demetrio Albertini, vice-président de la Federcalcio, mène la charge dans El Pais : « Vous pensez vraiment que nous avons gagné quatre Coupes du monde seulement grâce à la chance ? En Espagne, vous pensez que le football vous appartient. » Ainsi, pour renverser l’Histoire, le défi de l’Italie n’est pas seulement de battre l’Espagne, mais de la battre sur son propre terrain, dans le jeu. Car, si la Roja est devenue une sorte de Schumacher irritant durant cet Euro, elle reste la seconde équipe ayant tiré le plus de fois au but et celle qui joue le plus dans le camp adverse.

Prandelli veut prendre l’initiative et a montré face à l’Allemagne qu’il en avait dans le ventre. Et puis, de toute façon, on ne peut pas concevoir un Pirlo refusant le jeu. Hier, la Gazzetta parlait de « l’Architetto » en ces termes : « Immense. Peut-être bien que Platini a raison et que la route pour le Ballon d’Or est encore longue. Mais s’il trouve un type sur la terre qui joue mieux que le Pirlo de Varsovie, qu’il nous le fasse savoir. » Justement, la finale, c’est dimanche, le jour où les Italiens et les Espagnols ont l’habitude d’aller chercher des réponses. À l’église, comme au stade. Ce soir, le seul Pirlo aura le défi de créer plus que l’entière armada espagnole et son statut de créatrice absolue, une tâche certainement insurmontable pour un seul homme. Mais si un joueur en est capable, ça ne peut être que lui, Saint-Andrea de Brescia. Par Markus Kaufmann
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